Les groupes de rebelles des trois cantons réclamant leur autonomie étaient prêts à tout pour passer en Italie, comme la fille du chef des rebelles de Schwytz ou encore la belle et mortelle Johanna. Tous tentèrent de trouver une astuce pour tromper la vigilance de Wolfram, mais la belle aubergiste à l’entrée de la forteresse ne sait que trop bien qu’elles n’ont aucune chance de tromper ce démon et quelle que soit la ruse utilisée, l’amman est capable de la contrecarrer sans la moindre difficulté. Mais en faisant exécuter la fille du chef rebelle, Wolfram a osé s’opposer à un ordre du duc et l’amman est soudain passé dans la ligne de mire du noble. Dorénavant, il va devoir rendre des comptes et ne plus faire comme bon lui semble. La toute puissance de l’amman sera-t-elle remise en cause ?

Mitsuhisa Kuji a fait ses classes de mangaka comme assistant de Kentaro Miura sur la série « Berserk ». Il n’est donc pas vraiment étonnant que sa première série se situe durant la période médiévale européenne. Mais il va quitter le monde de la dark fantasy pour le monde bien réel des Alpes suisses. Mitsuhisa Kuji nous emmène donc au XIVe siècle pour découvrir les histoires sinistres que cache la forteresse du col du Saint Gothard. Le mangaka s’inspire d’un véritable fait historique, celui de ces cantons dont les paysans tiraient des revenus du passage du col, et qui décidèrent de s’émanciper de la tutelle des Habsbourg.
L’amman Wolfram est totalement sorti de l’imagination du mangaka, tout autant que sa sinistre réputation car dès sa première histoire, « Liese et Georg », le ton est donné : ce seront des histoires à la fin tragique dont les véritables héros seront la forteresse et son maître. Les autres personnages finiront tous en trophées macabres. Mitsuhisa Kuji surprend réellement ses lecteurs par ses choix scénaristiques. Il va livrer aux pires tortures ou à une exécution pure et simple des personnages qu’il nous aura rendus sympathiques en quelques pages. Le choc sera aussi violent que ce terrible marteau s’abattant sur la hache tranchant la tête des condamnés. Mitsuhisa Kuji va même jusqu’à s’attaquer à la figure emblématique de la Suisse : Guillaume Tell.
Graphiquement, on voit que Mitsuhisa Kuji a travaillé le design de ses personnages et l’authenticité de leurs tenues. On sent l’influence de Kentaro Miura dans les traits des personnages de « Wolfsmund », aux mentons bien carrés, aux traits entre le comics et le manga. Par contre, Mitsuhisa Kuji est encore un peu léger pour ce qui concerne les décors. Ces derniers sont souvent un peu vides ou parfois trop simplifiés. Certes, que la série se passe en pleine montagne aide aussi le mangaka à ne pas avoir des arrières plans trop compliqués à dessiner. Mais on sent bien que c’est dans ce domaine que Mitsuhisa Kuji a encore du travail à faire. Par contre, le mangaka n’hésite pas à introduire un peu de nu, de sanguinolent dans ses planches et il reprend aussi de grands classiques comme l’enfant tenant sur ses épaules son père pendu.
« Wolfsmund » commence très fort, avec un ton particulièrement sombre et pessimiste, mais on sent aussi que Mitsuhisa Kuji va devoir jouer finement pour ne pas tomber dans le travers d’histoires trop prévisibles car étant toutes basées sur la même structure de scénario.
Wolfsmund (T1)
Auteur : Mitsuhisa Kuji
Traducteur : Florent Gorges
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Date de parution : 12 avril 2012
Numéro ISBN : 978-2-35592-373-9
Prix : 7,65 €
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