Découvrir le nom d’Orson Scott Card au sommaire appartient au rang des bonnes surprises. Cela faisait longtemps que je n’avais plus vu un de ses textes dans une revue.
“Le tricheur” met en scène Han Tzu, un petit garçon brillant, désireux d’apprendre et de faire plaisir à son père. Ce dernier veut mettre tous les atouts de son côté pour qu’il réussisse et que sa famille retrouve la place qu’elle mérite, mais Han Tzu a sa fierté...
L’intérêt de la nouvelle tient justement dans les échanges entre l’enfant et les adultes. Chacun a du mal à comprendre les motivations de l’autre et, finalement, du haut de son jeune âge, c’est lui qui donne une leçon de morale aux adultes.
Yann Quero nous embarque pour le Japon. “Le bandeau vert de monsieur Hayashi” sonne le début de la révolte. Un geste anodin transforme le bonhomme et la société. Ailleurs qu’au Japon, l’idée de départ n’aurait pas fonctionné, mais dans ce contexte, elle tourne à plein régime. Amusant et dépaysant.
Incursion en fantasy avec “Utuk” d’Alain Ducharme. Les habitants de la cité d’Utuk ne connaissent pas de repos, car les morts restent ancrés entre les murs de la ville, les hantant sans cesse. Et s’il existait un moyen pour s’en débarrasser ?
En une quinzaine de pages, l’auteur fait preuve d’une belle imagination et il parvient sans peine à nous intéresser jusqu’au bout à cette quête dans le désert.
Perdre la mémoire, oublier des pans entiers de son passé, souffrir de la maladie d’Alzheimer a de quoi nous effrayer. Pierre Gévart imagine un programme de “Reconstitution” : injection de neurones, aide personnalisée pour combler les trous du passé.
La solution qu’il donne permettrait à bon nombre de sans emploi d’en trouver un, car une personne s’occupe, semble-t-il à part entière, d’un patient. Elle voyage tous frais payés pour assembler les éléments du puzzle... Bref, cela n’apparaît pas du tout plausible, le coût étant astronomique pour la société, et tient plus du doux rêve que d’une réelle anticipation.
Le moins bon texte de la sélection.
Olivier Ménard nous livre“ Hoveur drave”, une nouvelle où ça saigne, cogne, jure, picole à tour de bras. Il faut dire que le cours de la rivière Ottouë n’est pas pour les mauviettes, il en faut pour tenir le coup et survivre aux attaques des Anglaus.
Déroulement à 100 à l’heure, langage du cru qui rajoute du piment pour les non québecois, personnages hauts en couleur... il est toujours agréable d’être surpris de la sorte. “Hoveur drave” sort des sentiers battus pour le meilleur.
Martin Hébert signe la seconde partie de son étude “La science-fiction et l’anthropologie : des récits entrecroisés”. Intitulée “Du postcolonial au post-humain”, elle s’avère très documentée mais aussi ardue à suivre par moments, ce qui ne saurait être un reproche.
Mario Tessier surfe sur l’actualité de l’hiver 2013 avec la fin du monde annoncée mais qui n’a pas eu lieu. Il revient sur ce phénomène qui n’a de cesse de réapparaître périodiquement. Forcément intéressant par le sujet traité.
Aucune nouvelle ne se dégage vraiment du lot mais, à une exception près, l’ensemble tient la route. De plus, la partie rédactionnelle s’avère solide, ce qui montre le bon niveau de la revue « Solaris ».
Titre : Solaris
Numéro : 185
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Guy England
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 185
Période : hiver 2013
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD
