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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Zone (La) (T4) Traversée
E. Stalner
Editions Glénat

La Winch avait obtenu l’exploitation de l’ile de Grande Bretagne. Les richesses de ces territoires font des envieux chez les autres conglomérats de multinationales, leurs concurrents.
Une fois la Winch démembrée, les hommes de Lawrence se dispersent. Mais est-ce pour autant la fin des combats pour ces survivants ?
La Zone reste un territoire hostile et le retour de Lawrence dans sa région d’origine ne se fera pas sans encombre…



La Zone” est une tétralogie (et non une « quadrilogie » comme le disent certains !). Cet album constitue donc la conclusion de cette saga particulièrement réussie.
Dans le troisième épisode, Lawrence organisait, à Londres, la résistance britannique pour contrer les plans de la société Winch. Rue après rue, quartier après quartier, ses hommes parvenaient, parfois, à remporter de petites batailles et à reprendre l’autorité sur ces territoires. Même si la relation de force semblait inégale entre les rebelles et les chars de la Winch, deux coups du sort successifs ont aidé les hommes de Lawrence. Tout d’abord, notre héros a obtenu les plans du quartier général de la Winch. Ensuite, une alliance avec certains contaminés, les tatoués comme Lawrence les appelle, a renforcé les rangs britanniques. Fort de ces nouveaux éléments, l’armée de Lawrence se lance à l’assaut du camp de la Winch. Après tout, la meilleure défense, c’est bien l’attaque, non ? Oui mais voilà, comme à ses habitudes, le troisième volume se solde par un époustouflant cliffanger : en arrivant sur les lieux, Lawrence découvre une base détruite, ravagée, avec tous ses habitants mystérieusement morts. Les abeilles sont revenues, les hommes ont disparus. Les combattants de Lawrence ont donc été devancés, mais par qui ?

Ce quatrième et dernier opus reprend la suite directe des aventures précédentes. L’immense base de la Winch n’est plus qu’un cimetière géant. Rasée par un mal encore inconnu. Habitués aux mystères, les troupes de Lawrence ne cherchent pas à élucider cette tuerie et décident de rentrer chez eux. Les tatoués retournent sous terre. Les derniers hommes se dispersent. Seule une poignée, les fidèles de Lawrence, accompagnent leur leader jusqu’à Édimbourg, dans l’espoir de sauver les derniers livres de la grande bibliothèque. Mais cette marche de plusieurs jours ne se fera pas sans encombre. Un ennemi en a visiblement chassé un autre…

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Comme toujours, l’intrigue de cet album, sans être un exemple d’originalité, est assez bien ficelé. On retrouve un peu l’esprit road-movie hardcore du premier épisode, avec ces traversées de territoires hostiles, ses dangers multiples, ses guérillas en zone confinées…
Ce volume est également l’occasion pour Stalner de présenter d’autres tribus de contaminés. La multitude de clans créés par l’auteur est un des éléments qui donne un peu plus de réalisme au récit. On comprend ainsi que l’on ne voit qu’une petite partie de l’environnement dans lequel évolue Lawrence. Que cet univers est beaucoup plus dense et complexe, mais qu’il n’est tout simplement pas montré car non-concerné par les aventures du héros. Que, finalement, le lecteur ne suit les péripéties que d’un homme, au milieu d’un monde riche et complexe qui vit en dehors des cases. D’autres éléments du récit renforcent ce sentiment, comme, par exemple, l’évocation d’une éventuelle destruction de l’Europe de l’Est pendant que Lawrence tente de regagner l’Ecosse.
A la lecture de ces quatre tomes, on ne pourra évidemment pas s’empêcher de penser au livre de Richard Matheson, “Je suis une légende”, et à ses adaptations cinématographiques. Les ressemblances sont nombreuses, jusqu’au combat final. Mais ce ne sont que de lointaines similitudes qui ne perturbent en rien le suspens du scénario.

Les graphismes sont une nouvelle fois magnifiques. Les rares lacunes du tome précédent sont oubliées. Les visages sont maîtrisés, on constate même une palette d’expressions légèrement plus variée. De nombreux portraits montrent toujours les personnages avec la bouche entre ouverte, toutes dents apparentes (je recommande d’ailleurs cette série aux orthodontistes !), mais ces faciès se font plus rares que dans les précédents volumes. Le coup de crayon de Stalner, pourtant déjà très fin, s’affirme et se diversifie.
Les décors sont toujours aussi sublimes. On retrouve les extérieurs à la végétation dense du premier opus. Certaines images, comme la vue d’Édimbourg ensevelie sous la jungle, sont assez impressionnantes.
J’ai beaucoup aimé la vue de la Grande Bibliothèque, réalisée selon le même angle qu’un dessin du premier tome. On a ainsi deux visions d’un même bâtiment, avant et après sa destruction. Il est intéressant de comparer les écarts entre les dessins, dans lesquels les mésanges ont laissé place aux corbeaux.
Le découpage des planches est très intelligent, servant à la fois le dynamisme des actions et la contemplation des paysages.
Cette fois, Bruno Pradelle officie seul à la réalisation des couleurs. Les différences de rendus avec les précédents albums sont subtiles, voire inexistantes. L’ensemble demeure cohérent et immersif. Seul bémol, s’il fallait vraiment en trouver un, tous les protagonistes ont la même couleur de peau. Ce manque de diversité est un peu regrettable mais reste un point de détail.

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Sans entrer au Panthéon de la BD, la série “La Zone” présente un univers fantastique opulent, vivant et crédible. Son scénario, certes classique mais intégrant de nombreux rebondissements, devrait plaire aux amateurs de fable d’anticipation SF. Enfin, cette tétralogie a l’avantage d’offrir une aventure complexe en un nombre limité d’épisodes.

Tout les mystères de l’univers créé par Éric Stalner ne sont pas résolus. Quel est l’origine du mal qui a ravagé la Terre en 2019 ? Comment se passe la « contamination » des autochtones ? Quelles sont les zones encore habitées ? Comment sont-elles organisées ? Que reste-t-il de l’Europe et du reste du monde ? Qui sont ces multinationales qui se partagent la gestion des ressources ? Combien sont-elles ? Ces questions ne trouveront pas de réponse complète dans cette tétralogie. Est-ce une volonté de l’auteur de se donner la possibilité de développer cette vision du monde au travers de quelques spin-offs ? Possible. Les fans de la série, de plus en plus nombreux, souhaiteraient sans doute en savoir un peu plus sur cet univers complexe. Mais selon moi, la Zone doit garder certains de ses secrets. Histoire de susciter l’imagination du lecteur.
Au début de cet album, Lawrence dit d’ailleurs : « Dans ce monde détruit, on s’est habitués à ne pas avoir de réponses ». C’est sans doute mieux ainsi.


(T4) Traversée
- Série : La Zone
- Scénario : Éric Stalner
- Dessin : Éric Stalner
- Couleur : Bruno Pradelle
- Éditeur : Glénat
- Collection : Grafica
- Dépôt légal : 6 juin 2012
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7234-8780-1
- Prix Public TTC France : 13,90 €


A lire sur la Yozone :
La Zone (T1) Sentinelles
La Zone (T2) Résistances
La Zone (T3) Contact


Illustrations © Stalner et Glénat (2012)



Allison & Julien
24 juillet 2012




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