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Une nuit à Rome (T1)
Jim
Grand Angle

Une bande dessinée construite comme un roman ou plutôt comme un scénario de drame romantique.
D’un style plutôt classique et consensuel, une histoire d’amour tragique sur fond d’infidélité et de démon de midi.



Dans le premier tome de ce diptyque, Jim nous présente Raphaël, à l’aube de ses quarante ans. Sa vie est insouciante, une jolie compagne, un boulot qui lui convient, des amis fidèles, un appartement cossu. Tout va bien pour lui mais son amour de jeunesse va le rattraper et tout chambouler. Il est donc question ici, bien entendu, de crise de la quarantaine, et du « et si tout avait été différent ». Qui ne s’est jamais posé la question de ce qu’aurait été sa vie s’il avait prit un chemin différent, une décision différente, une vie différente. Notre héros, va y être entrainé, presque malgré lui, par une ex-copine qui se rappelle à son bon souvenir.

Lors de sa fête d’anniversaire entre amis, organisée par sa compagne, Raphaël, quarante ans, reçoit une cassette vidéo parmi ses cadeaux. Sur ce film, il a vingt ans et une jolie petite amie : Marie. Il se souvient de ce jour lointain, de cet amour de jeunesse et de cette promesse de passer leur quarante ans ensemble, justement, à Rome. Pourquoi Marie lui a-t-elle envoyé cette cassette ? Est-ce là une occasion de changer de vie, de renouer avec sa jeunesse, de tout plaquer pour une relation avec cette femme sulfureuse ? Mais est-ce raisonnable ? Si l’on en croit les premières pages du livre, celles qui présentent la fin tragique de l’idylle entre Raphaël et Marie, ce n’est visiblement pas une bonne idée…

Les dessins sont léchés, classiques et réalistes. Rien à redire de ce côté-là si on aime ce style. Un seul détail a chiffonné mon féminisme naturel : la nudité quasi permanente de Marie. Sans doute est-ce pour induire le fait qu’elle est vénéneuse et sexy en diable. La tentation, le fantasme incarné. Messieurs, qui ne voudrait pas la même à la maison ? Mais, du coup, on a un peu la même impression que lorsque l’on visionne une publicité pour du dentifrice avec une fille nue au premier plan pour attirer le chaland. Est-ce bien indispensable à l’intrigue ?

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Côté scénario, je suis un peu déçue par le manque d’originalité de cette histoire. Les ficelles sont assez voyantes et trop classiques à mon goût. Cela m’évoque un peu les romans de Marc Levy, les films français avec Nathalie Baille, voire les téléfilms de l’après-midi de M6. En tant qu’ancienne lectrice de Levy, ayant été lassée de certaines répétitions dans les intrigues, j’ai malheureusement retrouvé dans cet album les ficelles, les facilités narratives qui m’avaient éloignée de cette littérature à succès. On est loin des drames sentimentaux que j’affectionne en BD telle la saga “Sambre” de Yslaire. Dommage. Surtout que l’auteur, qui officie à la fois au scénario et aux dessins, s’était donné du temps pour développer l’intrigue et les personnages. Cent pages exactement ! Il y a un sans doute un vrai public pour cet album, qui va adorer l’esthétique, l’intrigue et la psychologie des personnages. Mais ce n’est pas moi. Je ne suis pas assez midinette ou bien pas assez âgée pour apprécier cet opus à sa juste valeur. La cible idéale doit, selon moi, être capable de s’identifier aux héros, proche de la quarantaine et légèrement nostalgique. Car le point fort du scénario de Jim est de présenter une image assez réaliste des quarantenaires occidentaux actuels, heureux en famille, ayant connu plusieurs unions et souhaitant, parfois, retrouver leur vie adolescente. Par des dessins classiques et une histoire romantico-tragique, l’auteur vise une catégorie de lecteurs qui ne viennent pas spontanément à la BD. Des femmes essentiellement. La bonne vieille ménagère en somme.

On décèle, dès le début, la volonté de dérouler l’action comme un synopsis. Une adaptation cinématographique est même en cours si l’on en croit l’éditeur. Ce n’est pas étonnant car le déroulé de l’histoire s’y prête à merveilles, à se demander si cela n’était pas prévu d’avance. Le diptyque fait d’ailleurs partie de la collection Grand Angle, dont le sous-titre évocateur est « La Bd comme au cinéma ». Tout un programme ! On verrait bien Sophie Marceau en Marie et un acteur comme Romain Duris en Raphaël par exemple.

Je ne suis donc définitivement pas le public visé par cette série. C’est sans doute pour cela que je n’ai pas accroché. Pourtant, les critiques de la presse professionnelle sont élogieuses et prometteuses. Celles des lecteurs sont plus mitigées.
J’attends de voir tout de même ce que révèle le second et dernier tome de cette histoire, pour savoir si j’ai été présomptueuse de penser que le scénario était cousu de fil blanc. Encore une fois, je le répète, ce genre d’histoire n’est pas du tout un style que j’affectionne, tant en BD, qu’en littérature classique ou au cinéma. Il était donc prévisible que je sois dubitative sur le sujet. J’aurai aimé être un peu plus surprise.

Le mieux reste donc que vous vous fassiez votre propre opinion, en parcourant la dernière œuvre de Jim, si possible avant de l’acheter pour ne pas être déçu.


(T1) Une nuit à Rome
- Scénario : Thierry Terrasson, alias Jim
- Dessin : Thierry Terrasson, alias Jim
- Éditeur : Grand Angle
- Dépôt légal : 2 mai 2012
- Format : 214 x 290 mm
- Pagination : 104 pages couleurs
- ISBN : 978-2-8189-0970-6
- Prix Public : 17,90 €


Illustrations © Jim et Bamboo (2012)



Allison & Julien
22 octobre 2012




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