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Trouble is my Business (T1)
Jiro Taniguchi et Natsuo sekikawa
Kana

Jotaro Fukamachi est détective privé, et dans ce Tokyo des années 70, difficile de vivre de ce métier sans se salir les mains. C’est ce même métier qui coûta son mariage à Jotaro. Sa femme choisit de partir avec leur fille pour la protéger, mais avec l’espoir que l’homme qu’elle aime toujours reviendra sur ce choix de vie indigne. Bon d’accord, Jotaro travaille de temps en temps pour un chef de clan yakusa, et alors ? Tant qu’on ne lui demande pas de tuer quelqu’un, il accepte tous les boulots. De toute façon, ses méthodes ne sont pas non plus très orthodoxes. Et s’il a pris le surnom de Shark, ce n’est pas un hasard : quand Jotaro se bat, sa mâchoire est une arme comme les autres. On fait avec les moyens du bord, c’est avec cette façon de penser que Jotaro a installé son bureau chez sa logeuse, une dentiste ronchonne mais qui le laisse tout de même profiter de sa salle de travail.



Kurosaki est ce qu’on appelle un boss de la mafia locale mais l’argent n’a pas d’odeur, n’est-ce pas ? Alors quand il lui demande de retrouver sa soeur, portée disparue, pour Jotaro, c’est une enquête comme une autre... sauf que son seul indice est un film porno dont l’actrice principale est la dite demoiselle. L’affaire s’annonce plutôt lugubre et la retrouver n’arrangera rien, en fait. Heureusement, d’autres affaires sont plus heureuses, comme cette vieille dame qui lui demande de jouer les gardes du corps. A première vue, elle n’a rien d’extraordinaire, seulement quand vous apprenez que, dans sa jeunesse, la vieille fut l’amante du célèbre Pablo Picasso et qu’une rumeur raconte que le peintre aurait laissé une de ses oeuvre ici, au Japon, pas étonnant que les petites frappes du coin cherchent à récupérer la toile... Seulement, Picasso était un vrai fou de peinture, et il peignait sur tout et n’importe quoi...

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Jiro Taniguchi est un artiste de tous les talents et pourvu de nombreux styles. Ce mangaka est né en 1947, comme son personnage de « Trouble is my Business ». Il va découvrir la BD franco-belge en 1974 et sera fortement influencé par ce style, alors sous l’emprise de la ligne claire. Il va surtout faire une rencontre crucial pour la suite de sa carrière : celle de notre regretté Moebius, avec qui il travailla sur « Icare ».

« Trouble is my Business » se ressent de ce style européen, mais aussi des romans noirs américains. Il n’est pas très difficile de trouver l’influence de Dashiell Hammett. Pour ce manga, Jiro Taniguchi s’associe avec Natsuo Sekikawa qui le suivra sur de nombreux titres. « Trouble is my Business » fut publié de 1979 à 1994. La série se déroule dans les années 70-80, au moment du boom économique du Japon. Nous y suivons Jotaro Fukamachi, le loser par excellence. Ce n’est pourtant pas un mauvais détective et il parviendra à résoudre toutes les affaires qui lui seront confiés. Mais celles-ci l’entraînent dans le côté obscur de Tokyo, au cœur des nuits torrides où la drogue et le sexe font recette. Et les affaires de ce premier tome sont plutôt variées : de la sœur du mafieux tournant un porno, à un vieil homme souhaitant savoir ce qu’est devenue sa famille, en passant par un beau -père utilisant sa belle-fille comme rançon pour rembourser ses dettes de jeu.

L’ambiance créé par Jiro Taniguchi nous fait véritablement penser aux romans noirs américains, avec un personnage vraiment atypique soutenu par un dessin hyper réaliste à l’occidental. Les personnages ont de vraies gueules, les décors très détaillés permettent une excellente immersion dans la noirceur tokyoïte. Un bon vieux polar pour les amoureux de Philip Marlowe, mais version gentil loser, qui tente maladroitement de retrouver sa fille et sa femme. Ce fil rouge rend le personnage d’autant plus humain qu’il est foncièrement impacté par les affaires qu’il doit résoudre, au point de finir par réfléchir à tout abandonner pour récupérer sa famille. Un premier tome, sombre, mais aussi plein d’espoir pour ce détective. Une vision souvent pessimiste de Tokyo, mais qui trouve toujours une raison de retrouver le sourire.

Loin du « Sommet des Dieux », « Trouble is my Business » n’en demeure pas moins une oeuvre majeure de Jiro Taniguchi. Pour les amateurs de vrais polars.


Trouble is my Business (T1)
- Auteur : Jiro Taniguchi, Natsuo Sekikawa
- Traduction : Ilan Nguyen
- Éditeur : Kana
- Collection : MadeIn
- Dépôt légal : 15 février 2013
- Format : 163 x 232 mm
- Pagination : 312 pages
- Numéro ISBN : 9782505016991
- Prix public : 18 €


© Edition Kana- Tous droits réservés



Frédéric Leray
29 juin 2013




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