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Virtus (T5)
Gibbon et Hideo Shinanogawa
Ki-oon

Lumilla a finalement accepté de devenir celle qui tuera l’empereur. Et pour cela, elle va se mêler à ses conquêtes, ces femmes voulant partager le lit de Commode pour quelques faveurs. Mais la pression lui fait perdre ses moyens quand ce dernier fait son apparition dans les bains. Pourtant, malgré sa maladresse, c’est elle que l’empereur choisit pour sa couche. Seulement, quand le moment propice semble se présenter pour empoisonner Commode, celui-ci l’appelle par son prénom. Le monde s’écroule alors pour Lumilla. Mais elle ne sera pas la seule victime de l’échec du complot car les sénateurs qui attendaient leur heure dans les égouts pour finaliser leur coup d’état sont encerclés par les hommes de Commode. Ils ont été trahis et par l’un des leurs. Décidément, la soif de pouvoir n’a pas de morale.



Marcia est envoyée par Commode pour ramener à Rome cet étranger dont la force l’avait tant impressionné. Pour sa concubine, c’est l’occasion de mettre en place le plan initialement prévu pour assassiner l’empereur. Elle est allée dans le futur pour ramener cet homme et elle va maintenant pouvoir lui révéler quel destin l’attend. Mais la réaction de Narumiya n’est pas du tout celle qu’elle escomptait. Le japonais refuse purement et simplement de la suivre, n’acceptant pas qu’on l’oblige à tuer un être humain, aussi ignoble soit-il. De rage, Marcia le fait enfermer, convaincue de l’emmener de force avec elle le lendemain. Pendant ce temps, les compagnons de Narumiya subissent leur ultime épreuve : affronter les Morts. Mais ils auraient peut-être préféré réellement se battre contre des êtres de l’au-delà plutôt que ceux qui leur font face. Ces derniers sont bien vivants et ce sont tous les enfants de l’île de Gamla.

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Le tome 4 de « Virtus » nous avait laissé une étrange impression : comment Gibbon allait-il pouvoir clore sa série dans un seul tome ? Le tome 5 allait commencer là où son prédécesseur s’était arrêté : sur la tentative d’assassinat de l’empereur par les sénateurs. Connaissant la réalité historique, il était évident que celle-ci était vouée à l’échec et la trahison qui allait provoquer la chute des rebelles n’était donc nullement une surprise. Hideo Shinanogawa semble ici se lâcher, transformant le complot en orgie et massacre, comme s’il avait encore besoin de nous prouver l’ignominie de Commode et sa folie meurtrière. Cet épisode s’achève sur une forme de cliffhanger... sans suite... Car Gibbon zappe alors sur l’île de Gamla pour nous préparer à son grand final.

Ce dernier jouera sur deux événements majeurs : la dernière épreuve des apprentis gladiateurs et la fin de la révélation du passé de Narumiya. Nous savions depuis le tome 4 que le père du héros était un dangereux psychopathe, mais pour créer un lien avec les événements se déroulant sur l’île avec les enfants, Gibbon nous décrit alors la secte que le père de Narumiya avait créée. Difficile d’imaginer qu’une telle organisation puisse exister mais la folie humaine n’a pas de limite et finalement, le lecteur finit par croire dans la crédibilité de cette communauté où les femmes ne sont que des reproductrices pour leur gourou et les enfants, des petits soldats formés pour tuer. L’horreur est alors tout autant suggérée que montrée, générant parfaitement l’atmosphère malsaine que souhaitait Gibbon. Le travail de Hideo Shinanogawa sur ces chapitres est assez remarquable car, contrairement à la scène des bains, il parvient à doser l’intensité de ses planches pour ne pas tomber dans un voyeurisme morbide.

La voie est donc ouverte pour l’ultime chapitre... qui va se révéler extrêmement frustrant pour le lecteur. Car Gibbon ne s’est pas laissé prendre au piège de l’uchronie facile. Peut-être pour ne pas avoir à expliciter trop de paradoxes temporels, sa conclusion est en fait une ouverture sur une multitude de scénarios possibles. Je vous laisse découvrir le sort qu’il a réservé à ses personnages, mais Gibbon prend le partie de laisser au lecteur le choix sur la manière dont va mourir Commode. On peut aussi penser que cela laisse toute liberté pour revenir sur ces naufragés du temps, perdus dans la Rome antique. Mais même si cette conclusion est tout à fait justifiable (ne pas toucher à la réalité historique pour garder de la crédibilité au récit), elle n’en demeure pas moins extrêmement frustrante pour certains lecteurs qui auraient certainement préféré que le mangaka se positionne plus clairement sur la mort de Commode.

« Virtus » nous a donc surpris par bien des aspects, enthousiasmés par son scénario et sa mise en images, mais quelque part laissés sur notre faim avec une conclusion trop modérée.


Virtus, le sang des gladiateurs (T5)
- Scénario : Gibbon
- Dessin : Hideo Shinanogawa
- Traducteur : Tony Sanchez
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination : 240 pages
- Date de parution : 21 mars 2013
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-509-2
- Prix : 7,65 €


A lire sur la Yozone :
Virtus, le sang des gladiateurs (T1 et 2)
Virtus, le sang des gladiateurs (T3)
Virtus, le sang des gladiateurs (T4)


VIRTUS © 2008 GIBBON, Hideo SHINANOGAWA / Shogakukan Inc.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
7 avril 2013




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