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Belle est la Bête
Jean-Pierre Favard
La Clef d’Argent, KholekTh, n°16, nouvelles (France), fantastique, 189 pages, mai 2012, 12€


Difficile de trouver un fil conducteur aux nouvelles qui composent « Belle est la Bête », excepté l’horreur, vue, ou ressentie par les protagonistes des textes de Jean-Pierre Favard. L’auteur n’en est pas à son coup d’essai (son récent roman « Sex, drugs & rock’n’Dole », également à La Clef d’Argent, a été acclamé par la presse jurassienne), et ce florilège donne la mesure de son talent. La plume sait être incisive dans le ton, mais semble adorer les ellipses dans la forme : pourquoi dire les choses de front lorsqu’on peut faire durer le suspense ? Ainsi de “La Bête”, qui ouvre le recueil, 15 pages de terreur fantasmée lors d’une corrida que l’auteur fait monter avec calme et maîtrise. Exercice de style sans grande finalité (à mon avis), elle est la moins marquante avec “Le Fils de la Femme à Barbe” pourtant empreinte de beauté, qui clôt l’ouvrage. Peut-être parce qu’il s’agit des textes les moins fantastiques, les moins extrêmes du recueil. Ces deux nouvelles prouvent cependant que l’auteur peut sortir du genre sans rien perdre de son talent.

Navigant dans les eaux floues du fantastique, “Les Chiens” et “Saint-Valentin”, sur des tons différents, jouent avec nos présupposés. “Miasme”, contant la fuite d’un microbe de sa famille qui le brime, prend des airs de fantasy, tout comme le bref “Monseigneur”, avec un policier illettré assisté d’un Korrigan savant. Après celle-ci, on a envie d’en lire un plein roman de la même veine.

Mais la marque de fabrique de Jean-Pierre Favard pourrait surtout être l’humour, noir de préférence, et un goût prononcé pour les personnages populaires, au français plus proche d’Audiard que du Bescherelle. L’enquête sans queue ni tête de “La Vénus Décapitée” ouvre le bal, qui s’emballe en une folle farandole dans le tarantinesco-burtonien “La Comète de Harley”, cocktail détonnant de « Mars Attacks » avec des bikers, où le rire engendré par le style le dispute au danger imminent de la situation.

En regard, les deux hommages qui suivent s’habillent d’un sérieux presque grave. Les tranches de vie pastel de “Chroniques Terriennes” poussent presque à la mélancolie, tandis que “Retour(s) d’expédition(s)”, qui démarrait dans les pas de Conan Doyle, pousse rapidement dans les traces de Lovecraft (avec un clin d’œil appuyé à E.R. Burroughs). Avec un égal brio.

Aussi, ne vous fiez pas à l’horrifique couverture d’Okiko, qui ne vous renseignera que sur les sensations qui vous assailliront à la lecture de « Belle est la Bête ». Pour le fond comme la forme, attendez-vous à ne jamais savoir où vous mettez les pieds !

Les premières pages de certaines nouvelles sont lisibles sur le site de la Clef d’Argent, aussi ne vous privez pas de découvrir Jean-Pierre Favard.


Titre : Belle est la Bête (nouvelles, 2012)
Auteur : Jean-Pierre Favard
Nouvelles :
- La bête
- Miasme
- Les chiens
- Monseigneur
- Saint-Valentin
- La Vénus décapitée
- La Comète de Harley
- Chroniques terriennes
- Retour(s) d’expédition(s)
- Le fils de la femme à barbe
Couverture : Okiko
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : KholekTh
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 189
Format (en cm) : 11 x 17,5 x 1,8
Dépôt légal : mai 2012
ISBN : 979-10-90662-03-2
Prix : 12 €



Nicolas Soffray
26 mai 2012


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