Dès la couverture, « Les Monstres de Mayuko » attire l’œil. Motifs géométriques stylisés y côtoient oiseaux, monstres et petite fille, le tout harmonisé par des aplats de couleurs franches. Elle mériterait un sous-verre à elle seule. Vous pourrez d’ailleurs constater assez vite que c’est le cas de pas mal d’illustrations en pleine page, voire en double-page de cet album.

Marie Caillou, graphiste et dessinatrice française, nous livre une mise en image somptueuse et très particulière. Ses dessins sont vectoriels, ce qui donne un rendu très propre et très précis. Si on peut trouver ce procédé un peu froid, il est indéniable qu’il colle à merveille avec l’ambiance dérangeante de ce cauchemar enfantin. La palette de couleur, composée essentiellement de noir, de rouge brique, de bleu-gris et de verts kaki ou pomme, accentue ce ressenti en se réduisant à l’essentiel. Les événements les plus marquants, tels la décapitation d’un personnage ou la transformation de geishas en serpents, sont lissés, presque aseptisés par le procédé graphique, ce qui leur confère l’aspect à la fois étrange, inconfortable mais acceptable des mauvais rêves.

On suit le périple de la fillette avec facilité, Marie Caillou ayant su conserver une trame presque linéaire tout en jouant avec les illogismes et les méandres hasardeux d’un parcours onirique. Inutile de préciser que le scénario n’est pas là pour nous livrer une histoire complexe et pleine d’intrigues : nous sommes davantage ici dans un récit poétique. Plus qu’un scénario, c’est un univers qui nous est présenté, univers peuplé d’êtres mythologiques étranges et ambigus. Plongés dans le folklore japonais revisité par Marie Caillou, nous découvrons par exemple Kitsoune et Tanuki, deux esprits magiques répandus dans la culture populaire nippone, l’un renard, l’autre chien viverrin. La route de Mayuko rencontre celle de bien autres créatures, rarement bienveillantes.

Un très bel ouvrage à regarder plus qu’à lire.

Les Monstres de Mayuko
 Scénario, dessins et couleurs : Marie Caillou
 Éditeur : Dargaud
 Dépôt légal : 23 février 2012
 Pagination : 48 pages couleurs
 ISBN : 978-2205062625
 Prix public : 19,99 €

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