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Dolce (les), T2 : Les Cinq Secrets
Frédéric Petitjean
Don Quichotte, roman (France), fantastique, 442 pages, novembre 2012, 19,90€

Les Dolce, dernière famille de magiciens sur Terre, sont poursuivis par la Guilde noire, des sorciers (leur exact opposé) dont les membres éminents sont l’oncle et la grand-mère Dolce, passés du côté obscur. Guileone est devenu un démon, quant à Veleonia elle est sorcière depuis qu’elle a mis sa fille au monde, en 1850.
A la fin de La Route des Magiciens, Melkaridien, le grand-père, sauvait toute la famille en les faisant plonger dans l’un des cent puits magiques de la terre, source de pouvoir magique. Mais tous ne ressortent pas au même endroit. Ni à la même époque !
Rodolpherus se réveille au Japon en 1923, sa femme Melidiane à Londres en 1973, tandis que leurs deux enfants, Antonius et Leamedia, font un bond de 16 mois dans le futur, en 2012, l’un à Paris, l’autre restant à New York.



Mais cette séparation, on le devine vite, n’est pas fortuite : Melkaridion espère ainsi empêcher la Guilde noire de retrouver deux des trois grimoires qui contiennent les cinq secrets des magiciens (les sorciers ont volé le premier dans « La Route des Magiciens »). Ce à quoi s’emploient les deux parents, à 50 ans d’intervalle.

Mais tout va se jouer en 2012, alors que la Guilde noire, sous la couverture de la Fondation 18, conglomérat tentaculaire d’entreprises de toutes sortes, finalise un plan démarré après la Seconde Guerre mondiale : s’emparer du monde !
Gigantesque, présente dans le monde entier, elle passe des contrats avec les États, remplaçant l’administration, la police, assurant la fourniture en énergie, en matières premières, en semences, en médicaments...
Toute-puissante, elle s’apprête à laisser tomber son masque de bienveillance.

Si on peut trouver cela un peu grotesque, digne des méchants des premiers James Bond, le plan machiavélique présenté par Frédéric Petitjean n’en tient pas moins la route, étayé par les mutations de notre société au XXIe siècle, et fera malheureusement écho à des tristes vérités (comme les agissements de Monsanto qui vend des semences OGM dont les fruits sont stériles, ainsi que les engrais et surtout les pesticides pour lutter contre les insectes devenus résistants à leurs produits précédents).
La phase suivante du plan est terrifiante : les sorciers ont creusé le sol de la Terre, et s’apprêtent à y faire descendre la population, préalablement réduite à un niveau acceptable par une série de guerres et d’épidémies. Tout cela pour, apparemment, mettre fin à la pollution.

Je dis apparemment car je n’ai pas lu « La Route des Magiciens ». Pas bien, me direz-vous (en plus il a eu le Grand Prix de l’Imaginaire Jeunesse 2012), néanmoins les 100 premières pages des « Cinq Secrets », alternant les protagonistes, permettent de comprendre les grandes lignes de l’histoire et une partie de la spécificité des magiciens, à défaut d’avoir tous les détails. Tout cela sans alourdir la narration, ce qui est un bien pour ceux qui n’auront pas manqué le premier tome et qui s’exaspéreraient de se voir rabâcher les mêmes informations.

Les multiples époques sont bien intégrées dans une narration menée tambour battant, à peine ralentie par cette alternance entre des personnages éparpillés. La longueur des chapitres varie régulièrement, le découpage favorisant la successivité des points de vue à un temps donné. L’auteur sait faire monter le suspense, et ne s’en prive pas.

Néanmoins, si « Les Cinq Secrets » se lit avec grand plaisir, du fait de sa richesse scénaristique et de son rythme bien cadencé, il n’est pas exempt de défauts. Quelques invraisemblances demeurent sans explications dont les deux majeures sont :
- comment Guileone se retrouve-t-il dans la cachette de Londres, qui plus est en 1973, alors qu’il n’a pas la carte des puits et ne sait pas voyager dans le temps ?
- comment Rodolpherus n’a-t-il pas envisagé l’éclipse finale, qui fait basculer tout le plan, alors qu’une éclipse de soleil est largement prévisible, et à NY en 2012 doit être un truc ultra-médiatisé et que personne n’en parle avant ?

L’autre défaut majeur vient d’un texte visiblement non relu avant l’impression. Si on fait exception du style parfois abominable de l’auteur qui colle une subordonnée de 2 lignes entre son sujet et son verbe, on notera un réel problème avec les virgules. Ce petit signe, censé séparer dans la syntaxe des éléments qui ne vont pas ensemble, est employé à tort et à travers, ou carrément absent, donnant des phrases peu ou mal compréhensibles, sur lesquelles il faut mieux s’y reprendre à deux-trois fois.
Viennent ensuite toutes sortes de coquilles, de plus en plus flagrantes vers la fin de l’ouvrage, une typographie de dialogue hasardeuse, entre guillemets et tirets, des fautes d’orthographe impardonnables (« bouleaus »), des conjugaisons massacrées (« - Attend ! »), des homophonies déplorables («  »médiateur« et »médiator« à 2 reprises sur 3 ; la »ligne de coque« des toxicomanes). Je vous passe les majuscules au petit bonheur pour en venir aux termes désuets tels »blandices« ou »chanfrein" dont une œuvre jeunesse saurait parfaitement se passer dans un tel contexte, ou les modifications (de dernière minute ?) mal répercutées (la gourde et la bouillotte, à partir de la p. 421).
Au final, j’ai « tiqué » 123 fois. Sur 440 pages. Moins les blanches. Ça fait beaucoup, même si c’est pour la plupart corrigeable, pour la prochaine édition.

Et c’est d’autant plus dommage que le roman, passé les grosses ficelles du genre, est plutôt bon. Vu les liens de l’auteur avec le cinéma américain (il a été scénariste pendant 10 ans), il ne serait guère étonnant de voir « Les Dolce » prétendre à la succession d’Harry Potter.

Le climax final étant d’envergure, on attend donc déjà impatiemment la suite et fin de cette histoire, même si on voit difficilement comment le Bien pourrait l’emporter, à 3 et demi contre une Guilde noire et 60 ans de manipulations du monde.

Sauf par magie...


Titre : Les Cinq Secrets
Série : Les Dolce, tome 2/3
Auteur : Frédéric Petitjean
Couverture : Olivier Balez
Éditeur : Don Quichotte
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 442
Format (en cm) : 14 x 22,6 x 3
Dépôt légal : novembre 2012
ISBN : 9782359490671
Prix : 19,90 €



Nicolas Soffray
27 novembre 2012


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