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Ile Infernale (L’) (T1)
Yusuke Ochiai
Komikku éditions

En 20X8, le Japon a modifié sa législation pénale pour lutter contre une criminalité en véritable explosion à cause de la crise économique mondiale. Etant montré du doigt à cause de la peine de mort, le gouvernement nippon a instauré une sentence qu’elle avait abandonné depuis bien longtemps : le bannissement sur une île de l’archipel. Et plus le crime est important, plus l’exil se situe sur une île éloignée des îles principales du Japon. Pour les meurtriers et les lourdes peines, c’est direction sans retour vers l’île infernale, l’enfer sur terre. C’est pourtant vers cette destination que se dirige Mikoshiba. Mais contrairement aux autres condamnés, s’il a tué cinq hommes, c’était tout simplement pour être envoyé vers ce lieu de perdition, afin d’y retrouver un homme...



Comment un journaliste plein de conviction et d’humanisme a pu en arriver à assassiner cinq personnes ? Quel secret cache donc Mikoshiba ? Et contrairement aux autres condamnés, il s’est préparé à affronter ce que cachent les lourde portes qui séparent les hommes libres des bannis. Une jungle somme toute banal les accueille. Mais ce n’est pas tant la flore que la faune locale qu’il faut redouter, une faune formée des taulards devant lutter chaque instant pour sauver leur peau. Des hommes retournés à l’état sauvage comme ceux qui vont tenter de massacrer son groupe pour quelques vêtements. Toutefois, il faudra plus que cela pour effrayer Mikoshiba, mu par une force encore plus forte que la peur : la vengeance. Sa direction : la ville où semble s’être instaurée une dictature, traitant les faibles en esclaves. Pourtant, celui qui les accueille est plutôt affable, proposant même à Mikoshiba et à son compagnon d’infortune un repas. Toutefois, pour rester dans la ville, il leur faudra passer une épreuve.

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La librairie Komikku se lance dans l’édition de manga sous le timbre Komikku Editions. « L’ile Infernale » est donc leur première publication, une série en trois tomes qui sortiront au rythme d’un tous les trimestres. C’est aussi la première oeuvre du mangaka Yusuke Ochiai, publiée en France.

« L’ile Infernale » reprend un thème assez à la mode en ce moment : la survie en milieu hostile au milieu d’une île. Entre « Suicide Island » ou encore « Btooom ! », ce thème revient en force. Mais Yusuke Ochiai se rapproche plus de « La Mosca » pour la base du scénario : le héros se fait enfermer volontairement dans l’île prison pour retrouver quelqu’un. Mais alors que Hyung-kyu Kang visait le fantastique avec des crayonnés aux lignes très marquées et aux pleines pages impressionnantes, Yusuke Ochiai s’attaque plus aux déviances d’humains bien réels, avec un crayonné plus léger, faisant plus penser à des estampes concernant ses doubles pages. Le mangaka nous présente donc un héros taciturne, prêt à tout, même à tuer pour se venger, le rebelle type qui fait le bonheur des seinen. Mais ce héros n’a pas de pouvoirs, hormis une soif de vengeance infinie. Le mangaka va même se permettre de nous offrir quelques fausses pistes sur la nouvelle identité de l’homme recherché par Mikoshiba.

En fait, l’association de ces thèmes, peu originaux pris indépendamment, finit par nous donner un récit plutôt prenant, le découpage des planches étant assez rythmé, les scènes d’actions se partageant l’avant scène à part égale avec les discussions posant l’univers de cette île et des principaux personnages. Et nous passons en gros de « Btooom ! » à « Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre » sans la moindre difficulté. Toutefois, trois tomes semblent être bien court pour développer un monde qui aurait pu donné lieu à une série plus touffue. Pour le moment, Yusuke Ochiai développe intelligemment son histoire, espérons qu’il ne sera pas obligé de l’accélérer artificiellement.

Son dessin est très adulte, ultra réaliste, et sans concession. La qualité est très homogène et les petites cases ont subi la même qualité de style que les très réussies pleines pages. Certes, on remarquera de-ci, de-là, des petites faiblesses dans les traits des personnages, mais absolument rien de rédhibitoire et qui ne diminue en rien le plaisir de cette lecture. Les personnages sont très expressifs, utilisant les caractères propres aux protagonistes pour passer du peu expressif Mikoshiba à l’exubérant Hirofumi.

« L’ile Infernale » s’avère être un manga de qualité, qui permet à Komikku Editions de débuter en beauté.


L’Ile Infernale (T1)
- Auteur : Yusuke Ochiai
- Traducteur  : Arnaud Delage
- Éditeur français : Komikku éditions
- Pagination  : 208 pages
- Date de parution : 11 octobre 2012
- Numéro IBSN : 979-10-91610-00-1
- Prix : 7,90 €


© Yusuke Ochiai 2009
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
23 octobre 2012




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