L’homme a offert à Sei un cadeau qui va s’avérer très précieux : un chiot. Tout de suite, le garçon va dresser l’animal pour la chasse et après quelques petites erreurs, le chiot se révèle particulièrement doué et quand on chasse à l’arc, avoir un bon pisteur est primordial. Ainsi le petit Ikiru devint le nouveau compagnon d’un Sei qui se découvre des capacités de survie encore insoupçonnées. Mais il est temps de revenir au camp auprès de ses camarades. Sur le chemin, il croise une jeune fille menacée par deux hommes. Le nouveau Sei ne peut laisser faire un tel acte et, armé de son arc et de ses flèches, il est un prédateur redoutable. Son retour à la maison est célébré comme il se doit, chacun découvrant surtout avec plaisir la viande. Mais une mauvaise nouvelle l’attend. Ryo, que tous considèrent comme le leader du groupe, a décidé de construire un radeau afin de quitter l’île.
Kouji Mori poursuit l’étude de ses jeunes suicidaires, isolés sur « Suicide Island ». Son mode rédactionnel oscille entre le manga classique et une sorte de documentaire sur l’art de la chasse. Kouji Mori entre réellement dans le détail du dressage d’Ikiru, précisant certaines qualités nécessaires à tout bon chien de chasse. On se retrouve presque dans un roman d’aventure, avec la découverte de mère nature, comme dans les oeuvres de Jack London. Le jeune Sei expérimente la vie sauvage et renait réellement au contact de la vie primitive. Une vision écologique mais aussi franchement pessismiste du monde moderne. En fait, Sei prend conscience des valeurs qu’il avait oubliées en observant la nature et les animaux et surtout, en devenant un chasseur hors pair. Un véritable retour au source de l’humanité pour réintégrer cette même humanité. On peut voir aussi dans cet isolement dans la montagne de Sei un côté plus mystique, voire biblique, où Dieu sera en fait Mère Nature.
Mais si l’histoire de Sei devient de plus en plus positive, le récit est loin de tout positiver. Et le départ de Ryo vers la côte sera le symbole de ce pessimisme. Kouji Mori nous montre les limites d’une société qui s’appuie sur un leader unique, surtout quand celui-ci s’en va. Les réactions de Sei et des autres habitants de l’île sont symboliques d’une société sans véritable fondation qui peut du jour au lendemain retomber dans la pire sauvagerie. Le discours de Kouji Mori est particulièrement extrême dans le besoin du retour à la nature et aux vraies valeurs qui lui sont liées. Ce sera l’occasion de connaitre le passé de Ryo et surtout ce qui le pousse à vouloir se suicider. L’histoire du jeune homme sera assez surprenante, le lecteur s’attendant à une bande d’asociaux qui se complaisent dans le suicide car n’ayant pas le courage d’affronter le monde réel. Mais ce sera tout autre et l’empathie envers le jeune personnage fonctionne.
Ce tome 3 de « Suicide Island » s’achève sur une note très pessimiste comme malheureusement on pouvait s’en douter. Mais cela paisse aussi présager des heures sombres pour le groupe... et un retour dans la montagne de Sei...
Suicide Island (T3)
Auteur : Kouji Mori
Traducteur : Frédéric Malet
Éditeur français : Kaze Manga
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 224 pages
Date de parution : 1er juin 2012
Numéro ISBN : 978-2-82030-376-9
Prix : 7,69 €
A lire sur la Yozone :
Suicide Island (T1)
Suicide Island (T2)
JISATSUTOU © 2009 by Kouji MORI / Hakusensha, Inc.
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