Pour Kano, ce sera sa dernière mission. Il accepte de participer à l’exécution de Tanaka mais que les choses soient claires : juste après, il reviendra tuer Higuchi. Fini de jouer les cobayes, perdu entre le monde réel et un monde qu’il s’est créé pour obtenir de pseudo réponses à ces questions. Bon, quand des morts vous parlent, ce n’est pas vraiment une grande preuve de santé mentale. Mais avant, il rejoindra les autres dans ce centre commercial que Tanaka fréquente assidûment après avoir rendu visite, à l’hôpital, à sa petite amie. Et comme de bien entendu, rien ne se passe comme prévu : Tanaka arrive beaucoup trop tôt et c’est la panique. Les gardes du corps régissent immédiatement et les victimes collatérales tombent comme des mouches. Sans oublier la guerre qui vient se rappeler à tous les protagonistes.

Dernière mission pour Kano et dernier tome de cette série réellement hors normes qu’est « Freesia ». Comme on pouvait s’y attendre, ce sera un final façon « Règlement de compte à Ok Corral ». Les cadavres vont pleuvoir dans les deux camps. Mais pour qui sera le lecteur ? Jiro Matsumoto aura toujours entretenu une énorme ambiguïté sur ses personnages : sont-ils des héros ? Des anti-héros ? Des pourritures ? Ou tout simplement des psychopathes qui se retrouvent à pouvoir se lâcher en toute légalité ? Tanaka est assez symbolique de tous ces personnages qui se sont succédés durant les douze tomes. Ce type est un assassin, mentalement très perturbé mais surprotégé au point de ne jamais s’être fait soigné. Son exécution est donc tout ce qu’il y a de juste... sauf que se rendre justice en tuant le coupable n’est pas une véritable justice mais simplement de la vengeance.
Ce que tous les lecteurs attendaient étaient une révélation sur le personnage de Kano. Que cherche-t-on à lui faire faire ? Que cache sa manipulation ? Malheureusement la discussion assez ésotérique et peu compréhensible par le lecteur moyen entre Kano et Higuchi ne nous offrira pas la réponse attendue. Le lecteur va donc se retrouver réellement frustré par ce dernier tome sauf... sauf qu’en fait est-ce réellement important ? En fait, le délire psychotique de Kano n’amène pas d’explication. Il a totalement sombré dans ce monde qu’il s’est créé et en se déconnectant de la réalité, sa folie suffit par elle-même. Jiro Matsumoto a toujours misé sur un style marginal, « Freesia » étant un véritable ovni dans l’univers du seinen, rompant la plupart des tabous et des axiomes du genre. Cette série n’a jamais cherché à convaincre un grand nombre de lecteur mais plutôt fidéliser un groupe de vrais fans qui comprendrait la logique pas toujours évidente du mangaka.
« Freesia » est un manga que l’on aime ou déteste, qui désabuse ou qui fascine et son dernier tome est parfaitement à l’image de la série : certains hurleront de déception, d’autres crieront au génie. En tout cas, Jiro Matsumoto ne laisse pas indifférent et c’est déjà une grande réussite.
pour public averti
Freesia (T12)
Auteur : Jiro Matsumoto
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 240 pages
Date de parution : 3 janvier 2013
Numéro ISBN : 978-2-82030-555-8
Prix : 7,69 €
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FREESIA © 2003 Jiro Matsumoto / Shogakukan Inc.
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