Juin 2003, le coupable plus que supposé des meurtres de la Green River est enfin arrêté grâce à des tests ADN. Seulement, pour éviter la peine capitale, Gary Ridgway accepte de passer un marché avec le procureur : contre une remise de peine, il propose en échange de les amener sur les lieux où subsistent des corps de victimes encore non découvertes par la police. Tom Jensen n’est alors plus qu’un simple consultant auprès des forces de l’ordre. Lui qui dirigea l’enquête pendant près de vingt ans se retrouve enfin face à l’homme qui lui a pourri sa vie de famille. Seulement très vite, les inspecteurs déchantent car Ridgway s’avère incapable de leur donner des éléments concrets sur les fameux emplacements.
Jeff Jensen, le scénariste du « Tueur de la Green River », est en fait le fils de Tom Jensen, l’inspecteur en charge de l’enquête. C’est donc un témoignage hors du commun et très intéressant qui nous est donné à travers ce one shot. Jeff Jensen est à la base un célèbre journaliste américain travaillant pour l’Entertainment Weekly. Il s’est inspiré des récits de son père pour alimenter son enquête sur ce tueur peu connu au final en France. Gary Ridgway aurait tué entre 49 et 71 personnes, quasiment que des prostituées sur une période de vingt ans. La page en français de ce tueur sur Wikipedia est symbolique du peu d’intérêt qui lui fut porté, comparé à la page de Ted Bundy.
Le comics de Jeff Jensen nous met dans la position de l’enquêteur et va nous décrire le tueur à travers deux périodes : avant et après son arrestation. L’image qu’il donne de Ridgway est très critique, surtout dans la partie post arrestation où ce dernier n’arrive même pas à se rappeler comment il a tué et où il a laissé les corps. Tactique pour sauver sa peau ? Nous n’en saurons rien, mais Jensen va nous faire un portrait sans concession et sans cacher la violence de ces actes.
Quoique le terme « montrer » serait plutôt pour Jonathan Case, le dessinateur sur le one shot. Son choix s’est porté sur le noir et blanc et sur un style parfois « old school », ce qui nous ramène à des atmosphères faisant penser au film « Zodiac » ou encore la série « Cold Case ». Son dessin est très réaliste et Case nous montre les cadavres sans fausse pudeur, affichant la barbarie de ces meurtres. C’est toujours plus difficile de garder de l’objectivité quand on aborde de véritables victimes de tueurs en séries et il faut admettre que ce duo d’auteurs est parvenu à faire un album très instructif sur cette affaire et aussi plutôt objectif. Certes, il n’y pas d’action et le rythme est assez lent, mais c’est la réalité de l’enquête qui nous est donnée par une histoire non aménagée version Hollywood et il faut l’accepter comme telle.
Avec la préface tout aussi intéressante de Stéphane Bourgoin, spécialiste en tueurs en séries, « Le Tueur de la Green River » s’avère être un album pour un public cherchant des enquêtes policières sur faits réels et parfaitement documentées.
Le Tueur de la Green River
Scénario : Jeff Jensen
Dessin : Jonathan Case
Traduction : Astride Mélite
Éditeur : Ankama
Collection : Hostile Holster
Dépôt légal : 10 mai 2012
Format : 160x240 mm
Pagination : 240 pages
Numéro ISBN : 978-2-35910-324-3
Prix public : 15,90 €
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