L’île d’Ignition City est le plus grand spatioport terrestre, une porte magique vers les étoiles. Seulement la magie a définitivement disparu de ce territoire où la loi est à la gueule du client. Dans cette cité, humains et races extra-terrestres cohabitent dans une sorte de guetto où la loi du plus fort règne, où la corruption est devenue un mode de survie. C’est là que Mary apprend que le corps de son père a été recyclé par son logeur, trop pressé de récupérer les loyers impayés par la vente de son corps et grâce aux affaires du défunt. Mary va découvrir peu à peu que la ville d’Ignition City est pourri de l’intérieur et que la curiosité de son père lui aura été fatale. A fréquenter les mauvaises personnes, on fait de mauvaises rencontres et à force de mettre son nez là où il ne faut pas, on découvre des secrets qui n’auraient jamais du ressortir au grand jour.
« Ignition City » entre dans la série de comics où le génie Warren Ellis s’attaque au fantasme de la conquête spatiale et lui retirant tout le glamour de l’« Etoffe des Héros » ou tout le rêve d’espoir de « Star Trek ». Dans la continuité de « Royal Space Force », Warren Ellis transforme un épisode glorifié par le cinéma en cauchemar et le rabaisse au niveau d’une erreur de plus de la race humaine. Toutefois, Ellis ne va pas prendre les extra-terrestres comme boucs-émissaires, il va évidemment s’attaquer à la race humaine, ses perversions et ses défauts sans limites.
Ce sera à travers le parcours de son héroïne, Marry, que Warren Ellis s’attaque à la vénalité de l’être humain et à quel point l’argent peut régir le monde. Ellis nous emmène dans une ville guetto intemporelle où seuls les aliens nous indiquent que nous sommes dans de la science fiction. Il faut dire que nous sommes en pleine uchronie, en 1956, et Warren Ellis joue sur ce paradoxe pour nous offrir sa version de « Rocketeer », des tenues entre le western et les années de la prohibition américaine. Un délice ! Mary suit les derniers jours de son père pour lever le voile sur le secret de sa mort et déterrer au passage quelques cadavres.
Si on accroche sans problème au récit de Warren Ellis, le lecteur sera un peu frustré par le final car on sent qu’il manque au moins deux ou trois chapitres pour que cette histoire ait reçu le développement nécessaire à une parfaite compréhension. On sent qu’il nous manque des éléments sur le passé de la terre, sur la fameuse arrivée des extra-terrestres. Il est clair que les scénaristes sont contraints par les grandes maisons du comics en nombres de pages et cela se ressent fortement dans « Ignition City », qui est bien plus complexe et riche qu’il n’y parait.
Au dessin, nous trouvons Gianluca Pagliarani, avec qui Warren Ellis avait déjà travaillé sur « Wolfskin ». Malheureusement, ses planches ont le problème de la plupart des publications mensuelles de comics : une trop grand hétérogénéité. Nous passons de belles planches à des cases parfois bâclées, des traits des pesonnages trop variables rendant la lecture parfois énervante. Si les décors et l’ambiance sont vraiment bien rendus aussi bien par les crayonnés de Pagliarani que les couleurs de Digikore Studio, il n’en va pas de même avec les personnages. la couverture est vraiment symbolique de ce qui nous attend à l’intérieur, avec une héroïne trop propre sur elle, trop « rose » et lisse. Heureusement, cela ne sera pas le cas pour tous les pesonnages, mais la lecture en ait un peu gâchée.
« Ignition City » fait partie des titres inaugurant la nouvelle collection de Glénat, Glénat Comics. Une bonne initiative qui nous permet de découvrir de nouvelles oeuvres de grands noms du comics comme Warren Ellis.
Ignition City
Scénario : Warren Ellis
Dessin : Gianluca Pagliarani
Couleurs : Digikore Studio
Encrage : Chris Dreier
Traduction : Alex Nikolavitch
Éditeur : Glénat
Collection : Comics
Format : 173 x 265 mm
Dépôt légal : 18 avril 2012
Pagination : 144 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782723488297
Prix public : 14,95 €
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