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Le cyberespace de l'imaginaire




Razzia
Jean-Marc Ligny (Dir)
Black coat press, Rivière Blanche


Razzia, une suite à Inner City ?
Pas tout à fait.
Les fans qui s’attendent à y retrouver Kris, Hang, Alice, Betsy etc., ceux qui espèrent reprendre l’histoire là où l’auteur l’avait arrêtée, seront déçus.
Seuls les derniers mots du roman de 1996 ont été utilisés pour l’expérience qui a donné naissance à Razzia.

À la fin de Inner City, on apprend que les outers de Slum City, autrement dit, les banlieusards, ont trouvé le moyen de passer, à travers une faille de la Barrière, de leur immense ghetto à l’intérieur du Paris high-tech des inners.
« Un à un, les guerriers sortent de l’égout, clignant des yeux sous le vif soleil de Paris ».
Un à un, eux aussi, les participants de l’atelier virtuel d’écriture, organisé par la bibliothèque de Houilles, pénètrent la cité inerte et hypersécurisée, à la suite de leur guide : Ligny, himself !
L’écrivain avait tout à craindre d’une pareille aventure :« le chaos total », « le n’importe quoi ingérable », confie-t-il en préface de l’ouvrage. Mais au final il admet : « Ce fut grande joie pour moi de voir mon univers compris, repris, déformé et enrichi par d’autres personnes que je ne connaissais pas ».

Et Razzia raconte une histoire :
La Grande Zora, défigurée, et sa bande d’outers s’introduisent dans Paris. Razzia sur les magasins ultrasophistiqués de Paris, sous les regards électroniques mais néanmoins surpris des grands gardiens de la ville.
Bien entendu, ces derniers réagissent, donnant au lecteur l’occasion d’explorer les arcanes du pouvoir et les inévitables tensions de la classe dirigeante.
Entre ces camps clairement identifiés, un mystérieux hacker de génie, Sixte-R, capable de faire trembler les maîtres du monde ; et Polo, le médecin-junky dont on découvre qu’il n’a pas toujours été l’épave insignifiante échouée dans Slum City.


Nanotechnologie, télépathie, informatique, sentimentalisme, violence, politique, gore, se mêlent plus ou moins heureusement dans ce roman à quatorze mains et à sept imaginations débridées.

Le choix de faire baigner le tout dans une ambiance asiatique caricaturale peut surprendre, voire agacer.
Recours systématique au vocabulaire du jeu de Go, Bushido, thé à la moindre occasion, samouraïs, proverbes pseudo-zen, expressions exotiques non traduites... pas un coin du cliché qui ne nous soit épargné, jusqu’aux haïkus, qui fleurissent çà et là dans le premier tiers du roman. On en regretterait presque le jargon techno-cyber-câblé de Inner City !

Apparaissent aussi, au fil de la lecture, des incohérences dans le récit. Défaut mineur et pardonnable, quand se côtoient plusieurs versions, finalement assez proches, du passé du système en place. Faute grave, quand un personnage, mort et dûment autopsié quelques pages auparavant revient sur scène, comme si de rien n’était.
À ce stade, les fautes d’orthographe ne servent qu’à confirmer l’hypothèse d’une relecture finale, assez légère.

Les épisodes rédigés par P. Célibert, F. Cossid, D. Jetté, P. Maillard, J.-C. Marzin, J. Pailleron et J.-F. Seignol, rassemblés et « mixés » par J.-M Ligny, forment ainsi un ensemble qui reste malgré tout hétérogène.
Le volume des contributions des auteurs est assez inégalement réparti, ce qui n’est pas vraiment gênant, mais l’on perçoit aussi, trop clairement, les écarts dans le style et le niveau de langue des participants.

Une fois balayées de la main ces quelques contrariétés, on parvient à lire Razzia jusqu’à son terme, avec même, comme récompense à l’indulgence du lecteur, des instants de pure récréation et un bouquet final, somme toute, réjouissant.

Razzia reste le fruit étonnant d’une expérience originale, qui porte la marque du plaisir pris par ses auteurs.
En dépit des imperfections dues, sans doute, à sa conception si particulière, Razzia est un roman tout à fait lisible, qui plaira surtout à ceux qui souhaitent retrouver le monde façon Inner City.
Pour les autres, il constituera une bonne tranche de divertissement, ce qui n’est déjà pas si mal.

À voir, ne serait-ce que par curiosité !

Titre :Razzia
Auteurs : Jean-Marc Ligny (dir), François Cossid, Jean-François Seignol, Julien Pailleron, Jean-Charles Marzin, Daniel Jetté, Patricia Célibert et Philippe « Fildefer » Maillard.
Éditeur : Rivière Blanche
Illustration : Grillon
ISBN : 1-932983-50-3
Nombre de pages : 248
Internet :
l’ouvrage : http://www.riviereblanche.com
Les textes de l’atelier : http://www.bm-houilles.fr (Animations /Mission Science-Fiction)


Ketty Steward
5 octobre 2005


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