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Chants d’Automne
Christian Jougla
La Clef d’Argent, KholekTh, n°19, nouvelles (France), fantastique folklore du Midi, 287 pages, octobre 2012, 15€

Le Midi, terre des taureaux et des gardians, des marais et des garrigues, des mas isolés et des bourgades aux ruelles médiévales... Terre de mystères et de vieilles terreurs...



C’est là le décor des contes de cet enfant du pays méridional. Néanmoins, si sa plume est sans conteste fort érudite et bien tournée, elle alambique parfois beaucoup des récits qui finalement ne font que nous plonger un peu plus dans les ténèbres qu’ils évoquent.
Au-delà de minuit” nous replonge dans la peste qui frappa Clermont-L’Hérault, et la lutte de pouvoir spirituel entre un abbé sec et un moine défroqué et paillard, le tout dans l’ombre de Mürr, le chat du Diable. Les points de vue se multiplient sans que le découpage du texte ne nous en facilite la compréhension, les récits s’enchâssent et s’entremêlent entre présent et passé, les digressions fusent... Au final, j’attends toujours Mürr, et un vague sens à tout cet imbroglio.
Et c’est hélas la marque de fabrique de Christian Jougla sur ces « Chants d’automne » : évoquer, montrer les ténèbres, les mystères, mais à aucun moment en éclairer le moindre point, ni apporter un semblant de réponse. Car le surnaturel n’en a pas à donner. Donc, à l’image des trois héros adolescents dans “Le Marais”, on erre à la limite du roman de terroir, sur les terres de Pagnol et Daudet, en très assombri, pour finir souvent dans l’impasse de la reculade, de la retraite prudente face à l’inconnu et l’inexpliqué (qui le demeurera).
Le Manuscrit ”, tournant autour d’un exemplaire du Nécronomicon, navigue entre différents narrateurs et autant d’époques. L’auteur semble prendre un malin plaisir à imbriquer les récits les uns dans les autres, et perd le lecteur entre sa trame principale à la chronologie chamboulée et les portraits souvent et finalement inutiles des différents narrateurs-protagonistes. Comme de bien entendu, la fin n’apportera pas même un semblant de réponse. Si cela pourra ravir certains, j’en suis pour ma part resté à un « tout ça pour ça » d’exaspération. Idem pour “Les Rôdeurs au clair de lune”.
Au regard de tout cela, la dernière nouvelle “Le Bouvier de la Pentecôte” a des relents sympathiques de ghost story romantique. Comme quoi, le procédé est agréable à petite dose, mais mortel sur plus de 50 pages.

Ces « Chants d’Automne » sont donc surprenants. Difficiles à classer (fantastique folklorique ? terroir ? contes gothiques ?), ils souffrent des méandres de la plume de Christian Jougla qui surcharge en permanence sa trame d’un monceau, certes riche de folklore, d’anecdotes et d’érudition, qui dilue le semblant d’histoire dans des digressions tout aussi labyrinthiques.
C’est au final un panorama confus et chaotique qui perd le lecteur un tant soit peu distrait et lentement démotivé à l’absence de l’ombre d’une réponse, aussi surnaturelle soit-elle (le lecteur du genre a l’esprit large, je crois). Au fil des pages, on se prend à apprécier la langue soutenue, et les descriptions évocatrices, laissant le fond de côté, faute d’y comprendre goutte ou de se rappeler, plusieurs dizaines de pages auparavant, où l’action s’en était arrêtée avant un nouvel aparté.

Un ouvrage exigeant, et qui, à mon goût, ne nous récompense que très peu de l’effort fourni. Un terreau riche, mais sous-exploité. Par peur de l’abîmer ? Le Midi, après avoir montré ses plus noirs aspects, garde ses secrets intacts.


Titre : Chants d’automne (nouvelles)
Auteur : Christian Jougla
Couverture : photo : château de Clermont-L’Hérault
Éditeur :La Clef d’Argent
Collection : KholekTh
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 19
Pages : 287
Format (en cm) : 17,5 x 11 x 2,5
Dépôt légal : octobre 2012
ISBN : 9791090662094
Prix : 15 €



Nicolas Soffray
15 novembre 2012


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