Décidément, la rancœur que pouvait garder en lui Henri va soudain exploser au grand jour, alors que Cesare entamait avec le français une parodie de corrida. Et les insultes vont faire mouche car oser insulter le peuple espagnol en lui reprochant sa soumission aux païens musulmans tout autant que leur alliance avec les juifs, c’est plus que ne peut en entendre le jeune Borgia, surtout que son fidèle ami Miguel est juif. Il est temps de donner une bonne leçon à ce gros bœuf de français. En commençant par une petite leçon de culture hispanique, suivi d’une longue leçon d’histoire et enfin une explication sur sa propre théorie de l’adaptation des civilisations. Pour le public, ce n’est qu’une humiliation de ce présomptueux, mais pour un curieux dominicain, ce n’est que la confirmation que Cesare Borgia possède un don dont peu de noble peuvent n’enorgueillir.

Notre cours d’histoire sur l’Italie de la Renaissance se poursuit avec ce tome 3 de « Cesare ». Un cours pour le plaisir car la série associe avec intelligence l’action du shonen avec la philosophie et des faits historiques que seul peut se permettre le seinen. Et ce début de tome est l’exemple même de l’impressionnant travail réalisé par les deux auteurs. Cette première partie sera dédiée à l’affrontement aussi bien physique que philosophique entre Cesare et Henri. Et il faut l’avouer, nous autres français ne sommes pas vraiment à l’honneur. Ce sera aussi l’occasion de voir transparaître à travers les différents cercles d’étudiants les rivalités entre les nations. Comme le dit justement Borgia, l’université n’est qu’un modèle réduit de la réalité politique européenne.
Et ce qui peut paraître assez terrifiant est le peu d’évolution de certains esprits étroits depuis cette époque : la peur des juifs et du monde musulman, une vision archaïque du catholicisme et derrière, des visionnaires luttant pour démontrer l’absurdité de nombreux raisonnements. Cesare Borgia est présenté comme un de ces visionnaires et il n’est donc pas étonnant qu’il ait alors attiré l’attention d’une certain Niccolo Machiavel. Comme nous vous l’expliquions dans des articles précédents, Cesare Borgia a servi d’inspiration au célèbre auteur pour écrire son non moins célèbre « Le Prince », qui permit de rentrer dans le vocabulaire courant l’adjectif « machiavélique ». L’entrée en scène de ce personnage dans ce tome est donc un événement majeur, amené avec finesse car le tout étant sous couvert des divers complots fomentés avec la mort imminente du pape.
La dernière partie permettra à Angelo de se distinguer à nouveau, mais surtout de commencer à nous présenter un autre univers : celui des artisans bâtisseurs. Un monde plus humain mais aux règles tout aussi compliquées que celles de la noblesse. Une fausse pause car Angelo entre alors sans trop le vouloir dans cet univers de trahisons et de faux-semblants en devenant un espion de Cesare.
La série de Fuyumi Soryo et Motoaki Hara est réellement un précieux bijou, une oeuvre à posséder impérativement.
Cesare (T3)
Auteur : Fuyumi Soryo
Supervision : Motoaki Hara
Traducteur : Sébastien Ludmann
Éditeur français :Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 236 pages
Date de parution : 7 mai 2013
Numéro ISBN : 978-2-35592-527-6
Prix : 7,90 €
A lire sur la Yozone :
Cesare (T1 et 2)
CESARE © Fuyumi Soryo / Kodansha Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés