Et c’est tout.
230 pages et la plupart de mes craintes se sont avérées fondées.
Allez savoir pourquoi, mais la guerrière de « Nuit Tatouée » se change, au contact d’un beau mutant à demi corbeau, en une adolescente au cœur de guimauve, balayant d’elle-même sa raison et son instinct, devenant proie, elle qui était chasseur.
La quête de Cléo avance lentement, et sur un chemin balisé : si ce chemin comprend certaines embûches « convenues » (rencontre avec des monstres, un vieux sage qui apporte la réponse tant espérée, une agression avec tentative de viol...), les découvertes ne décillent que l’héroïne. Tout lecteur un tant soit peu plus âgé que les 13 ans minimum (comme conseillé par l’éditeur) aura senti venir le moindre rebondissement de cette histoire.
Sauf peut-être ce naufrage dans la guimauve. Cléo se met à n’écouter que son cœur, qui bat la chamade, pour ne pas dire son bas-ventre (franchement, quelle idée de se « faire un gros câlin » sitôt sorti du camp du Passage, alors que le danger - gros comme une maison, qu’elle seule n’a pas vu venir - est omniprésent ?).

Tout ça finit dans une grosse bataille quand la cavalerie débarque, les méchants sont punis, comme de juste, et les gentils s’en tirent avec ce qu’il faut de pertes pour avoir des morts à pleurer avant d’aller de l’avant en faisant des câlins et des enfants métis qui mettront fin au racisme (enfin là j’anticipe)...

S’il n’y avait pas la qualité de plume de Charlotte Bousquet, je pense que j’aurai abandonné en cours de route. Et même ainsi, j’ai renâclé, désespérant devant la bêtise de cette héroïne tombée si bas pour une histoire d’hormones et incapable de voir les évidences lui crever les yeux.
Heureusement, au vu du massacre final de « Nuit Brûlée », on pourra stopper là sa lecture sans laisser trop de questions en suspens. Pour ceux qui continueront, j’espère que l’auteure saura rebondir et relancer son intrigue avec efficacité, et pas nous imposer trois fois 200 pages (puisque sauf erreur 3 autres tomes sont à écrire) pour élucider les quelques mystères restants (ou plutôt le seul : qui est réellement la narratrice ? même si je pense qu’avec deux sous de jugeote, la solution sautera aux yeux...)

Mon avis est sévère, et j’oublie que je n’ai pas juste « plus de 13 ans » (mais plus de 13 ans de lecture de SF, depuis le collège). Néanmoins, au vu du cursus de Charlotte Bousquet, et si encore une fois la forme est riche et le background dense, on aurait attendu largement plus côté scénario. Invoquer tout au long de son histoire les œuvres de Rostand, Shakespeare et Racine ne dédouane pas de sortir des cadres stéréotypés usés par la fantasy et la SF de gare de ces 40 dernières années.

Titre : Nuit Brûlée
Série : La Peau des Rêves, tome 2/5
Auteur : Charlotte Bousquet
Couverture : Adrien Aymard & Mélanie Delon
Éditeur : L’Archipel
Collection : Galapagos
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 234
Format (en cm) : 14 x 21 x 2
Dépôt légal : janvier 2012
ISBN : 9782809806359
Prix : 15,20 €

 Tome 1 : « Nuit Tatouée »