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Zodiaque (T3) Le Choix du Gémeau
Corbeyran & S. Verdier
Delcourt

Zodiaque est une série au grand nombre d’épisodes. Peu de lecteurs pourront se vanter de posséder les treize volumes. Puisque chaque tome est un one-shot, mieux vaut bien choisir les albums qui trôneront dans votre bibliothèque.
Malgré ses quelques aspects intéressants, comme la qualité des dessins, cet opus ne devrait pas faire partie de votre sélection. A moins que vous soyez du signe du gémeau.



Bon, les deux tomes précédents ayant parfaitement posé le pitch de la saga, je ne dévoilerai rien d’étonnant en racontant, un peu, le scenario de ce troisième épisode.

Agatha Mercury est du signe du Gémeau et possède un étrange médaillon à l’effigie de son signe zodiacal. Grâce à ce collier, elle peut révéler son don particulier : celui de retrouver les personnes disparues et de lire l’avenir. Du coup, sa profession est toute trouvée : voyante à Los Angeles. Nous avions déjà rencontré ce personnage dans le premier volume de la série, “Le Défi du Bélier”. Ce troisième épisode débute d’ailleurs en reprenant les planches de l’enquête de Stephen Aries à Chicago. De retour à L.A, Agatha localise un homme pour le compte d’Ursula, porteuse du talisman du scorpion. Une façon maline d’introduire le tome huit, “La Technique du Scorpion”. Agatha se voit également confier une tâche plus importante, qui constituera l’intrigue principale de cet album : localiser le frère jumeau disparu d’une femme atteinte de leucémie. Retrouver ce frère et le convaincre de faire une greffe de moelle osseuse est la seule façon de sauver la vie d’Helena Gemini. La piste emmènera la voyante en Haïti, sur les traces de ce frère, Pol, devenu médecin.

Le scénario de ce livre tient malheureusement en quelques lignes. Peu de rebondissements viendront enrichir le récit. Comme dans les précédents opus, les noms de certains personnages sont directement inspirés du signe astrologique associé à l’album. Ce détail, selon moi, décrédibilise un peu le scenario. Et une fois encore, de nombreux raccourcis narratifs viennent perturber la lecture. Par quel hasard Agatha connaissait-elle la famille Gemini ? Comment Ursula fait-elle pour retrouver aussi vite un objet oublié dans une maison gigantesque ? Pourquoi Agatha part-elle seule en Haïti ? Pourquoi Pol revient-il aussi vite sur ses principes concernant le don d’organe ? Ces transitions rapides sont d’autant plus regrettables au vue de l’apparente légèreté du scénario. Si les raccourcis des épisodes précédents pouvaient s’expliquer par la difficulté à résumer un scénario complexe en seulement quarante cinq planches, l’histoire de ce troisième volume permettait selon moi de mieux développer les personnages.
Mais tout n’est pas mauvais dans ce scénario. Certains apprécieront sans doute le fait que Corbeyran se soit inspiré d’événements contemporains graves pour construire son récit.

Comme à son habitude dans la série, la fin se veut surprenante. L’histoire se termine toujours sur le même cliffhanger, dans lequel un individu vole discrètement le collier à son propriétaire. Au moment où j’écris ces lignes, j’ai déjà lu le quatrième épisode de “Zodiaque”, “L’Héritage du Cancer”, et la conclusion reste la même. Ce n’est donc pas un réel cliffhanger puisque, connaissant les tomes précédents, on s’attend toujours à cette dernière page qui n’apporte rien, ni au récit de l’album, ni à l’intrigue principale de la série complète. Un rebondissement qui laisse un goût finalement assez fade au lecteur.
Chaque opus peut se lire comme un one-shot indépendant. Ils sont d’ailleurs tellement autonomes que, en lisant tous les épisodes à la suite, on a du mal à trouver une intrigue commune, une trame de fond liant les volumes entre eux. Certes, certains personnages se croisent au fil des albums, mais ce cross-over n’alimente, a priori, aucune trame narrative. Espérons que la série saura développer un récit plus complexe dans les épisodes à venir.

Le premier album était d’assez bonne qualité. Il avait l’avantage de poser les bases de la série et bénéficiait par conséquent des rebondissements liés à l’intrigue principale. Depuis, le principe étant connu, l’originalité s’essouffle, l’effet de surprise a disparu. Les auteurs ne s’en cachent d’ailleurs pas, puisque le pouvoir du médaillon du Gémeau est révélé dès les premières planches, contrairement aux précédents opus. Je suppose que Delcourt assume la qualité inégale entre les albums. L’éditeur, à l’instar de se qu’il a connu sur la série “Uchronie(s)”, s’attend sans doute à ce que le treizième et dernier album de la série, qualifié de « révélation », booste la moyenne de vente des livres. En attendant, il pourra toujours compter sur des cadeaux d’anniversaire peu inspirés.

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Les dessins de Sébastien Verdier sont d’excellentes factures et redorent le blason de cet album. Les personnages sont expressifs et possèdent une gestuel variée. Ses décors intérieurs, comme le salon d’Agatha ou celui d’Helena Gemini, intègrent de nombreux détails. Ses vues extérieurs sont encore plus belles. Les planches représentant les camps à Haïti ou les rues de Los Angeles constituent le point fort du livre. Le découpage de certaines scènes est également très intéressant. L’enchevêtrement de vignettes révélant un élément du décor, la succession de petites cases et l’utilisation de dessins circulaires pour les visions extralucides d’Agatha rendent la lecture assez immersive et dynamique.
Pour les premières planches communes, il est amusant de comparer le premier tome à celui-ci. Non seulement on constate les différences de style graphique, mais on observe les divergences de point de vue et les éventuelles incohérences. Un peu comme le jeu des sept erreurs. Le tome 8 sera sans doute l’occasion de retenter l’expérience.

Les couleurs subtiles de Catherine Moreau donnent par ailleurs du volume aux personnages. Les jeux de lumière sont savamment utilisés et certains éléments du décor, comme les tapis, sont particulièrement réalistes. L’artiste avait déjà officié sur le précédent opus, “Le Secret du Taureau”.
La couverture de Thomas Ehretsmann, très épurée, n’est pas exceptionnelle.
Étant moi-même du signe du gémeau, j’attendais beaucoup de cet album, en tout cas un peu plus que des précédents. Ma déception est donc d’autant plus grande. Est-ce que cette déception a influencée mon article, le rendant plus critique ? Certainement. Mais une chose est sûre, des trois titres sortis à ce jour, cet album ne constitue pas le meilleur de la série.
Au passage, on peut féliciter l’intelligence de Guy Delcourt, créateur de la série, qui a su trouver l’idée d’une BD qui interpelle son lecteur, lui donne l’impression d’être concerné par l’histoire, sans même connaitre le sujet du livre.

Globalement, ce troisième épisode laisse donc une impression assez terne. Son scénario un peu trop simple ne laissera pas un grand souvenir au lecteur, et sa qualité graphique ne suffira pas à effacer cette légère frustration. Le fait qu’il constitue un lien avec d’autres numéros de la série ne le rend pas pour autant indispensable.
Le prochain opus de la série, “L’Héritage du Cancer”, mettra en scène Naomie Crawfish à New York et sera disponible le 6 juin 2012. Son scénario sera un peu plus riche que celui de cet album.


(T3) Le Choix du Gémeau
- Série : Zodiaque
- Scénario : Corbeyran
- Idée originale : Guy Delcourt
- Dessin : Sébastien Verdier
- Couleurs : Catherine Moreau
- Couverture : Thomas Ehretsmann
- Editeur : Delcourt
- Collection : Machination
- Dépôt légal : 9 mai 2012
- Format : 240 x 320mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-2393-9
- Prix Public : 13,95€


A lire sur la Yozone :
Zodiaque (T1) Le Défi du Bélier
Zodiaque (T2) Le Secret du Taureau


Illustrations © Verdier et Delcourt (2012)



Allison & Julien
3 août 2012




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