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New Beijing (T1)
Corbeyran & A. Morinière
Editions Glénat

Zack, Charles et Veronika, lassés par la célébrité, tentent une dernière escapade dans un monde parallèle. Ils se retrouvent à New Beijing, une mégalopole dirigée par la Chine. Écrasés par la puissance financière et industrielle asiatique, les Etats-Unis d’Amérique n’existent plus.
Les trois voyageurs sont très vite repérés par la dictature en place qui souhaite vivement maîtriser la technologie de la fusion noire. La famille Kosinski va une nouvelle fois être l’objet de toutes les convoitises.
« Bis repetita placent » comme dirait l’autre.



Le premier cycle de la saga “Uchronie(s)”, en dix tomes, avait connu un certain succès. Sans entrer au Panthéon de la BD, les trilogies qui composaient cette saga, alias “New Byzance”, “New Harlem” et “New York”, avaient le mérite de proposer un scénario assez riche et d’offrir une lecture croisée entre les albums. « Une même ville. Trois réalités », comme l’énonçait le dos de couverture à l’époque. Le dixième (et dernier pensait-on) album ficelait assez bien l’ensemble et ouvrait quelques perspectives narratives. A la fin de cet ultime épisode, le lecteur découvrait la famille Kosinski enchaînée, visiblement emprisonnée dans un monde gouverné par les asiatiques. Tout le monde pensait que ce dixième opus, sous forme d’épilogue, constituait la conclusion de la saga. Et bien non !

Fort du succès de la série, l’éditeur remet le couvert et nous sert la suite des aventures de nos voyageurs inter-dimensionnels. On repart ainsi pour une nouvelle trilogie, constituée des univers de “New Beijing”, “New Moscow” et “New Delhi”. Les puissances émergentes ont donc pris le pouvoir dans ces nouveaux mondes visités. Au passage, la citation du dos de couverture a changé, devenant « Une même ville. Plusieurs réalités ». En toute logique, New Beijing, le premier album de cette renaissance, présente les protagonistes en proie à la dictature chinoise, comme nous les avait présentés le précédent album. Il est d’ailleurs intéressant de comparer l’esthétique des planches communes. C’est ainsi l’occasion d’identifier le style des divers dessinateurs qui ont participé à l’aventure.
Cette nouvelle trilogie, comme la précédente, est esquissée par un artiste différent pour chaque univers. Pour parfaitement lier l’ensemble, Corbeyran officie seul au scénario.

New Beijing” est dessiné par Aurélien Morinière qui participe également à la série “Aethernam”. Son style est simple, minimaliste, presque scolaire. Ce n’est sans doute pas le meilleur illustrateur de la série. Certains visages paraissent grimaçants, voire déformés, les perspectives sont parfois trompeuses et les rares scènes d’actions manquent de fluidité. Cependant, si son coup de crayon n’est pas sans défaut, l’esthétique générale ne freine pas la lecture. La pagination et la séquence des cases restent claires et efficaces. Pour cet album, Aurélien Morinière s’associe à Svart pour la colorisation. Les deux hommes ont l’habitude de travailler ensemble. Ils ont collaboré sur de nombreuses BD jeunesse comme “Les 3 petits cochons”, “Le Petit Mamadou Poucet”, “La Véritable histoire du chat botté”… Le rendu global est cohérent et crédible.
La couverture de l’album, de Richard Guérineau, s’inscrit parfaitement dans la continuité des précédents ouvrages. On retrouve trois personnages posant devant les décors (somptueux !) de l’univers de l’album. Quel dommage de ne pas retrouver ces buildings orientalisés dans les planches du livre, les décors extérieurs de New Beijing ressemblant plus au Chinatown actuel qu’à une vision originale de cet environnement fantastique. L’idée aurait mérité d’être mieux exploitée. Mais quelle idée au fait ? Quel est le scénario de ce nouvel opus de Corbeyran ?

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A peine débarquée à New Beijing, la famille Kosinski, qui a révélé les pouvoirs de la fusion noire dans l’univers de New Harlem, se fait remarquer en utilisant de faux dollars, des dollars US qui n’appartiennent pas à ce monde. Le régime dictatorial en place est ultra sécuritaire. Ainsi, les trois héros se retrouvent très vite à la prison d’état d’Ellis Island, séparés et soumis aux travaux forcés sous le joug de leurs violents surveillants. Pas facile d’exécuter les ordres quand ils sont hurlés en chinois ! Dans ce monde, les intellectuels sont emprisonnés et la corruption fait rage. Les dirigeants chinois, assoiffés de pouvoir, découvrent par accident l’existence des voyages inter-dimensionnels. Cet évènement pourrait laisser une porte de sortie aux trois protagonistes. A moins qu’une succession d’événements imprévisibles en décide autrement…
Un scénario simple donc, presque simpliste, qui permettra aux fans de la série de retrouver leurs personnages fétiches. L’histoire est un peu trop manichéenne à mon goût. Ce monde ressemble trop à la vision occidentale de la Chine : régime autoritaire, puissance financière, irrespect des problèmes écologiques et des droits de l’homme… sont autant d’éléments énoncés de manière trop explicite dans ces planches. L’histoire de « New Beijing » aurait mérité un environnement plus subtil, prenant le temps de se développer au fil des planches. Pour ce nouveau cycle, le nombre de pages par album a diminué, revenant à un classique quarante huit pages. Cette décision n’a sans doute pas facilité l’élaboration d’une trame narrative dense. Heureusement qu’une histoire plus complexe lie les albums entre eux et enrichit le récit.

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Comme à l’accoutumé, le scénario de ce nouvel album se suffit à lui-même. Inutile de courir chez votre libraire pour acquérir les dix précédents volumes. En quelques pages, le contexte est présenté et permet de rentrer dans l’histoire. Bien sûr, la lecture des autres BD permet d’acquérir un niveau de compréhension supplémentaire, mais cela est tout à fait dispensable. De nombreuses passerelles, dès ce premier tome, introduisent les deux nouveaux univers de la saga. La belle Ludmila par exemple, captive avec Zack, lui annonce qu’elle vient d’une autre réalité, New Moscow sans doute. De même, en rêve, Ludmila fait la connaissance de Lakshmi qui promet de l’aider à retourner chez elle. Enfin, les dirigeants chinois cherchent toujours à capturer ces visiteurs, visiblement indiens, qui apparaissent comme par magie dans les rues de New Beijing. Les deux prochains albums donneront certainement les clés de ces mystères.
Ce qui est bien avec les mondes parallèles, c’est qu’ils offrent des perspectives sans limites. La série télévisée “Sliders”, en son temps, avait voulu tirer jusqu’au bout cette manne narrative sans fin. Résultat : les amateurs avaient fini par délaisser cette série, pourtant très prometteuse. J’espère donc que les auteurs d’« Uchronie(s) » sauront s’arrêter à temps.

A noter : les titres d’album commençant par la lettre « R », qui caractérisaient les précédents livres, ont été abandonnés pour ces nouveaux albums. Et s’il n’est, pour le moment, pas prévu de développer les aventures de “New Beijing”, le « Titre 1 » indiqué sur la couverture laisse présager d’une suite. L’éditeur s’est peut-être dit que, commercialement, il n’était pas judicieux d’annoncer trop tôt les ambitions de ce nouveau cycle. En effet, certains lecteurs n’ont sans doute pas suivi les trilogies “New Byzance”, “New Harlem” et “New York” par simple contrainte budgétaire.

L’épisode suivant, le premier tome (et le seul annoncé pour le moment) de l’univers “New Moscow”, est sorti en octobre 2012. Nicolas Otéro se charge des dessins.


(T1) New Beijing
- Série : Uchronie(s)
- Scénario : Corbeyran
- Dessin : Aurélien Morinière
- Couleur : Svart
- Illustration de couverture : Richard Guérineau
- Éditeur : Glénat
- Collection : Grafica
- Dépôt légal : 26 septembre 2012
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7234-8404-6
- Prix Public : 13,90 €


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Uchronie(s) New Byzance (T2) Résistances
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Uchronie(s) New Harlem (T3) Révisionnisme
Uchronie(s) New York (T2) Résonances


Illustrations © Morinière et Glénat (2012)



Allison & Julien
11 février 2013




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