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Doggybags (T3)
Florent Maudoux, Run, Neyef, Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto
Ankama - Label 619

Ciudad Juarez. Une ville où le terme « justice » n’a plus vraiment beaucoup de sens, où la police joue un jeu subtil entre les gangs pour que ces derniers s’entretuent. Et Jesus s’est malheureusement retrouvé au coeur de cette guerre larvée, où la police choisit qui elle compte avantager, pour le moment. Et l’heureux élu est d’une rare violence. Il a besoin d’un exemple pour que les autres clans s’agenouillent devant lui. Les têtes de Jesus et de ses trois acolytes seraient le meilleur des messages. Seulement, on ne tue pas des hommes sous la protection de la Santa Muerte, sans conséquences. Parfois, il faut savoir préserver la foi dans les interventions divines avant sa foi envers le dieu dollar.



From Dusk till Dawn, le club à la mode de Ciudad Juarez. D’après la rumeur, la nouvelle danseuse exotique serait une experte dans la danse des treize voiles, un art subtile que seuls des amateurs avisés peuvent apprécier à sa juste valeur. C’est le cas des trois clients de ce soir, mais pour passer le temps, rien ne vaut des petites anecdote salaces pour rester dans l’atmosphère du moment. Il faut dire que les courbes de cette danseuse sont assez excitantes, comme celles de cette chinoise et de son bébé qui toqua à la porte de ce cher docteur. Evidemment, ce dernier tenta de profiter de la situation critique dans laquelle se trouvait la jeune femme, mais dans sa fierté, elle refusa ses avances. Un peu comme cette fille qui demanda l’aide de ce cher caïd de la mafia locale, une brésilienne pulpeuse à souhait avec un bébé. Et puis ce cher flic ne reste pas en reste avec son indienne et son bébé... cela fait quand même beaucoup de coïncidences, vous ne trouver pas...

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Après un voyage aux Mexique et une expérience plutôt risquée dans la ville de Ciudad Juarez, Run a décidé de dédier le nouveau tome de sa série « Doggybags » à ce pays et ses narco-trafiquants. D’ailleurs, l’introduction et l’historique du développement du trafic de drogues au Mexique met le lecteur directement dans l’ambiance recherchée. Les amoureux du Mexique trouveront le discours de Run peut-être trop caricaturale et à charge contre la population mexicaine, mais ce sont toutefois des faits qu’il faut garder à l’esprit et qui ont servi de base pour les trois histoires qui composent ce « Doggybags ».

Voici donc trois histoires avec comme point commun la mafia de la drogue. Mais aussi une pointe de fantastique, voire même d’ésotérisme avec « Room 213 », Run s’associant à Neyef sur ce coup. Cette histoire est typique de la série « Les Contes de la Crypte », avec un début sous forme de polar sanglant et s’achevant dans les affres du fantastique et des forces de l’Au-Delà. Le dessin de Neyef colle parfaitement à cette ambiance mexicaine. Si le scénario de Run ouvre le récit pour lui donner ses bases, le dessin de Neyef prend toute son importance pour illustrer la folie qui imprègne peu à peu le tueur. Une vraie délectation.

Un « Doggybags » sans une histoire de l’incontournable Florent Maudoux n’aurait pas la même saveur. Dès la première image, l’auteur nous indique sa référence : « From Dusk till Dawn », le film de Robert Rodriguez, dont le titre français est « Une Nuit en Enfer ». Toutefois, il mettra un certain temps pour faire le lien entre son histoire et le film. Il va d’abord nous séduire avec son incarnation de la tueuse fatale : Masiko. Il partira de récits montrant les perversions du pouvoir et l’utilisation de ce pouvoirs sur des femmes fragiles... En apparence car avec Masiko, cela s’achève toujours dans un bain de sang. Le style graphique de Maudoux est maintenant reconnaissable au premier coup d’oeil et toujours d’une qualité sans pareil.

La dernière histoire, « Dia de Muertos », m’a franchement laissé sur ma fin. Plus classique, sans grande surprise, elle est clairement très inférieure aux deux précédentes. Seule, l’oeuvre de Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto aurait peut-être été jugée différemment, mais en passant en fin de liste, surtout après de tels auteurs, la pression est conséquente. Un dessin réaliste, un scénario de vengeance basique, et cette fois, aucune trace de vrai fantastique, juste l’utilisation des superstitions. Cette histoire aurait dû ouvrir ce tome pour avoir une montée en puissance des récits.

Bon, un « Doggybags » reste une oeuvre atypique, bien défoulante, qu’on apprécie toujours avec autant de plaisir.


Doggybags (T3)
- Scénario, dessin : Florent Maudoux, Run, Neyef, Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto
- Éditeur : Ankama
- Collection : Label 619
- Dépôt légal : 25 octobre 2012
- Pagination : 112 pages couleurs
- Format : 170 x 250 mm
- Numéro ISBN : 978-2-35910-337-3
- Prix public : 13,90 €


A lire sur la Yozone :
Doggybags (T1)
Doggybags (T2) le trailer et son making off
Doggybags (T2)


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Frédéric Leray
20 janvier 2013




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