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Lignée (La) (T4) Diane et David 1994
Damien Marie et Frédéric Blier
Grand Angle

Depuis vingt ans, Antonio purge sa peine dans une prison colombienne. Toutefois, à aucun moment le français n’a dénoncé son patron, un caïd de la drogue locale. Vingt ans pour réflechir sur l’événement qui l’a amené derrière les barreaux. Car avant de travailler pour un cartel en Colombie, il s’appelait Antonin Brossard et devait mourir à l’age de 33 ans comme tous les aînés de sa famille. Seulement, la blessure qu’il subit lors d’une bataille de la guerre civile espagnole ne s’avéra pas mortelle. Ayant hérité d’une seconde chance, Antonin choisit de fuir pour la Colombie. Mais en rencontrant par hasard son petit-fils, totalement obsédé par cette malédiction, Antonin comprit qu’il était temps pour lui de rompre la chaîne maudite en repartant pour la France où vivent ses deux descendants : Diane et David.



Diane et David sont jumeaux. David, depuis qu’il connait la malédiction supportée par sa famille, s’appprête à mourir l’année de ses 33 ans afin de sauver sa petite soeur. En fait, impossible de savoir lequel des deux fut le premier conçu mais avec l’épée de Damoclès au-dessus de la tête de l’aîné, le jeune homme préfère défier le destin afin d’attirer le malheur sur sa propre tête. Et son incessant vagabondage l’amène, en cette année 1994, au Rwanda. Diane aurait préféré voir son frère à ses côtés afin de lui annoncer la bonne nouvelle : elle est enceinte. Mais David est parti jouer les sauveurs de l’humanité. Dans l’avion l’emmenant en Afrique, il rencontre une jeune Tutsi travaillant dans un orphelinat. Tombé sous le charme, il va découvrir le conflit ethnique larvant dans ce pays bouillonnant comme une cocotte minute. Et malheureusement, la révolte des Hutu éclate.

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Voici donc le quatrième et dernier tome de la série « La Lignée ». Nous allons de nouveau faire un bon dans le temps, quittant les psychédéliques années 70 pour les années 90. revenant à un scénario proche de celui du tome 1 de Laurent Galandon, Damien Marie va entraîner son héros dans un conflit devenu tristement connu : le génocide rwandais. Son héros ? Plutôt la moitié de ses héros puisque cette fois, ce sont des jumeaux qui deviennent les proies de la mystérieuse malédiction. Ce rapprochement avec le tome 1 est loin d’être anecdotique puisque l’on découvre qu’Antonin, le héros de ce premier volume, est bel et bien vivant. Le lecteur comprend alors que la malédiction n’est en fait q’une énorme superstition transmise de génération en génération et ce ne serait alors que le hasard qui aurait terrassé les descendants d’Antonin.

Cette base de fin série lancée, on comprend un peu mieux la place très modeste qu’avait la dite malédiction dans les tomes précédents. Mais alors où va donc nous emmener Damien Marie ? En Afrique, tout simplement, ou plus exactement le scénariste zappe allègrement entre la France où la jeune Diane rencontre son arrière-grand-père encore bien en forme et l’Afrique où David est engagé malgré lui dans le génocide rwandais. Damien Marie tente alors de nous exposer les origines de ce conflit et nous en décrire de possibles épisodes impliquant son héros. Seulement, 48 pages auraient déjà été un peu court pour donner de l’épaisseur aux personnages, mais devoir en plus quasiment diviser les planches par deux revient à nous donner un abstract du conflit.

L’histoire en parait alors un peu bâclée, les événements se succédant sans grandes transitions, pour ne pas dire en cumulant des incohérences temporelles. La scène du sauvetage en devient risible, ressemblant à un « Rambo » ou encore un de ces nanars avec Chuck Norris. Le charme des tomes précédents s’est totalement égaré dans une fin totalement tirée par les cheveux. A tel point que Damien Marie va totalement éluder le sauvetage final de l’orphelinat pour passer directement au repos bien mérité des guerriers.

Que retient-on alors de la malédiction ? Juste un gros hasard, une feinte scénaristique pour, certes, nous ramener à des périodes historiques marquées, mais de façon très hétérogènes car difficile de comparer l’héroïsme d’un Antonin ou d’un David avec la mort ridicule d’un Maxime.

Graphiquement, Frédéric Blier est dans la droite ligne des tomes précédents. Mettre en images la férocité des massacres rwandais n’était pas évident mais le dessinateur est parvenu à trouver un compromis des plus acceptables pour ne tomber ni dans le gore, ni dans le trop soft. De ce côté, la série « La Lignée » aura eu le mérite de préserver un bon niveau graphique malgré quatre dessinateurs différents. Garder la même coloriste pour les quatre tomes a certainement aidé à conserver une forme de cohérence entre les quatre styles de dessins, somme toute équivalents. On aime toujours autant découvrir ces planches, même si cette fois, l’histoire permet moins d’immersion que dans les tomes précédents.

« La Lignée » aurait tout aussi bien pu trouver sa place sans cette malédiction factice, qui n’aura finalement eu d’impact que dans le troisième tome. Une bonne façon de découvrir certaines périodes de notre histoire, mais qui a perdu au fil des tomes son vrai fil rouge.


(T4) Diane et David 1994
- Série : La Lignée
- Scénario : Damien Marie
- Dessin : Frédéric Blier
- Couleurs : Scarlett Smulkowski
- Éditeur : Grand Angle
- Dépôt légal : 24 avril 2013
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-81892-134-0
- Prix public : 13,90 €


A lire sur la Yozone :
La Lignée (T1) Antonin 1937
La Lignée (T2) Marius 1954
La Lignée (T3) Maxime 1974


LA LIGNÉE © Grand Angle pour Bamboo Édition 2012 - Olivier BERLION, Jérôme FELIX, Laurent GALANDON, Damien MARIE , Xavier DELAPORTE



Frédéric Leray
14 juin 2013




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