Grâce à l’intervention du monstre connu sous le nom de Ogerth le sinueux, Valgar échappa aux chiens de Thorgerr. Mais sa soif de justice le poussa dans un voyage vers la côte sud de l’île. Il compte y trouver l’aide de Skarperdinn, le fils du sage et très respecté Njall le brûlé. Valgar sait que le soutien de Njall au Conseil lui permettrait d’être reconnu comme le mari d’Astridr et récupérer son fils. Seulement le destin avait décidé de le faire souffrir et ce sera à travers la femme de Skarperdinn, Hildegirrd, la trop belle et indépendante. En arrivant devant le roi, Valgar découvre un territoire à l’aube d’une guerre.
Jean Dufaux n’est pas un scénariste de BD, c’est définitivement un historien qui prend plaisir à écrire des scénarios de BD. Quelle que soit l’époque, il se sent en terrain conquis et nous convie à découvrir telle ou telle période de l’histoire. Mais ici, il va encore plus loin puisqu’il s’attèle plus à un style qu’à une époque : la Saga nordique. La saga est un style littéraire bien particulier, que ce soient les fameuses « Eddas », l’histoire des Dieux nordiques, ou encore les différentes saga des héros comme Siegfried, ce genre littéraire ne pouvait que tenter ce génialissime auteur. Et son défi est double : non seulement reproduire l’atmosphère des Sagas, mais faire passer celle-ci à travers différentes saisons indépendantes, la première regroupée dans un diptyque.
Deux tomes pour conter la saga d’un héros, une gageure ? Pas vraiment car ce style littéraire permet de faciles sauts dans le temps et certaines ellipses en passant par l’écrit. Beaucoup d’informations se retrouveront donc dans les encarts ou les dialogues, les images ne présentant que les principales scènes. Et l’histoire de Valgar se lit avec une grande fluidité, dans un style que l’on pourrait classer comme « old school », les albums modernes privilégiant surtout le visuel. Cette façon de raconter une histoire fait penser aux romans de la saga des Conan de Robert E. Howard. Valgar aura donc tout du héros nordique, avec tous les malheurs du monde lui tombant dessus sans crier gare : la perte de sa femme, de son fils, la trahison de ceux qui devraient l’aider. On y retrouve aussi l’éternelle femme fatale, le complot associé à la soif de pouvoir. Le héros est toujours un peu naïf, mené par son destin sans pouvoir y échapper.
Si je n’étais pas surpris de la facilité avec laquelle Jean Dufaux s’est approprié le style de la Saga, j’avoue avoir été très agréablement surpris par les dessins de Mohamed Aouamri. Je ne connaissais pas ce dessinateur mais, après avoir lu ce premier tome de la « Saga Valta », je comprends mieux pourquoi lui fut confié le sixième tome de « La Quête de l’Oiseau du temps ». Son héros rappelle bien sur Thorgal par son style graphique mais surtout la qualité du dessin, les expressions des personnages très réalistes, les détails des tenues et des décors. Tout est là pour nous immerger dans ce monde impitoyable des guerriers du Nord, des redoutables Vikings. Si un exemplaire noir et blanc existe, je conseillerai de lire impérativement la version couleur car le travail de Benbk est tout bonnement remarquable et transcende littéralement les crayonnés de Aouamri. Rares sont les albums où la colorisation est aussi soignée et il faut saluer le remarquable duo formé ici par le dessinateur et le coloriste.
S’il manquait une Saga nordique magnifiquement illustrée dans l’escarcelle de Jean Dufaux, la voici !
Saga Valta (T1)
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Mohamed Aouamri
Couleur : Benbk
Éditeur : Le Lombard
Dépôt légal : 1er juin 2012
Format : 240x315 mm
Pagination : 56 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782803630332
Prix public : 14,45 €
© Dufaux, Aouamri - Le Lombard
