Travaux pratiques au sein des élevages pour commencer l’année et voici Yugo obligé de se lever tous les matins à 5 heures. Le jeune homme découvre peu à peu la dure vie d’exploitant agricole au milieu d’une batterie de volailles. Bon, voir d’où sort un oeuf a de quoi dégoûter un garçon de la ville, pourtant Yugo résiste plutôt bien et commence à se faire des amis des membres de son petit groupe de TP. Mais le problème du choix du club reste bien présent. Ce seront finalement les beaux yeux de Aki qui vont le convaincre de tenter le club d’équitation... Bon, les débutants doivent se lever à 4 heures du matin pour nettoyer les écuries. Mais pourquoi Yugo s’est-il inscrit dans cette école ? Alors que tous ses camarades de classes ont déjà leur choix d’avenir bien en tête, il est le seul à ne pas savoir ce qu’il veut faire après le lycée.
Hiromu Arakawa est tout simplement le créateur du titre planétaire « Fullmetal Alchemist ». Avec la fin de son oeuvre majeure, le mangaka n’avait pas réussi à nous convaincre avec un titre tourné heroic fantasy, « Hero Tales », mais dans la même verve que sa série fleuve. Il semble bien que Hiromu Arakawa est choisi un virement à 180° et un retour au source, dans son île d’Hokkaido pour nous offrir une histoire tout ce qu’il y a de plus terre à terre car se déroulant dans un lycée agricole. Ce choix peut paraître comme un défi risqué pour le mangaka qui va immanquablement surprendre ses fans de « Fullmetal Alchemist ».
Et pourtant, « Silver Spoon » est imprégné de l’innocence et du côté naïf des premières oeuvres d’un mangaka. Nous voici donc à suivre Yugo, un citadin pure souche qui, pour faire une pause dans un système scolaire où la compétition est omniprésente, choisit de s’inscrire dans un lycée agricole, pensant pouvoir ainsi être le meilleur sans grande difficulté. En fait, très vite, le mangaka nous présente le monde agricole dans son côté besogneux, mais aussi montrant sans complexe les déviances d’un système où la surproduction mène à des systèmes très controversés comme les élevages en batterie.
Les camarades de classes de Yugo vont offrir tout une palette de personnages, parfois caricaturaux mais jamais manichéens. Le premier rendu de note est symbolique de ce manga : Yugo est certes le meilleur en moyenne générale mais premier dans aucune matière. Entre celui souhaitant être vétérinaire, celui voulant faire de la recherche en biogénétique, en agroalimentaire, le jeune homme va découvrir que la campagne n’est pas peuplée de bouseux arriérés. Hiromu Arakawa fait clairement la promotion de sa région, nous faisant en même tant découvrir des spécialités du cru comme la course de chevaux ban’ei, surprenante. Yugo subit les horaires de fous des hommes de la terre et prend conscience qu’il ne faut pas se laisser berner par les apparences. Une vraie leçon de vie, prise sur le ton de l’humour mais aussi de l’amour pour ces métiers de la ferme.
Graphiquement, on reconnait sans difficulté le style d’Hiromu Arakawa. Les traits des personnages sont assez basiques et permettent aussi de mettre à l’aise le fan de la première heure, qui retrouve ses bases de design habituelles. Les animaux vont prendre une place prédominante et ceux-ci vont donc devoir être expressifs au sens humain du terme, pour augmenter l’humour de situation. On peut évidemment critiquer certains dessins, certaines proportions, mais le rendu s’avère bien conforme à l’ambiance générale : une comédie pleine de bons sentiments. Peut-être trop, la série n’ayant pas vraiment de méchant, et cela n’est pas, de fait, son but.
« Silver Spoon » est une oeuvre surprenante venant de Hiromu Arakawa, mais loin d’être déplaisante. Toutefois, le gros problème du mangaka est ses conclucions. Heureusement, nous n’en sommes pas là.
Silver Spoon (T1)
Auteur : Hiromu Arakawa
Traducteur : Satoko Fujimoto
Éditeur français : Kurokawa
Format : 117 x 177, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Numérotation ISBN : 2-351-42834-X
Date de Parution : 14 février 2013
Prix public : 6,80 €
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