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Hécatombe sur la dunette
Cinq questions à Simon Sanahujas au sujet de la seconde édition de Néréliath
7 mai 2012

Il n’est pas fréquent pour un auteur de voir un de ses romans réédité après à peine plus d’un an. Moins fréquent encore quand ce roman chasse ouvertement sur les terres de Robert Erwin Howard, créateur de Conan, en mettant en scène un récit d’héroïc-fantasy pure et dure. Il y avait sans doute quelque sorcellerie là-dessous, obligeant les enquêteurs surnaturels de la Yozone à mener l’enquête. Une enquête rondement menée puisque cinq questions, et leurs réponses, ont été suffisantes pour lever le voile sur ce mystère.



En janvier 2011, « Nereliath » sortait aux éditions Asgard. Un peu plus d’un an après, nouveau tirage, nouvelle présentation : un événement qui était prévisible, ou au contraire un succès inespéré ?

Ni l’un ni l’autre, je parlerais plutôt d’une opportunité. Les éditions Asgard ont récemment changé de diffuseur et le nouveau, plus ambitieux, nécessitait un stock plus important d’ouvrages. En conséquence, le tirage initial des nouveaux livres d’Asgard est bien supérieur, et l’éditeur a trouvé judicieux de rééditer « Nereliath » dans ce sens, afin de préparer la sortie du second tome – « Seuls les Dieux  » - qui paraîtra en mai de cette année. Dans la foulée, nous avons eu l’opportunité de faire réaliser une nouvelle couverture.

« Nereliath » sort avec une nouvelle illustration de couverture. Celle de Thomas Dutertre, avec ses navires à rames, ses monstres marins et son île surmontée d’un panthéon, évoquait plus le monde antique que l’héroïc-fantasy. Elle a d’ailleurs été malmenée par quelques critiques. Comment s’est fait le choix de la nouvelle illustration ?

J’avoue que je n’étais pas très heureux du rendu de l’illustration originale, et c’est d’autant plus dommage que Thomas Dutertre avait réalisé une illustration beaucoup plus sympathique, abandonnée pour des problèmes de contrastes et d’impression. Lorsque nous avons évoqué la publication de « Seuls les Dieux », Asgard m’a proposé YOz, un illustrateur que j’apprécie tout particulièrement. De manière logique, lorsque nous avons acté la réimpression de « Nereliath » avec une nouvelle couverture, nous avons choisi de la proposer également à YOz afin de créer une continuité et une identité à la série. Quant à la scène choisie, j’ai découvert qu’il était plus que compliqué d’illustrer un roman de piraterie. En effet, même si plusieurs scènes de « Nereliath » se déroulent sur la terre ferme, notamment le finale qui aurait pu à mon avis donner une illustration très étrange et mystérieuse, on ne peut choisir ce genre de scène car elle interdit de représenter le côté piraterie du texte. A l’opposé, le danger est de tomber dans la représentation de navire, comme cela a été le cas pour la première illustration, ce qui occulte une autre facette du texte : le fait qu’il soit bourré d’action. En conséquence, nous nous sommes arrêtés sur cette idée de représenter une partie d’un navire en pleine tempête avec un duel au premier plan. D’un point de vue puriste, cela ne colle pas complètement avec le texte puisque le duel en question se déroule sous le soleil et sur une mer d’huile tandis que la tempête renvoie à la première scène du roman : un abordage furieusement chaotique. Mais finalement, je pense que c’est une bonne illustration en ce sens que, en mêlant deux scènes distinctes, elle rend une bonne idée de l’esprit du roman. J’espère qu’elle plaira !

Nereliath, c’est tout d’abord un roman, mais aussi deux nouvelles, « Le voleur venu de Finameti » et « A force d’imagination » Pouvons-nous espérer voir un jour un volume des aventures de Karn uniquement sous forme de nouvelles, comme cela a été fait pour les meilleures aventures de Conan ?

Je n’imagine pas que nous fassions cela dans un proche avenir, et ce pour deux raisons principales. La première renvoie aux goûts du public, on sait très bien que les recueils de nouvelles, à quelques exceptions près, se vendent très difficilement. Ensuite, ce n’est pas de cette manière que j’ai conçu les volumes des Chroniques de Karn. Dans mon esprit, les nouvelles sont étroitement associées aux romans qu’elles viennent compléter afin de délivrer une vision plus large du personnage. S’il n’y avait eu que le roman dans « Nereliath », le lecteur aurait pu voir Karn comme un pirate, ce qui n’est absolument pas le cas. Karn est un aventurier et ses occupations sont multiples, sans parler des événements qui lui tombent dessus sans prévenir. Avec les deux nouvelles de ce premier volume, on le découvre sous la facette de voleur qui était la sienne durant une bonne partie de sa jeunesse. Dans « Seuls les Dieux  », on le découvrira comme mercenaire puis, dans la novella qui y est associée, comme soldat de fortune en fuite et comme aventurier opportuniste. En outre, cela me permet de le montrer à différentes époques de sa vie, avec différents niveaux de maturité, ce qui est très important pour moi car il s’agit du socle sur lequel j’ai bâti ce personnage. Enfin, je ne voulais surtout pas construire une saga comme on en voit tant de nos jours en fantasy, avec un début, une quête personnelle, une évolution et un finale. Karn possède une vie mouvementée et ses objectifs se modifient au fil du temps, et j’ai conçu ces volumes en piochant au hasard de sa vie. Lorsqu’une personne raconte sa vie (faites le test autour de vous en demandant à quelqu’un de se présenter), il ne commence jamais par sa naissance pour finir au moment où est posée la question, il rapporte des tranches de vies par à-coups et toujours dans le désordre. C’est ce que j’ai voulu proposer avec les Chroniques de Karn.

« Nereliath » est incontestablement de l’héroïc-fantasy pure et dure. On connaît ta passion pour un des fondateurs du genre, Robert Ervin Howard, auquel tu as déjà consacré deux ouvrages. Peut-on voir « Nereliath  » comme le socle fondateur d’une nouvelle vague d’héroïc-fantasy à la française ?

J’avoue que l’idée est loin de me déplaire mais… on en reparle dans dix ans ?

La suite des aventures de Karn doit être publiée prochainement aux éditions Asgard. Le second volume d’une longue série ?

Je l’espère ! Karn est un personnage qui me suit depuis longtemps et, actuellement, j’ai des idées pour deux ou trois romans et au moins autant de nouvelles. Tout dépendra de son succès en librairie puisque, loi du marché oblige, ses histoires ne continueront pas à être publiées si elles ne rencontrent pas un succès suffisant aux yeux de l’éditeur…

Simon Sanahujas sur la Yozone :
- La critique de « Nereliath »
- La critique de « Conan le Texan »
- La critique de la première édition de « Suleyman »
- Littérature et testostérone : un entretien


Hilaire Alrune
7 mai 2012


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