Je l’avoue, je suis un grand fan de la série “Cross Fire”. Alors quand son scénariste, Jean-Luc Sala, se lance dans une aventure d’espionnage britannique, forcément, je fonce. Oui mais voilà, une BD ne fait pas l’autre et force est de constater que cette nouvelle série souffre de la comparaison. Pourtant, tout n’est pas mauvais dans “Spynest”. Loin de là.
L’idée originale de Jean-Luc Sala était de mêler les faits historiques de la Seconde Guerre Mondiale, le passé plus ou moins connu de Ian Fleming et une bataille fictive contre le nazisme. Le projet était ambitieux. Pour cela, le scénariste a tout d’abord réalisé un important travail de recherche. Ce travail préparatoire transparait clairement dans les planches de ce deuxième opus. On regrette même un peu que l’auteur ne puisse s’empêcher d’annoter ses cases d’astérisques taguées « authentique » en bas de nombreuses pages. Après tout, si l’histoire est crédible, elle n’a pas besoin de justifier ses crédits historiques. Mais c’est peut-être là que le bas blesse. En fait, malgré ses nombreuses références historiques, le scénario léger de cet épisode peine à convaincre. Les longs discours patriotiques en pleine course poursuite, la présence de nazis masqués et les combats sur une aile d’avion en plein vol (spéciale dédicace à Ozone !) sont autant d’éléments qui laissent un goût mitigé à la lecture.
Quand on regarde un “James Bond”, on sait ce que l’on va y trouver : une chute libre derrière un avion, une voiture invisible, une étrange station spatiale ou un char dragon. L’univers est purement fictif et on s’y plonge avec délectation. A l’inverse, la série “Spynest” recherche l’authenticité historique. Du coup, les éléments fantastiques sont perçus, selon moi, comme des incohérences dans le récit. Il aurait sans doute été préférable de jouer la carte de la fiction à fond. L’immersion dans cette aventure pleine d’actions aurait été plus grande.
D’une manière général, les personnages ne sont pas très charismatiques. Là encore, on regrette la série “Cross Fire” et son emblématique Angelo Contanza. Le couple Fleming-Crow peine encore à nous faire rêver, obligés de se mettre au second plan tant l’action accapare l’espace dans cet album explosif. Il leur reste un tome pour nous persuader.
Le scénariste a garni son histoire de petites phrases sarcastiques ou de situations cocasse. Ces détails, sans être des traits humoristiques exceptionnels, dynamisent la lecture. Cet album se lit d’ailleurs très vite tant les scènes d’actions et les rebondissements sont nombreux. La lecture de ce deuxième opus fait ainsi passer un bon moment.
Les graphismes de Christophe Alliel relèvent grandement le sentiment général. Les visages sont bien dessinés et on reconnait sans peine les traits de certains personnages historiques. Les véhicules sont également très bien modélisés et reflètent parfaitement la volonté de crédibilité historique des auteurs. Quelle plaisir de voir un avion BV141 aussi bien représenté !
La série “Spynest” est une trilogie et il est indispensable de disposer des trois volumes pour parfaitement comprendre le scénario. Le dernier épisode s’intitulera “Mission 3 : Opération Aiglon”. Aucune date de sortie n’a été annoncée pour le moment.
(T2) Mission 2 : Opération Excalibur
Série : Spynest
Direction de la série : Jean Wacquet
Scénario : Jean-Luc Sala
Dessin : Christophe Alliel
Couleurs : Facio
Éditeur : Soleil Productions
Dépôt légal : 20 juin 2012
Format : 240 x 320 mm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-3020-2334-5
Prix Public : 13,95 €
Illustrations © Alliel et Soleil Productions (2012)
