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Wolfsmund (T2)
Mitsuhisa Kuji
Ki-oon

Le canton d’Unterwald vit sous la terreur de l’envahisseur autrichien. Les soldats des garnisons effectuent une répression sanglante sur la rébellion. Et depuis quelques temps, des éléments clés de celle-ci tombent entrent les mains du bourreau. Leur torture est bien sûr réalisée en place publique, pour bien montrer à ceux qui auraient quelques velléités d’entrer dans la clandestinité que le prix à payer est très élevé. Toutefois, Eva s’en fiche bien, tout ce qu’il l’intéresse, c’est le paraître : l’argent, les bijoux, les belles robes. Elle a épousé un aubergiste en espérant qu’il la couvrirait de bagues et de colliers, mais avec la guerre, les temps sont durs. Pourtant, il parvient toujours à amasser assez d’argent pour assouvir ses caprices de petite fille gâtée. Il faut dire que Hans n’a pas que des activités bien honnêtes....



Les actes de rébellion augmentent de façon inquiétante et les insurgés reçoivent de l’aide de l’autre côté de la frontière, d’Italie. L’amman Wolfram de la forteresse du mont Saint Gothard, la Wolfsmund, est sous la pression du duc qui apprécie peu la perméabilité de la zone frontalière dont il a la charge. La menace de se retrouver au même niveau que ceux qu’il pourchasse ne l’enchante guère, toutefois, Wolfram peut compter sur son sens de l’observation et de déduction. Certes, les tests qu’il fait passer pour dévoiler les traîtres sont souvent très violents, comme pour cette jongleuse et sa fille. Elle se faisait passer pour une mère attentionnée, ne voulant que le bonheur de son enfant en passant la frontière, mais son attitude racontait une tout autre histoire. Et voir son enfant subir un frottis sanglant ne l’avait pas ému plus que cela. Encore une fois, Wolfram allait pouvoir montrer au duc toute son efficacité.

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Deux histoires composent ce deuxième tome de « Wolfsmund ». La première tranche avec celles qui avaient donné le ton de la série dans le premier tome. Cette fois, le lien avec la forteresse ne se fera que bien tardivement. Mitsuhisa Kuji va s’attacher à décortiquer un nouveau couple. Ce dernier sera assez caricatural mais c’est évidemment le traitement par le mangaka qui va le rendre intéressant. Il faut dire que c’est l’exemple du couple qui s’est formé par intérêt : la femme, matérialiste, ne vivant que dans le paraître et maltraitant son mari tant qu’il n’aura pas assouvi tous ses caprices, le mari, plus âgé, fier d’avoir épousé la plus belle fille du village dont il ne peut profiter car cette dernière se refuse à lui. Aucun des deux personnages n’est épargné par le regard acerbe de Mitsuhisa Kuji. Ils sont vraiment montrés comme deux ordures chacun dans son style et le paieront le prix cher. Car qui peut croire un traître ? C’est bien la morale que nous inculquera Wolfram pour cette première histoire.

La véritable héroïne de ce tome sera la patronne de l’auberge. Son attitude assez arrogante avait déjà surpris dans le premier tome et on ne savait trop où le mangaka voulait en venir sur ce personnage. Il va tout nous dire sur elle dans ce tome, ou plutôt nous dire le principale car elle restera encore avec son aura de mystère après la fin du tome. Toutefois, « Wolfsmund » n’est vraiment pas une série pour les dépressifs. Encore une fois, le ton sera dur, sinistre et surtout baignant dans ce que l’on pourrait considérer comme de l’injustice. Avec Mitsuhisa Kuji, même Robin des Bois finirait la tête tranchée. Sans pitié, pour ne pas dire sans moral. Le gentil ne gagne pas à la fin car la justice de Wolfram est implacable. Ce Sherlock Holmes sadique utilise son intelligence pour la pire des causes... et si finalement nous étions de son côté...

Ce tome 2 n’est vraiment pas en l’honneur des femmes, car Mitsuhisa Kuji nous décrit la gent féminine de la pire des manières. Après la femme futile et sans morale, nous avons droit à la mauvaise mère, la pire des putains. La scène de torture de la petite fille est extrêmement dur et l’attitude de la mère nous la fait très vite détester. Et c’est là toute l’ambiguïté vers laquelle nous entraîne peu à peu Mitsuhisa Kuji : nous faire apprécier son boucher de héros. Plus les pages défilent et plus ce seinen s’avère subversif et donc passionnant, attractif, car nous ramenant à la fois à nos plus bas instincts mais aussi à notre soif de justice et c’est bien la cohabitation des deux qui crée une forme de schizophrénie chez le lecteur : mais quoi penser de Wolfram ? Peut-on être fier de l’apprécier ou doit-on jouer les faux-culs en s’offusquant de tous ses actes ? Ah que j’aime quand un manga nous amène au bord de ce gouffre qui longe notre conscience !

Oui, « Wolfsmund » nous place face au pire aspect de l’être humain et on adore cela.


Wolfsmund (T2)
- Auteur : Mitsuhisa Kuji
- Traducteur  : Florent Gorges
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 176 pages
- Date de parution : 14 juin 2012
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-402-6
- Prix : 7,65 €


A lire sur la Yozone :
Wolfsmund (T1)


© 2010 Mitsuhisa Kuji
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
10 août 2012




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