Pour sa première filature en voiture, Dottie s’est faite piéger. Depuis qu’elle travaille pour Richard Greespan, elle s’occupe de maris cocus et de remboursements de pensions alimentaires non payées. Dans cette nuit hollywoodienne de l’été 1946, la filature l’emmène sur les hauteurs de Los Angeles. S’étant faite berner par sa proie, elle prend le chemin du retour pour prendre une bonne douche glacée et une « corona » à la même température. Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas traverser une femme qu’elle percute. En voulant aider la jeune femme à se relever, celle-ci hystérique lui crie « Le gros ! C’est…un monstre ! Il va me tuer ! » et s’évanouit. Apercevant une silhouette dans les fourrés, elle se lance à sa poursuite. Bredouille, revenant à sa voiture, elle s’aperçoit que la victime a disparu. Deux jours plus tard, et après avoir porté plainte auprès de la police, elle lit dans le Los Angeles Time l’article sur la disparition de Grace Mac Guffin, jeune starlette, héroïne du prochain film du célèbre réalisateur, Alfred Hitchcock. Dottie décide de résoudre, seule, cette disparition et se rend sur le tournage pour débuter ses premières investigations.
Un anniversaire pour cette série, dix albums déjà, le premier datant de 1994. Après Las Vegas, Honolulu, Dorothy Partington nous transporte à Los Angeles, la cité des anges. Yann nous plonge cette fois son scénario dans le milieu cinématographique. Il fait même plus que ça, car il intègre, complétement, « le maître du suspens » au scénario, en lui faisant jouer un rôle central. Est aussi présente son épouse, Alma Reville, qui l’accompagnera durant toute sa carrière en tant que scénariste ou assistante réalisateur.
En s’immisçant dans la construction d’un film, Yann nous montre une facette plus cachée de cette industrie. Dans ce monde peu reluisant où le cynisme côtoie la beauté, Yann aborde les rapports du « Maître » avec ses acteurs, mélange d’exigence et de perversité, et plus particulièrement celui avec ses actrices. Mais le scénario servi par l’auteur reste un peu sur l’estomac. Exercice difficile que de se mettre à hauteur d’Hitchcock. Entre fausses pistes et faux semblants, j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver. Comme de plus, se mêle à l’intrigue un double « d’Hitchie », il faut bien suivre le récit.
Berthet retrouve un décor plus glamour, correspondant mieux à ses aspirations. Je ne peux m’empêcher de rapprocher certaines cases des tableaux de Roy Liechtenstein, un des artistes les plus importants du mouvement « pop art » américain.
- Roy Lichtenstein:Crying Girl, Berthet Pin-up T10
Pas de surprises donc ni sur les dessins, ni sur la mise en couleurs de Dominique David. Juste une petite touche informatique plus présente, notamment dans l’incrustation d’affiches de film de l’époque. Un bémol sur la place du texte, un peu long, qui parfois occupe la moitié de la vignette.
Un scénario original mais qui a du mal à opérer. A noter, l’existante d’un tirage luxe, une édition spéciale au format « 30X40 », notée Édition Unique.
(T10)Le dossier Alfred H
Série : Pin-up
Scénario : Yann
Dessin : Philippe Berthet
Couleur : Dominique David
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 4 novembre 2011
Pagination : 64 pages couleurs
Format : 24x31,5 cm
ISBN : 9782505011446
Prix public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Hitchcock en tournage
© Yann, Berthet - Dargaud 2011
