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Les Vampires occidentaux
Définitions, histoires, explications
« La mort engendre la mort »

En 1484, le pape Innocent VIII (211e pape. Né à Gênes en 1432 et mort à Rome en 1492. Souverain pontife de 1484 à 1492) approuve la parution du Malleus Maleficarum ou Le Marteau des Sorcières, publié pour la première fois à Strasbourg en 1486. L’ouvrage, réédité plus de trente fois entre 1487 et 1669, fut rédigé par deux dominicains de l’ordre des Frères prêcheurs et inquisiteurs, Jakob Spenger (1436-1496) et Heinrich Kramer dit Henri Institor (1430-1505), ayant enquêté sur les succubes, incubes et revenants.



Le mythe du vampire est né avec l’Humanité. Toutes les cultures ont des légendes et des superstitions concernant les suceurs de sang. Ce mythe apparaît sous des formes multiples et prend sa source dans de nombreux documents censés rapporter des faits réels : récits, témoignages, croyances et faits divers. La peur qu’inspire le vampire ne sort donc pas de notre imagination.
Le sujet est d’ailleurs tellement vaste que je me contenterais des vampires occidentaux.

L’étymologie de ce terme reste obscur : d’origine moldave ou serbe, il désignerait un mort sortant de son sépulcre pour sucer le sang des vivants. On sait que le terme de « vampire » fait sa première apparition officielle vers 1725-1726 en Hongrie dans un rapport écrit par les autorités autrichiennes au sujet d’un paysan nommé Peter Plogojowictz. L’homme est accusé d’être réapparu après sa mort et d’avoir tué huit personnes. En France, c’est en 1732, à la suite d’une affaire similaire, le cas d’Arnold Paole, que le terme de vampire, orthographié jusqu’alors avec un Y, apparaît. Même si le mot varie selon les pays et les époques, il ne découle en aucun cas de la chauve-souris buveuse de sang : c’est le contraire. On rencontrera des désignations telles qu’Empuse, Blutsauger, Chevêches, Goules, Lamies, Stryges, Broucolaques ou succubes pour désigner abusivement les vampires. La nuance réside dans le fait que ces créatures ne sont pas des revenants. En effet, il faut savoir que le vampire est un revenant. C’est ce terme que retient le révérend Père Dom Augustin Calmet, bénédictin de l’abbaye de Sénones (dans Les Vosges), dans son traité de 1749. Le revenant est mort : c’est une personne née sur terre et y ayant vécu. Ses chairs sont retournées aux premiers principes : poussière, il est retourné à la poussière, mais son âme erre toujours en ce bas monde.

Dans la tradition occidentale, un vampire est un mort sorti de la tombe pour venir infester les vivants en absorbant leur sang pour perpétuer sa longévité extraordinaire, chaque victime du vampire devenant alors un vampire. La définition la plus commune est la suivante : « être non mort, en quête de sexe et de sang humain nécessaire à la prolongation indéfinie de son existence ».
Selon le Petit Robert, le vampire est « un fantôme sortant la nuit de son tombeau pour sucer le sang des vivants ». Au sens figuré et vieilli, le vampire est « un suceur de sang » ou un « homme avide d’argent ». À partir du XVIIIème siècle, deux caractéristiques donnent sa spécificité au vampire. D’abord, il s’agit d’un revenant en corps. Ensuite, il sort la nuit de sa tombe pour sucer le sang des vivants afin de prolonger son existence posthume et ses victimes deviennent à leur tour des vampires.

À priori, les vampires, dont les états de catalepsie, de léthargie et de mort apparente pourraient justifier l’existence, tout comme la prodigieuse conservation de certains corps dans les terrains imprégnés d’arsenic, n’entretiennent aucun rapport avec le démonisme.
En psychiatrie, le vampirisme est une perversion sexuelle dans laquelle l’agresseur saigne sa victime. Le vampire incarne, au gré de métamorphoses sensuelles, une incontestable vocation érotique. L’histoire criminelle a retenu bon nombre de « vampires », meurtriers sadiques d’une grande monstruosité. Le vampire est également assimilé à un meurtrier qui boit le sang de ses victimes. Mais, les tueurs sont loin d’être la réplique fidèle de l’archétype imaginaire. Ils éprouvent le besoin d’une relation fusionnelle avec le sang des malheureux. L’éclairage psychanalytique peut être d’un grand secours pour sonder ces agissements énigmatiques.
En littérature, le vampirisme est un comportement possessif à l’extrême.
Le vampirisme est le transfert d’énergie vitale d’un être à un autre associant sang, sexe et mort. Il constitue la forme ultime de la domination ou du parasitisme. Il se situe au coeur d’une vaste constellation de symbole et se prête à de multiples interprétations. Ce mythe est à la fois exploité du côté du folklore et du côté de l’ésotérisme. En effet, on considère le vampire soit comme un être vivant, simple détraqué psychopathe au penchant exacerbé pour le sang, soit comme un être de fiction.

Si le mot « vampire » n’apparaît qu’au début du XVIIIème siècle et le premier récit de vampire en 1819 (Le Vampire de Polidori), le fantasme du mort-vivant suceur de sang remonte très loin dans la conscience humaine.
La première trace tangible du buveur de sang est un vase préhistorique découvert en Perse et orné d’un dessin : un homme aux prises avec un être monstrueux essayant de lui sucer le sang. Certains auteurs situent les premières légendes relatives aux vampires dans la Chine du IVème siècle avant notre ère.
En Occident, c’est dans l’Ancien Testament que l’on évoque le vampire pour la première fois. Lilith, sanguinaire, jalouse, luxurieuse et impudique est la première femme d’Adam avant la création d’Eve. Répudiée ou enfuie pour épouser Samaël, l’Ange de la Mort, elle devient, dans la tradition rabbinique, la Reine des démons, des succubes et des mauvais esprits. Elle suce le sang des nourrissons et dépouille les jeunes hommes de leur vitalité et de leur puissance virile pendant leur sommeil. Cent quatre-vingt mille servantes sont à ses ordres, toujours prêtes à envahir notre univers, vivant dans les maisons en ruine et les latrines, sortant la nuit et se nourrissant de pus et de vermine. Incarnation du mal, Lilith est la terreur des femmes en couche car on la soupçonne de voler les nouveau-nés pour les dévorer à l’instar d’une goule. Aussi place-t-on cette inscription sur le mur de la chambre des parturientes : « Adam et Eve, ici ; Lilith dehors ! ». Aux yeux des Hébreux, elle est avant tout coupable de transgresser le tabou absolu de la Loi Mosaïque qui interdit de consommer le sang des êtres vivants. Les Hébreux ont toujours entretenu une relation complexe avec le sang, considéré comme symbole de vie et d’impureté. Le sang a un caractère sacré puisqu’il est l’âme du corps et que Dieu seul est maître de la vie et de la mort. Le sang est même temps lié à la malédiction qui a frappé l’humanité lorsque la compagne d’Adam, en cédant à la tentation du démon, a provoqué la chute de l’Homme. La perte du sang menstruel est perçue comme une blessure immonde, punition infligée par Dieu à toutes les descendantes d’Eve. Dans la tradition hébraïque, le sang menstruel est à l’origine de plusieurs malédictions. Pendant ses règles, une femme doit s’abstenir de paraître en public car sa présence peut déclencher des catastrophes et elle ne doit en aucun cas avoir des rapports sexuels car elle est impure. Le sang a donc pour les Hébreux une connotation funeste et la notion du péché y est répandue. Par ailleurs, Moïse défendait d’invoquer les esprits par crainte de voir les morts revenir à la vie et le Roi David « reprenait des forces » en absorbant la chaleur de ses jeunes esclaves pendant leur sommeil.

Le Nouveau Testament enseigne que le Christ a sauvé l’Homme en versant son sang. Avant de subir le martyr de la croix, Jésus de Nazareth a tacitement exprimé la valeur rédemptrice de son sang précieux sous la symbolique du vin partagé avec ses disciples. L’évangile de Saint-Jean insiste sur les vertus génératrices du sang. Les premiers Pères de l’Eglise doivent lutter contre une interprétation trop littérale de ce repas car elle risque d’encourager le retour à des pratiques païennes comme le sacrifice humain ou le cannibalisme rituel.
Dans les sociétés archaïques, la crainte révérencielle des morts fonde la croyance aux vampires. Dans la mentalité traditionnelle, les morts ne le sont pas : ils vivent parmi nous. Ils nous entourent et ils rôdent. Les ancêtres défunts se transforment en génies domestiques, en « mânes » attachés au foyer des vivants, esprits tantôt tutélaires, tantôt malveillants dès qu’ils se croient négligés. Ils cherchent qui a provoqué la mort car cette dernière n’est jamais naturelle. Aussi, pour conjurer les possibles vengeances de ces ombres errantes, on leur rend un culte.

En Europe, Charlemagne entreprend dès 772 de soumettre les Saxons à son autorité et à les convertir au christianisme. Il édicte en 785 la Capitulatio de Partibus Soxianiae les contraignant à se faire baptiser et punissant de mort ceux d’entre eux qui se livrent à des festins de chair humaine. En dépit de ces mises en garde et de ces interdits, le sang, dans le monde chrétien médiéval, est chargé de pouvoirs surnaturels qui ont été réinvestis par la démonologie d’où est issue la croyance aux vampires.
La mythologie européenne du vampire se développe certainement au XIème siècle, associant christianisme et paganisme nordique. Puis, elle fleurit en Europe Centrale avec les grandes épidémies de peste. Des rumeurs relatives à des défunts dont le corps est retrouvé intact à l’intérieur de leur tombe commencent alors à se répandre. De plus, l’idée de la valeur rédemptrice du sang et une interprétation abusive du culte de la Vierge Marie amènent des sorciers ou des médecins à prescrire de boire le sang immaculé de jeunes filles vierges pour combattre toutes sortes de maladies et retarder les effets de la vieillesse. Collin de Plancy rapporte dans son Dictionnaire Infernal le récit de l’évêque de Cahors en 1031. Lors du deuxième Concile de Limoges, le corps d’un chevalier de son diocèse, mort excommunié, avait été retrouvé à plusieurs reprises loin de sa tombe.

La notion de vampires, synthèse de légendes païennes et du christianisme médiéval, vient principalement d’Islande, des pays scandinaves et des îles britanniques où les Celtes ont apporté leurs croyances. Dès le XIIème siècle, on trouve en Angleterre les exemples les plus significatifs dans des chroniques rédigées en latin, De Nugis Curialim en 1193 de Walter Map et L’Historia Regis Anglicarum en 1196 de William de Newburgh. Ces ouvrages contiennent toutes sortes de récits concernant des défunts, généralement excommuniés, qui sortent chaque nuit de leur tombe pour tourmenter leurs proches ou provoquer des morts suspectes en série. Si les îles britanniques ont été l’un des premiers théâtres de manifestations vampiriques, le phénomène n’a subsisté que de façon épisodique jusqu’à la Renaissance, sans laisser de traces profondes et durables dans l’imaginaire collectif. La Réforme, dans la seconde moitié du XVIème siècle, accrédite le mythe du spectre prédateur. Mais, c’est à partir de 1710 qu’une psychose collective s’empare de l’Europe occidentale. En effet, la Prusse orientale connaît une terrible épidémie de peste. On constate aussi des faits étranges et terribles pour l’époque. Par exemple, des corps défunts ne se décomposent pas. Ils sont donc assimilés à des vampires. Légendes et superstitions débordant du registre oral suscitent même des études « scientifiques » comme celle du médecin militaire Flückinger qui, en 1732, détaille les sanglants exploits d’un vampire serbe sensé avoir décimé tout un village.

C’est dire ce que la méconnaissance de la science peut engendrer comme interprétations graves et dangereuses. Les autorités religieuses prennent part aux différentes affaires. C’est donc un procès du « faux mort » qui est organisé. Le rite de « dévampirisation » consiste à enfoncer un pieu dans le corps du cadavre qui est ensuite brûlé. La croyance aux vampires résiste aux Lumières. En effet, même si, à cette époque, la raison triomphe, le vampire explose littéralement. Le phénomène prend la dimension d’un véritable délire collectif. Il affecte des régions entières et suscite l’intérêt des plus hautes autorités civiles, militaires et religieuses. En effet, entre 1414 et le Siècle de Lumières, on remarque une recrudescence étonnante de l’obscurantisme le plus exacerbé à propos des cas de vampirisme. Le XVIIIème siècle fut le théâtre, dans toute l’Europe, d’une série d’épidémies virulentes qui dévastèrent une grande partie de la population des villes et des campagnes. On peut citer la grande peste de 1720. Partie de Marseille, elle fit des milliers de victimes. Entre 1721 et 1728, en Hongrie, une épidémie de rage touche les chiens, les loups et les chauve-souris. Ces animaux ont pu contaminer l’homme par morsure. Or, les symptômes de la rage humaine (errance la nuit, troubles nerveux qui pousse les « enragés » à mordre leurs proches, yeux globuleux) présentent des analogies troublantes avec le vampirisme. En 1723, ce fut au tour de Lisbonne de connaître une violente épidémie de fièvre jaune qui s’étendit également à toute l’Europe. En 1725, le phénomène de rage touche l’Autriche, la Serbie, la Pologne et la Russie. La France ne l’apprend qu’à travers les gazettes et des histoires d’hommes devenus vampires. Dès 1748, ce genre de phénomènes inspire poètes et écrivains. En 1783, une seconde épidémie de peste dévasta l’Europe de l’Est.

Cependant, le vampirisme succombe au Positivisme et à l’émergence de la société industrielle qui font table rase des anciennes superstitions. Le vampire se réfugie dès lors dans le domaine de l’imaginaire, il devient source d’inspiration littéraire. Au XVIIIème siècle, les romantiques allemands dont Goethe avec « La Fiancée de Corinthe » commencent à s’intéresser au vampire. De la période romantique à l’époque victorienne, des potentiels oniriques se développent. Le vampire devient noble et s’insère dans une tradition héritée du mouvement gothique où le rôle du méchant est dévolu à un aristocrate. Au XIXème siècle, le personnage du vampire, être pervers et malfaisant, est alors repris par les poètes anglo-saxons et donne un renouveau au mouvement gothique. En 1819, Lord Byron signe en lieu et place de son médecin et secrétaire particulier, John william Polidori, un récit intitulé « The Vampyre » qui remporte un succès considérable amplifié par deux adaptations théâtrales signées Nodier et Dumas ainsi que par de multiples imitations (mélodrames, opéras-comiques, vaudevilles). Au milieu du XIXème siècle, le vampire entre dans une nouvelle condition : celle du personnage qui n’a pas choisi sa condition. En 1872, Joseph Sheridan Le Fanu publie « Carmilla ». Cette nouvelle fixe les grands archétypes du genre : ses lieux, ses personnages (le vampire typique est un loup solitaire, un étranger mystérieux ayant un faible pour les jeunes victoriennes. Il est effrayant et célibataire malgré le harem sous son autorité), ses ambiances caractéristiques ainsi que son érotisme allusif (dans la nouvelle, l’auteur associe le vampirisme et le lesbianisme). C’est sur cette base, et à partir d’une documentation exhaustive sur l’histoire et le folklore d’Europe centrale, que Stoker publie en 1897 son « Dracula ». Le roman en tire le portrait définitif : celui du Seigneur des Ténèbres. Le vampire devient alors un personnage de fiction à part entière.

Dès le début du XXème siècle, on rencontre des vampires roturiers. Certains d’entre eux vivent insoupçonnés parmi les mortels. Ils sont parfois inoffensifs et même sympathiques. Ils peuvent même trouver des victimes grâce à leur activité socioprofessionnelle. En fait, il s’agit de le rapprocher du mortel afin d’entretenir l’angoisse : « Le vampire demeure un total étranger, mais il demeure parmi nous et, ce qui le rend particulièrement dangereux, c’est que vous ne pouvez pas l’identifier. » Le vampire du XXème siècle est donc moins typé que ses aînés.
Dans les oeuvres contemporaines, le vampire peut être méchant ou gentil et même civilisé. Par exemple, Saint-Germain, personnage créé par Chelsea Quinn Yarbo, était âgé de 3000 ans. Il avait adopté un style de vie raffiné et s’était lié d’amitié avec des femmes incroyables. Mais, les icônes religieuses ne le troublaient pas et il ne semblait pas chercher un moyen de se guérir. Il possède même une « famille ».

La crainte des morts et une méconnaissance scientifique sont à l’origine du vampirisme.
L’idée néoplatonicienne d’une vie après la mort constitue un apport du christianisme à la croyance aux vampires : le corps, simple enveloppe matérielle, se corrompt tandis que l’âme continue à vivre dans un autre monde en attendant la résurrection du Jugement Dernier. Grâce à la Rédemption, l’âme des pêcheurs est sauvée. Les pêcheurs doivent cependant se repentir et recevoir avant leur mort les derniers sacrements. C’est l’explication chrétienne de la croyance aux vampires. Ils sont, selon cette logique, « des âmes en peine » car ils n’appartiennent ni au monde d’ici, ni au monde de l’au-delà.
Les apparitions de vampires coïncidaient avec les épidémies de rage, de peste et de choléra. Elles décimaient des villages entiers. On croyait volontiers à une épidémie vampirique et les tombes étaient ouvertes. Si l’on découvrait des corps exempts de toute raideur cadavérique, on concluait dans ce sens. Ces croyances furent renforcées par les lacunes médicales, le coma étant alors peu connu.
Le phénomène de la non-putréfaction des corps a souvent suffi à taxer de vampire un cadavre chez lequel le processus de la décomposition du corps (non embaumé) n’était pas intervenu après plusieurs jours passés en terre, le cas s’étant parfois produit au bout de plusieurs semaines voire de plusieurs mois. Ce phénomène est le fait de la conservation d’un corps dans une terre possédant certaines propriétés qui retardent ou empêchent la décomposition. Ce fait médical, aujourd’hui connu, a accrédité pendant longtemps la thèse de l’existence des vampires.
C’est d’abord dans le monde médical que le terme de vampire a été appliqué à certains types de malades mentaux. En 1901, le futur Dr Alexis Epaulard, dans une thèse soutenue à la faculté de médecine de Lyon l’a utilisé pour la première fois non pas pour désigner un buveur de sang mais un nécrophile : Victor Ardisson, surnommé le vampire de Muy. On a longtemps employé le terme de « vampire » pour des malades se livrant à des actes de nécrophilie, de nécrosadisme voir de nécrophagie. À l’inverse, certains individus ont une fascination réelle pour le sang et non la mort (le vampire de Hanovre, de Düsseldorf, de Londres, de Nuremberg). Le syndrome de Reinfeild pousse un être humain à boire du sang humain. Cela peut entraîner l’individu en question jusqu’au meurtre en série.

Par recoupements psychologiques et biologiques, les scientifiques réussirent à mettre un nom médical sur le vampirisme : la porphyrie. Ce nom est un terme qui englobe un groupe de maladies qui affectent la production d’hémoglobine (globules rouges), de myoglobine (pigmentation cellulaire rouge des muscles) et de cytochromes. La porphyrie, condition génétique inhabituelle interférant avec le métabolisme du fer (importante composante du sang), porte le nom de la maladie du vampire depuis 1985, année où David Dolphin, très sérieux biochimiste à l’université de Colombie Britannique de Vancouver (Canada), expliqua ainsi l’origine du mythe. Certains patients atteints de porphyrie présentent des symptômes très étranges dont une extrême sensibilité à la lumière, une coloration brune ou rougeâtre des dents et de l’urine, une pilosité extrême, une grave anémie et des tares congénitales de la face et des doigts. Ils n’ont cependant aucune envie de boire du sang et n’ont pas d’aversion à l’égard des symboles de la foi.
La maladie restant aujourd’hui incurable, les médecins recommandent à leurs patients d’éviter la lumière du soleil.

On commence alors à voir pourquoi et comment cette maladie pourrait avoir donné naissance au mythe vampirique. Plusieurs personnalités historiques comme le Roi Georges III d’Angleterre ou Vlad Teppes souffraient de porphyrie.

Le vampire est une figure mythique. Il privilégie donc l’ambiguïté. On a souvent voulu voir dans le vampire une réponse simpliste à l’impensable d’une époque. Par exemple, Dracula est un moyen de détourné de parler de la sexualité, sujet tabou à l’époque. Le vampire serait donc réduit aux décodages des tabous sexuels d’une époque. C’est possible mais bien trop réducteur. En effet, notre civilisation n’est plus victorienne et le sexe n’est plus un tabou. Le vampire aurait dû disparaître. Or, ce n’est pas le cas. En effet, même si la signification sexuelle n’est pas récusée, les vampires d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement des séducteurs. Mais, il faut tout de même souligner qu’il existe des variantes contemporaines aux tabous sexuels. On retrouve le sang vampirique dans les seringues : on rapproche les morsures à la toxicomanie et au sida qui imprègnent notre imaginaire collectif comme l’était la peste. L’idée de contamination favorise la culpabilisation archaïque intense liée à l’acte sexuel (punition divine des pratiques sexuelles anormales). On remarque que les vampires sont des humains contaminés par une maladie incurable et contagieuse qui font d’eux des exclus. Quelques récits et films récents font clairement le lien entre le vampirisme et le sida (Les Vampires du Désert). Le vampire apparaît donc de moins en moins comme une créature surnaturelle. Il constitue plutôt une métaphore mouvante de nos craintes et de nos préjugés. Il est donc possible de se demander si la figure du vampire est porteuse de sens. Au XIXème siècle, le vampire a un système de valeur totalement opposé à celui du lecteur supposé blanc et chrétien : il représente l’Antéchrist, la perversion sexuelle, le péché et la rupture de l’ordre politique. Au XXème siècle, il s’enrichit symboliquement. Dans les années 50, il existe le risque de guerre nucléaire et donc d’une mutation de l’espèce humaine (Je suis une Légende). Dans les années 70, la population rejette la société de consommation, désire se libérer des anciens tabous sexuels et aspire à une plus grande tolérance. À la fin du siècle, c’est la récession économique, le système soviétique s’effondre, la société se mondialise, le sida, les ghettos urbains, la violence et le rejet d’autrui explosent. Le vampire représente alors un espoir déçu et les angoisses d’un avenir problématique : c’est le miroir du monde où nous vivons.

Bibliographie non-exhaustive :

Documents de recherches
- Malleus Maleficarum ou Le Marteau des Sorcières, Jakob Spenger et Heinrich Kramer
- Le Dictionnaire du Diable de Roland Villeneuve
- Le Dictionnaire de Trévoux
- History of Witchcraft and Demonology de Montague Summers
- Dictionnaire Infernale de Collin de Plancy
- De Nugis Curialim chronique en latin de Walter Map
- L’Historia Regis Anglicarum, chronique en latin de William de Newburgh
- Vampire, Portraits d’une ombre, sous la direction de Léa Silhol aux éditions Oxymore
- Les grands procès, sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen France Loisir
- Tout sur Buffy, Angel et les vampires, N.E. Gange, le Guide Non-Officiel, Fleuve Noir
Aux Frontières du Réel, une mythologie Moderne (volume 2 l’appel des étoiles), Le Guide du téléfan, Francis Valéry, DLM Editions
- La Bible
- La Bible : le code secret, Michael Drosnin, Pocket
- Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim, Pocket
- Vampires Film, Colin Odell and Michelle Le Blanc, Pocket Essentials Film
- Le Dictionnaire du Diable de Roland Villeneuve
- Le manuel du chasseur de vampires de Constantine Gregory aux éditions Le pré aux clercs.

Fictions
- Le Vampire de John William Polidori
- La fiancée de Corinthe de Goethe
- Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu
- Vampyres, collection Emblèmes, Editions Oxymore
- La Vampire, Christopher Spike, Fleuve Noir (plusieurs volumes)
- 13 Contes et récits d’Halloween, Françoise Rachmuhl, Castor Poche Flamarion
- Le Château des Carpathes, Jules Verne
- Le Retour de Dracula, Fredda Warrington
- Dracula et les spirites, Fred Saberhagen

Filmographie non-exhaustive

« Le Bal des Vampires » de Roman Polanski (1968) est une comédie américaine vraiment drôle. Un vieux savant et son aide pourchassent, dans un sinistre château de Transylvanie, une curieuse espèce de vampires. Une parodie particulièrement réussie.

« Génération Perdue » (1987) de Joël Schumacher est l’un des plus célèbres mythes du cinéma fantastique, celui du vampirisme dans une adaptation résolument moderne où nos jeunes loups aux dents longues sont rockers, motards et chefs de bande, le tout situé dans le décor d’une petite station balnéaire de Californie. Ici, c’est l’amour pour une fille et pour son propre frère qui fait que le héros qui commence à se transformer arrivera à vaincre son adversaire.

« Bram Stocker’s Dracula » de Francis Ford Coppola (1992) est l’un des films vampiriques les plus émouvants. L’histoire nous montre un Comte qui sait se montrer dur et sanguinaire mais aussi romantique et mélancolique. Bien qu’adapté assez fidèlement du roman de Bram Stocker, Francis Ford Coppola a rajouté un prologue et un épilogue qui expliquent comment Dracula est devenu un vampire et comment il en est délivré. Ce film est un drame fantastique et non pas un film d’horreur comme l’était la majorité des Dracula classiques. Il est possible de comprendre son chagrin et sa détermination à reconquérir le coeur de son aimée réincarnée. Dans ce type de film, l’amour est quand même ce qui permet au héros de triompher.

« Vampires » de John Carpenter (1997) est un film fantastique américain qui raconte l’histoire de Jack Crow est un chasseur de vampires. Après avoir vu ses parents succomber aux dents acérées de l’un d’entre eux, Crow a consacré sa vie à les chasser dans une traque impitoyable qu’il mène depuis des années en compagnie d’une poignée de mercenaires connus sous le nom de Team Crow. Film violent, la scène du motel dans les 20 premières minutes est ... sanglante. C’est le cas de le dire.

« Les Vampires du désert » (2001) (Titre original : « The Forsaken ») raconte l’histoire suivante : Sean (Kerr Smith), un monteur de bandes-annonces d’une boîte de production spécialisée dans l’horreur comico-gore, se rend en Floride pour assister au mariage de sa soeur. Il est au volant d’une voiture de luxe qu’il doit, chemin faisant, rapporter à sa propriétaire. En plein désert de l’Arizona, il prend à bord Nick (Brendan Fehr), un auto-stoppeur sympathique et insouciant. En cours de route, les deux hommes prennent en charge Megan (Izabella Miko), une jeune femme en état de choc qui erre sans but. Nick révèle alors à Sean la vérité : Megan est sous l’emprise d’un maître vampire. Il le sait pour avoir été mordu lui-même par une inconnue lors d’une fête. Ne voulant pas accepter son triste sort, Nick combat l’infection et prétend avoir trouvé un remède capable de retarder l’échéance de la transformation complète. Sean, tout d’abord dépassé par ces révélations, a recours à ce traitement après avoir été mordu par Megan. Le maître des vampires, Kit (Jonathan Schaech), et ses disciples, Cym (Phina Oruche), Teddy (Alexis Thorpe) et Pen (Simon Rex), le chauffeur de jour, se lancent alors aux trousses de nos deux héros. De même que, dans les années 50, il existe le risque de guerre nucléaire et donc d’une mutation de l’espèce humaine (« Je suis une légende », film tiré du livre de Graham Materton). « Les vampires du désert » appartient à ces quelques récents récits qui font clairement le lien entre le vampirisme et le sida ou tout autre menace contre l’espèce humaine. C’est pourquoi le vampire apparaît donc de moins en moins comme une créature surnaturelle. Il constitue plutôt une métaphore mouvante de nos craintes et de nos préjugés.

(voir aussi :Génération Dracula, un siècle de vampires au cinéma)

Les Vampires à la télévision (liste non-exhaustive)

Les séries uniquement consacrés aux morts-vivants :

« Kindred : le clan des maudits »
Titre Original : « Kindred the Embraced »
Série fantastique américaine
8 épisodes de 50 minutes
L’histoire :
Les Clans vampiriques s’affrontent pour le contrôle de Los Angeles. 
La série dérive d’un jeux de rôles connu sous le nom de Vampire la mascarade (Edition White Wolf). Certaines adaptations ont dues être faites pour adapter l’univers très riche du jeux à l’écran, en particulier le nombre de clans à été réduit à 6 (contre 13) probablement pour faciliter la mise en place.
Le peu d’effets spéciaux mis en place pour la série s’explique par la sobriété du jeu basé sur les personnages et leurs interactions plutôt que sur leurs pouvoirs respectifs.
À part pour quelques points de détails, la série reste très proche de l’ambiance du jeu chaque personnage étant très représentatif de son clan.
Source : lestelevore.com

« Ultraviolet »
Série fantastique britanique
6 épisodes de 45 minutes

« Buffy contre les vampires »
Titre Original : « Buffy the vampire slayer »
Série américaine fantastique
144 épisodes de 43 minutes (7 saisons)
L’histoire :
Chaque génération a son élue pour protéger le monde des vampires.

« Angel »
Spin-Off de « Buffy contre les Vampires »
Série américaine fantastique
110 épisodes de 42 minutes (5 saisons)
L’histoire :
Angel, vampire avec une conscience, a quitté Sunnydale pour La Cité des Anges où il a créé une agence de détective privé.

Cependant, certaines séries ont réalisé un épisode sur ces êtres (liste non-exhaustive).

« Dossiers brûlants / The night Stalker » (épisode 4 de la saison 1 : « Vampire sur Hollywood »)
« X-Files » (épisode 7 de la saison 2 : « Vampires »)
« Les Experts » (épisode 13 de la saison 2 : « La Marque du Vampire »)
« Sydney Fox, l’aventurière » (épisode 7 de la saison 3 : « Le baiser des ténèbres »)


Cécilia Jamart
30 juillet 2005



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Entretien avec un Vampire
L’affiche du film



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Nosferatu
Première représentation de vampire



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Au temps de la Reine Victoria
Cette représentation est une image d’Épinal des vampires du XIXe siècle.



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Signe de reconnaissance
Les canines pointues est le premier signe pour reconnaître un vampire



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« Buffy, The Vampire Slayer »
Buffy et Angel, le couple le plus romantique de l’histoire vampirique



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Bela Lugosi
LE vampire au cinéma



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Dracula
L’une des premières représentations de vampire



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Une morsure
Le regard fou du vampire après s’être rassasié



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