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Sept (T14) Sept Pistoleros
B. Ayala, D. Chauvel & A. Sarchione
Delcourt

Depuis quelques épisodes, la qualité de la série « Sept » augmente crescendo. Après l’excellent « Sept Détectives », l’amélioration semblait très difficile, voire impossible. Et pourtant.
Partant d’un concept narratif classique, celui des westerns spaghetti, les auteurs nous proposent un scénario riche, plein de Smith et Wesson, de Stetson et de hordes de mexicains. Un hommage parfait aux films cultes du genre.



Qui oserait aujourd’hui proposer une BD dont le thème principal serait celui du Far West et de ses charismatiques cow-boys ? La tâche est particulièrement risquée, tant le projet pourrait souffrir de la comparaison avec les meilleurs films de Sergio Leone et Sergio Sollima. David Chauvel, l’auteur à l’origine de la série « Sept » l’a osé.
David Chauvel avait écrit le scénario du deuxième tome de la première saison. Avec l’aide de Bastien Ayala, il participe ici à l’écriture du septième et dernier volume de la seconde saison. Sans doute le dernier album de la série. Il tenait visiblement à clôturer lui-même cette saga originale.

Le principe de la série “Sept”, lancée en 2007, est assez simple. Réunir sous une même bannière une succession de one-shots ayant pour seul point commun le thème suivant : « sept personnages ont une mission à remplir ». Deux saisons de sept épisodes ont aujourd’hui permis à de nombreux auteurs de participer au projet. Même si l’intérêt de posséder les quatorze tomes de la série peut sembler limité, certains albums ressortent du lot. “Sept Pistoleros” fait clairement partie du haut du panier.

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A la veille du XXème siècle, une poignée de riche industriel américains de réunissent à New-York pour décider du sort du reste du continent. Selon eux, la conquête de l’Ouest est une époque qu’il faut oublier car elle est jugée trop mauvaise pour les affaires. Les chemins de fer, les banques, l’exploitation du coton et la découverte du pétrole n’ont plus besoin des pauvres cowboys solitaires, considérés comme les derniers vestiges d’une époque révolue. Pour éradiquer le problème, l’élite américaine élabore un plan complexe : mettre une prime exorbitante sur la tête des sept plus grands pistoleros du pays réunis au Texas. Cette mise à prix devrait attiser tous les renégats de l’Ouest et faire en sorte qu’ils s’entretuent. Comme le dit l’un des industriels : « en affaire, le meilleur moyen de se débarrasser d’un rival est de laisser un autre rival s’en occuper ». Peu de temps après la diffusion des avis de recherche, une armée de desperados mexicains, de chasseurs de primes en tout genre, et même de membres sudistes du KKK se ruent sur les portes de la citadelle abritant les sept rois de la gâchette. Tout ce que le grand Ouest compte de gringos et de bandits appâtés par la prime se retrouve dans cette région du Texas. L’affrontement est inévitable, offrant au lecteur des scènes de fusillades d’anthologie.

Le caractère des sept justiciers solitaires est parfaitement défini. Les soixante-quatre pages de l’album laissent la place à la description des héros, leur passé, leur psychologie. Bien sûr, comme dans tout western digne de ce nom, les personnages sont assez caricaturaux, mais les auteurs, par un subtil jeu de flash-backs, prennent le temps de présenter les protagonistes. Dans cet hommage aux films italiens mythiques de notre enfance, il n’y a pas vraiment de gentils et de méchants, bien que l’on s’attache très rapidement aux sept résistants. On retrouve ainsi l’irlandais alcoolique, le gringo mexicain sanguinaire, l’indien silencieux, le repenti, la prostituée, le joueur de poker, l’homme d’église ayant échangé son crucifix contre une gatling, le spécialiste des armes à feu, l’amateur d’explosifs… Les habitués des films de Sergio Leone ne seront pas déçus.

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Les références à ce sous-genre de western sont nombreuses. L’univers de la BD, d’une manière générale, retranscrit admirablement bien les ambiances de ce monde dont l’individualisme et l’anarchie en constituent les piliers. L’ordre est réglé par le révolver, la loi est celle du plus fort.
Le livre reprend l’humour noir, voire macabre, cher à ces films. J’ai particulièrement apprécié la réplique : « Il pleut du mexicain !! ». Je vous laisse découvrir la situation…
Des clins d’œil, plus subtils et plus précis, font références à certaines scènes des œuvres cultes du genre comme le moment où « Le Vétéran » explique comment sept mercenaires ont défendu un village, et la fameuse réplique « le monde se divise en deux catégories ».
Même les dessins d’Antonio Sarchione rendent hommage aux meilleures productions du genre. Certains ne pourront pas s’empêcher de reconnaître ici Lee Van Cleef, la brute dans “Le Bon, la brute et le Truand”, là Clint Eastwood, ou ici encore Charles Bronson. Chaque protagoniste, pourtant nombreux, de l’album est facilement reconnaissable.
Le cadrage, avec ses gros plans caractéristiques, reprend parfois la mise en scène des œuvres italiennes. Quelques grandes images améliorent l’esthétique des planches et dynamisent la lecture.
Les décors extérieurs ne fourmillent pas de détails mais il faut reconnaître que la tâche n’est pas aisée quand l’action se passe en plein désert… les décors intérieurs sont assez fins et reprennent les codes du genre comme le saloon dévasté après une bagarre ou les murs crasseux de l’habitation des sept pistoleros. Parfois, on retrouve un peu les traits des premiers “Blueberry” de Jean Giraud. Excusez du peu !

La série est maintenant achevée. David Chauvel prépare une nouvelle série concept, “La Grande Évasion”, qui devrait l’occuper à temps plein. Ce quatorzième album clôture dignement une série qui aura su nous surprendre, nous enthousiasmer même parfois. Chacun pourra décider de son album fétiche. Dans tous les cas, “Sept Pistoleros” fera incontestablement partie des meilleurs. Comme dirait l’autre : « C’était la dernière séance et le rideau, sur l’écran, est tombé »…


(T13) Sept Pistoleros
- Série : Sept
- Scénario : Bastien Ayala et David Chauvel
- Dessin : Antonio Sarchione
- Couleur : Custom Art Studio
- Directeur de la série : David Chauvel
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Conquistador
- Dépôt légal : 5 septembre 2012
- Format : 230 x 320 mm
- Pagination : 64 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-2620-6
- Prix Public : 14,95 €


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Illustrations © Sarchione et Delcourt (2012)



Allison & Julien
31 octobre 2012




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