Genre : science-fiction, action
Durée : 1h50
Avec Bruce Willis (Joe plus âgé), Joseph Gordon-Levitt (Joe), Emily Blunt (Sara), Paul Dano (Seth), Piper Perabo (Suzie), Jeff Daniels (Abe, le patron des Loopers), Pierce Gagnon (Cid), Xu Qing (La femme de Joe, plus vieille),...
Dans un futur proche, le voyage dans le temps n’existe pas encore mais sera découvert 30 ans plus tard... et immédiatement prohibé. Toutefois, la mafia comprend vite l’intérêt de ce mode de voyage, alors qu’à leur époque il est impossible de cacher un corps, repérable sans difficulté par les autorités. Pour se débarrasser de gêneurs, la mafia envoie leurs victimes 30 ans plus tôt, où les attendent des tueurs à gages, les « loopers ». Leur rôle : abattre la victime qui arrive cagoulée, récupérer son paiement sous forme de plaques d’argent et brûler le corps. Mais un jour, Joe découvre que sa victime est non seulement lui-même plus âgé de 30 ans mais qu’elle parvient à le neutraliser... Car Joe a une mission : éliminer le maître des pluies, un homme mystérieux qui élimine peu à peu tous les loopers.
« Looper » pourrait n’être qu’un nouveau film sur le voyage temporel, mais Rian Johnson va s’amuser à jouer avec les codes. Tout d’abord en pervertissant cette magnifique invention, devenue une sorte d’incinérateur à ennemis de la mafia. De ce côté, Rian Johnson se rapproche du « Terminator » de James Cameron. Comme son illustre prédécesseur, il fait venir un être du futur pour changer le passé. Mais cette fois, le héros n’aura aucun remords à se confronter à sa version plus jeune, quitte à subir les conséquences de ce paradoxe temporel. Et au lieu de l’éviter, Rian Johnson nous montre au contraire quels sont les impacts des actions du vieux Joe. Toutefois, le scénariste ne nous fait pas de longs discours sur ces paradoxes, d’ailleurs il élude la question par une petite phrase de Bruce Willis. En fait, Rian Johnson préfère le visuel qu’une longue tirade et donnera toutes les lois qui s’y applique à travers la mort de Seth, qui est à la fois la scène la plus violente et impressionnante que l’on ait pu voir dans un film grand public sans jamais être gore, voire même sans la moindre goutte de sang. Une scène d’anthologie à montrer aux jeunes réalisateurs voulant faire de l’horreur.
Mais ce film est en fait un « deux en un » car c’est aussi un film de super héros. Rian Johnson nous appâte doucement en annonçant que la population mondiale a vu une explosion des dons de télékinésie, et la seconde partie du film va développer ce sujet à travers le personnage du jeune Cid. Pierce Gagnon, le jeune acteur, est d’ailleurs très impression et particulièrement inquiétant. Un petit génie d’après Rian Johnson, très impressionné par le jeu naturel de l’enfant et sa capacité à se souvenir des répliques. L’ambiance qui sera imprimée dans cette partie a largement été influencée par Katsuhiro Otomo et, certes « Akira », mais surtout d’un autre manga de l’auteur : « Domu » (« Rêves d’enfant », édité aux éditions Les Humanoïdes Associés). D’ailleurs, Rian Johnson avoue avoir repris une scène du manga dans son film. Cette fois, le réalisateur fait de l’ultra-violent, sanglant, rompant avec sa logique de début de film. Impressionnant, interpellant, purement génial. Cette partie est très forte car menée tambour battant alors que la première posait l’histoire et les personnages.
Et le véritable héros est bien Joe joué par Joseph Gordon-Levitt, ami de longue date de Rian Johnson avec qui il avait tourné « Brick ». D’ailleurs, la première rencontre entre les deux Joe, avec une fin qui interpelle, est là pour démontrer que c’est lui le personnage principal et non le vieux Joe joué par un très bon Bruce Willis, qui n’hésite pas à montrer ses rides à l’écran mais surtout à jouer des scènes qui rompent définitivement son image de « gentil ». Rian Johnson explique d’ailleurs qu’il ne s’attendait pas, d’abord à ce que Bruce Willis accepte de jouer dans son film, mais surtout qu’il ne pose strictement aucune condition sur les scènes. En vengeur totalement à côté de la plaque, cherchant à changer le futur sans savoir si cela marchera, Willis file un bon coup de pied aux culs de ceux qui l’avaient trop rapidement enterré. Avec de tels acteurs, Emily Blunt peine un peu à faire sa place, même si elle est excellente en mère ayant perdu l’amour de son fils le jour où elle l’abandonna à sa soeur. Un rôle tragique, très fort, qui est en fait le coeur de toute cette histoire, mais je vous laisse le découvrir.
« Looper » est un film à multiple facettes, interpelant sur le destin, le côté inéluctable ou non du futur. Mais c’est surtout un excellent film, magnifiquement tourné, bourré de références à « Akira », « Blade Runner »... et qui démontre que le cinéma de vrais auteurs a encore une longue vie devant lui.
FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Rian Johnson
Scénariste : Rian Johnson
Producteur : Ram Bergman, James D. Stern
Coproducteur : Christopher C. Chen, Eleanor Nett, Lucas P. Smith
Producteur exécutif : David Pomier
Producteur délégué : Julie Goldstein, Joseph Gordon-Levitt, Douglas Hansen, Dan Mintz, Peter Schlessel
Coordinateur des cascades : Dion Lam
Directeur artistique : James A. Gelarden
Chef costumier : Sharen Davis
Chef monteur : Bob Ducsay
Chef décorateur : Ed Verreaux
Chef coiffeur : Andrea Young
Compositeur : Nathan Johnson
Directeur de la photographie : Steve Yedlin
Directrice du casting : Lindsay Graham, Mary Vernieu
Chef maquilleur : Kimberly Amacker, Jack Lazzaro, Aimee Stuit, Emily Tatum
Directeur de post-production : Tim Pedegana
Régisseur général : David Pomier
Ingénieur du son : Jeremy Peirson
Superviseur des effets spéciaux : Manasi Ashish, Nicholas Avallone, Brent Droog, Karen E. Goulekas
Production : Endgame Entertainment, Ram Bergman Productions, DMG Entertainment
Distributeur France : SND
Attaché de presse : Etienne Lerbret, Anais Lelong
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