Non seulement les prophéties se durcissent mais ses followers et fans sur les réseaux sociaux et les sites de streaming croissent avec le temps. Car ces fameuses prophéties apparaissent comme des jugements pour punir ceux qui utilisent le web à des fins scandaleuses, comme celui qui se moqua d’une victime de viol ou celui qui diffusa sur Twitter un entretien d’embauche. Paperboy semble s’afficher comme le défenseur des êtres brimés dans leur vie quotidienne, et Erika sait parfaitement qu’il est toujours très préjudiciable de laisser l’empathie s’installer pour ce genre de personnage. Toutefois, Paperboy est prudent, trop puisque son attitude sur l’enregistrement d’une caméra de surveillance attire l’oeil d’un enquêteur. Toutefois, découvrir d’où Paperboy envoie ses vidéos est une chose, parvenir à l’attraper en est un tout autre.
Tetsuya Tsutsui aura su se faire désirer. Après la fin de « Manhole », le mangaka faisait plus parler de lui par le buzz de la sortie de son nouveau titre que par le titre lui-même. Est-ce ce buzz, la folie croissante des réseaux sociaux par qui toutes les annonces transitent qui lui donna l’idée de ce Paperboy ? En tout cas, le mangaka nous sort un titre qui colle parfaitement à l’actualité et à la perversion pouvant passer par le net.
Voici donc Paperboy, un informaticien devenu par la force des choses et divers traumatismes, un véritable vengeur masqué. Mais pas façon Spider-Man, plutôt celle d’un Punisher, car ses victimes subissent la loi du talion : ils seront punis par quoi ils auront péché. Encore une fois, Tetsuya Tsutsui nous entraîne dans un monde malsain mais extrêmement réaliste. Plus on avance dans ce premier tome, plus ce Paperboy pourrait apparaître demain sur nos chaînes de télé ou sur Youtube. Ce premier volume commence sur un faux rythme, croisant les scènes, ne montrant quasiment pas les actes du fameux Paperboy, s’attardant plus l’image que donne Paperboy de lui et sur le début de l’enquête de la section de lutte contre la cybercriminalité.
Impossible de ne pas parler alors du personnage de Erika Yoshino, cette enquêtrice aux apparences froides et même sarcastiques, loin de l’image édulcorée de l’inspectrice de police que nous avons dans la BD belge. C’est une véritable Harry Callahan mais sans le magnum 357. Son arme est plutôt informatique... pour le moment. Toutefois, Tetsuya Tsutsui ne s’attarde pas sur les membres de la section d’enquête, leur histoire personnelle n’étant pas pour le moment l’important.
Ce sera bien Paperboy qui sera mis en avant dans la second moitié de ce premier volume. Cette fois, nous suivons celui qui se cache sous le sac de papier journal. Nous découvrons son mode opératoire puis tranquillement son passé, sans réelle transition. Et le final sonnera comme la création des Avengers... Mais je vous laisse le plaisir de découvrir celui-ci. Et je dis bien ce plaisir car une fois entré dans l’histoire, on ne la lâche plus et on en vient à l’aimer ce Paperboy. Terrible comment le mangaka joue sur notre bon vieux besoin de vengeance et notre soif de justice, quitte à entrer dans l’illégalité. Nous sommes loin d’un Batman mais la logique n’est pas tellement différente. Ajouter une qualité de dessin qui est la marque de ce grand mangaka et vous obtenez un thriller addictif, un policier moderne qui vous attrape les tripes.
Oui, Tetsuya Tsutsui a réussi son retour avec un manga qui ne peut que ravir les amateurs de série à suspense comme « Death Note » ou « Bloody Monday ». Et peu importe les comparaisons qui pourront être faites avec ses oeuvres précédentes, celle-ci vaut inévitablement le détour.
Prophecy (T1)
Auteur : Tetsuya Tsutsui
Traducteur : Tony Sanchez
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 224 pages
Date de parution : 28 juin 2012
Numéro ISBN : 978-2-35592-405-7
Prix : 7,90 €
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