Emma Doucet est une très vieille femme, elle fume dans le noir chez elle et est entourée de mouches qui l’agacent. C’est le point de départ de la réflexion du personnage sur ce qui a bien pu lui arriver. Elle pense avoir été victime d’un banal accident domestique. Une simple chute ? Mais ne l’a-t-on pas aidé à tomber ?
Très vite Emma se rend à l’évidence, elle a été assassinée. Mais qui en voudrait à cette paisible veuve ?
En somme, elle est morte mais elle bouge, parle, interagit avec les vivants. Elle n’est donc pas un fantôme, alors quoi ? Un zombie ? Est-elle seule dans ce cas ?

Hubert, le scénariste, nous entraîne dans une passionnante enquête, pleine de rebondissements, d’étrange et d’humour. Les flash-backs nous permettent de faire plus ample connaissance avec Emma. Cette ancienne jeune fille de paysan qui a épousé un homme par amour plutôt que le bon parti suggéré par son père. Celle qui a bravé les interdits et tabous de son époque, celle qui a vécu deux tragédies, la perte de son unique enfant à la naissance et la perte violente de son mari. Celle qui n’est pas si sèche que ce qu’elle veut bien laisser voir.
Il y a aussi des personnages très drôles comme son ancienne voisine ou encore la nièce cupide qui vient de temps en temps pour entretenir son héritage. Emma est vraiment un personnage attachant, une mamie comme beaucoup de lecteurs souhaiteraient en avoir une. J’ai, pour ma part, retrouvé un peu du charme du personnage de Nob, la chère “Mamette” au travers des traits d’Emma. Les retours sur sa vie, toujours colorisés en sépia, confère à cet album un petit air de synopsis. D’ailleurs, il y a quelques similitudes avec le film d’Albert Dupontel : “Le Vilain”. Surtout en ce qui concerne le promoteur immobilier…
Je ne vais pas tout vous raconter, laissons un peu de suspens. On oscille entre morbide et comique. Entre charme nostalgique et humour noir. Bref, j’ai adoré !

Les dessins de Zanzim sont vraiment faits pour cet univers, à la fois tendre et glacial. Le visage d’Emma a beaucoup de caractères et les yeux de son mari sont très expressifs. Le dessinateur a le souci du détail et un coup de crayon fort agréable. Et, chose assez rare pour être souligné, c’est ici le scénariste, Hubert, qui se colle aux couleurs. Les deux hommes avaient déjà collaboré dans des séries telles que “Les Yeux verts” et “La Sirène des pompiers”.

“Ma vie posthume” est prévue pour être un diptyque, nous devrions donc bientôt connaitre la fin de cette énigme. Même si je dois avouer que, dès la fin de ce premier tome, le lecteur a en partie deviné les tenants et les aboutissants de cette histoire. L’auteur nous distille les indices tout au long de l’album pour finalement nous faire une révélation.
Reste à connaitre la façon dont tout cela va tourner. Emma parviendra-t-elle a obtenir justice ? Sa mort passera-t-elle pour un accident ? Quel personnage surprenant lui viendra en aide ? Toutes ces questions trouveront réponse dans le prochain et dernier épisode intitulé “Anisette et Formol”. Tout un programme !

(T1) Ne m’enterrez pas trop vite
 Série : Ma vie posthume
 Scénario : Hubert
 Dessin : Zanzim
 Couleurs : Hubert
 Editeur : Glénat
 Dépôt légal : 18 avril 2012
 Format : 240 X 320 mm
 Pagination : 48 pages couleur
 ISBN : 978-2-7234-8359-9
 Prix Public TTC France : 12,55 €

Illustrations © Zanzim et Glénat (2012)