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Cesare (T1 et 2)
Fuyumi Soryo et Motoaki Hara
Ki-oon

1491, le jeune Angelo vient d’arriver à Pise pour entrer à la prestigieuse université « La Sapienza ». Il doit ce privilège au soutien du seigneur Lorenzo de Médicis, impressionné par le travail de sculpteur de son grand-père et qui donne une chance inestimable à Angelo. Mais le garçon est un campagnard ignorant des règles de la haute société et dès son arrivée, il cumule les bévues auprès de Giovanni de Médicis, le fils de son bienfaiteur et illustre meneur du cercles de la Fiorentina. Car les étudiants de l’université sont regroupés par cercle selon leur origine. Par sa naïveté, Angelo engendre la colère de Giovanni qui décide de lui donner une bonne leçon en l’obligeant à monter un fougueux étalon. Le cheval sera à deux doigts de le projeter du haut d’un précipice et Angelo ne devra la vie sauve qu’à l’intervention d’un élève renommé de l’université : Cesare Borgia.



Cesare Borgia

Cesare Borgia est en fait le rival de Giovanni. Chef des Espagnols, il a la réputation d’être d’une grande oisiveté mais d’une intelligence exceptionnelle. Cesare se laisse attendrir par la naïveté et l’innocence d’Angelo et malgré leurs origines différentes, il va prendre le jeune garçon sous sa protection, tout en lui rappelant ses obligations envers le fils de Médicis. Angelo va découvrir grâce à Cesare la complexité politique de Pise, les jeux de pouvoirs qui s’exercent entre les différentes familles et les haines ancestrales qui demeurent bien vivaces. Mais Cesare va aussi lui montrer le revers de la médaille de l’Eglise. L’université les destine à de hautes fonctions au Vatican, mais Cesare est aussi conscient des désastres qu’engendre l’église sur les pauvres et les démunis, et il va le démontrer à Angelo d’une façon quelque peu brutale.

Rodrigo Borgia

Cesare est le bâtard du cardinal Rodrigo Borgia, briguant la papauté, et de dame Vannozza. Mais un éminent représentant de l’Eglise ne pouvant rompre son sacerdoce, Cesare n’a jamais été reconnu comme le fils de Rodrigo et sa mère a subi l’opprobre des bien-pensants. Seulement, le génie de l’enfant se révéla rapidement et Rodrigo Borgia comprit qu’il devait prendre en main l’éducation de son fils pour en faire l’héritier qu’il souhaite. Écarté de sa mère, ayant comme ami et confident un enfant de son age, Miguel, Cesare a donc été élevé dans les complots et la soif de pouvoir de son père. Et aujourd’hui, le moment où Rodrigo pourrait atteindre le rang suprême de pape est arrivé. Mais il est en concurrence avec Giuliano Della Rovere et une haine viscérale sévit entre les deux hommes, au point de Della Rovere projette de faire assassiner le jeune Cesare, danger potentiel trop important.

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Une incroyable fresque historique

L’histoire des plus sulfureuses de la famille Borgia est une source intarissable pour les scénaristes. La preuve en est avec la diffusion de la deuxième saison de la série « Borgia » actuellement sur Canal +, se situant à peu près à la même époque que le manga de Fuyumi Soryo. Toutefois, si la mangaka introduit des éléments romanesques par le personnage d’Angelo, sa série se veut très fidèle à la réalité historique. Comme garant du respect des événements se déroulant à cette époque, la mangaka s’est associé à Motoaki Soryo, enseignant à l’université des arts libéraux de Tokyo, spécialiste de la littérature et de l’histoire italienne. Et il faut avouer que ce duo est extrêmement efficace.

Fuyumi Soryo nous fait découvrir cette Italie de la fin du XVe siècle à travers les yeux du candide et naïf Angelo, un jeune homme tout juste sorti de sa campagne, épris d’art et dont la bonté lui faudra bien des ennuis. Nous allons nous immerger et découvrir le contexte politique et culturel de la ville de Pise en même tant que le personnage. Son côté très naturel permet au lecteur de vivre cette expérience avec et à travers Angelo. Ses réactions sans calcul sont assez proches de celles que l’on pourrait avoir sans la connaissance des us et coutumes de la noblesse. Cela permet surtout d’approcher le célèbre Cesare Borgia sans que cela ne paraisse trop invraisemblable.

Le premier tome va donc nous présenter les principaux personnages qui influenceront pour certains l’histoire de l’Italie, en particulier les deux grandes familles de cette période : les Borgia et les Médicis. Sans trop user de long discours, Fuyumi Soryo parvient à poser le contexte historique et nous expliquer le comportement de ses personnages. Cesare Borgia est donc présenté, vu par Angelo. C’est un jeune homme très intelligent, en profitant pour aller aux cours qui l’intéressent, mais surtout très simple et qui va se prendre d’amitié pour le jeune gaffeur Angelo. C’est un Cesare humaniste, à la recherche d’une certaine perfection dans la gouvernance qui nous est présenté, loin de l’image que l’on se fait de lui. Sa vision du monde en est même révolutionnaire sous certains aspects. A travers lui, c’est aussi une critique du clergé italien qui est exposée.

Le tome 2 va quelque peu mettre de côté le jeune Angelo pour se focaliser sur les Borgia, en nous faisant faire une petite étape par Rome et nous présenter le père de Cesare, Rodrigo Borgia. Nous entrons là dans les subtils jeux politiques qui se déroulent au Saint Siège avec comme enjeu la position de pape. L’image donnée par les prétendants à la mitre est assez négative mais aussi la réalité de l’époque, peu glorieuse pour l’Eglise catholique qui recherchait plus la fortune que le bonheur des pauvres. Nous sommes très loin du discours du nouveau pape François Ier. Cesare est alors présenté sous son côté stratège, pour ne pas dire comploteur, cet aspect qui séduira Machiavel et l’inspirera pour son livre : « Le Prince ». D’autres illustres personnages croiseront la route de Cesare : Christophe Colomb, avant qu’il ne découvre les Amériques, et Léonard de Vinci.

Graphiquement, « Cesare » est un vrai bijou. Les magnifiques couvertures des deux tomes donnent bien le ton des planches de Fuyumi Soryo. Si ses personnages peuvent paraître un peu statique, défaut du style shojo, les décors et les détails des vêtements sont impressionnants. Ses personnages sont très expressifs sans pourtant entrer dans l’excès, les monuments des villes italiennes visitées par Cesare sont représentés avec un niveau de détails particulièrement élevé, que ce soit la cathédrale de Pise ou la chapelle Sixtine, en passant au style plus austère de l’université, le travail de recherche de la mangaka ressort littéralement aux yeux du lecteur, le subjuguant. Les quelques pages en couleurs viennent alors comme de véritables peintures, finalisant ce superbe manga.

« Cesare » est réellement une série de haute qualité par son scénario, sa fidélité historique et un dessin de très haute qualité. On comprend mieux la mise en avant des éditions Ki-oon sur ce titre d’exception. Un chef-d’oeuvre en devenir.


Cesare (T1 et 2)
- Auteur : Fuyumi Soryo
- Supervision : Motoaki Hara
- Traducteur  : Sébastien Ludmann
- Éditeur français :Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 228(T1) et 236(T2) pages
- Date de parution : 21 mars 2013
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-507-8 ; 978-2-35592-508-5
- Prix : 7,90 €


CESARE © Fuyumi Soryo / Kodansha Ltd.
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
21 mars 2013




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