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7 Shakespeares (T1)
Harold Sakuishi
Kaze Seinen

Faire du théâtre en ces temps agités du Londres de l’an 1600 n’est guère chose facile. Avec les manifestations des apprentis qui sèment la pagaille, les juges de paix s’attaquent à tout ce qui peut paraître subversif, comme cette pièce du comédien Shakespeare : Hamlet. Et pour faire un exemple, une descente de la police est ce qu’il y a de plus efficace, quitte à bafouer la zone libre... sauf à découvrir que la reine et son chambellan assistent à la dite pièce. Shakespeare serait donc intouchable ? Mais qui est donc cet auteur qui a fait de sa troupe la troupe officielle de la Cour Royale ? Quel secret cache cet homme que certains osent traiter d’imposteur ? Pour comprendre William Shakespeare, il faut revenir 13 ans en arrière, dans le quartier chinois de Liverpool...



La jeune Li est frappée d’une forme de malédiction. La jeune femme a un don de prescience qui lui a valu bien des malheurs. Enfant, elle déclamait ses visions sans prendre garde. Mais quand celles-ci annoncent la mort de voisins et qu’elles se réalisent, sa famille est vite considérée comme portant malheur et son pauvre père briquetier perd un à un ses clients. Conspué, sans travail, le pauvre homme à la limite de la folie va marquer la gorge de l’enfant au fer rouge pour la faire taire. Mais cela n’a rien arrêté. Avec les famines se multipliant, la famille de Li décide de partir en Angleterre, rejoindre la soeur de son père. Et alors que le don de Li n’apportait que malheur en Chine, il va soudain apporter la prospérité en Angleterre, cette terre où pourtant les chinois sont loin d’être les bienvenues et où le développement du Chinatown de la ville de Liverpool effraie les anglais de souche et les autorités religieuses.

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Harold Sakuishi a maintenant plus de 20 ans de carrière mais il est surtout connu chez nous pour sa série « Beck », racontant l’ascension d’un petit groupe de rock. Avec « 7 Shakespeares », le mangaka change radicalement de sujet. Il quitte les jeunes contemporains pour s’attaquer à une énigme historique, une période obscure de l’auteur anglais William Shakespeare. Certains historiens allèrent même jusqu’à remettre en cause l’existence même de William Shakespeares, que ce n’était qu’un nom d’emprunt. Cet auteur ayant vécu entre le XVIe et le XVIIe siècle est souvent accusé de plagiat ou, plus exactement, d’avoir basé ses pièces sur des contes et textes anciens qu’il aurait traduits.

Il y avait donc largement la place pour qu’un esprit imaginatif utilise cette substantifique moelle pour inventer sa propre hypothèse. Harold Sakuishi va donc nous donner son explication. La première partie de ce tome 1 nous met dans l’ambiance sulfureuse, existant à l’époque, autour de William Shakespeare, auteur-comédien qui était parvenu à obtenir la protection de la reine Elisabeth 1ère. Mais très vite, il lâche le mot qui fait mal : Shakespeare serait un imposteur. Et la source réelle de son succès serait une jeune chinoise : Li. La seconde partie de ce tome nous raconte le passé de la fameuse Li. Une enfance tragique à cause d’un don de voyance que la petite fille ne maîtrise pas et qu’elle fait partager sans prendre conscience qu’elle s’attire ainsi la jalousie et la haine de ceux qui préfère se voiler la face à coup d’obscurantisme. Le mangaka nous montre le ravage que les superstitions peuvent créer à une époque où la religion est très puissante.

En Angleterre, Harold Sakuishi nous expose la vie dans un supposé Chinatown aux portes de la ville de Liverpool. Cette fois, c’est un peu la chronique du racisme ordinaire qui se fait jour, mélangé avec une bonne dose d’obscurantisme. La jeune fille, marquée au fer à la gorge, passera sans que cela ne pose le moindre problème de porte-malheur à divine devineresse. On perd aussi peu à peu le lien avec Shakespeare qui sera en fait totalement éludé pendant près des trois quarts du manga. C’est bien Li, la véritable héroïne de ce premier tome, le mangaka s’attardant longuement sur le contexte qui permit la rencontre de ces deux personnages dont rien ne les rapprochait.

Graphiquement, ceux qui ont lu « Beck » ne seront pas étonnés de la qualité des dessins. Pour les autres, nous sommes dans un style semi réaliste qui nous rappelle à des séries comme « Vinland Saga » : le mangaka a travaillé les tenues et les décors pour être le plus réaliste possible et immerger le mieux possible le lecteur dans le Londre de la Renaissance. Le résultat est très intéressant, même si les personnages sont surtout mis en valeur et qu’une grande partie se passe dans la campagne et demande moins d’efforts sur les bâtiments.

« 7 Shakespeares » est un manga assez audacieux, en tout cas en Europe où William Shakespeare s’apprend sur les bancs de l’école, mais l’approche de Harold Sakuishi est des plus intéressantes et mérite largement le détour.


7 Shakespeares (T1)
- Auteur : Harold Sakuishi
- Traducteur  : thibaud Desbief
- Éditeur français : Kaze Manga
- Collection : Shonen
- Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 292 pages
- Date de parution  : 4 avril 2012
- Numéro ISBN : 978-2-82030-309-7
- Prix : 9,99 €


SHICHININ NO SHAKESPEARE © 2010 Harold SAKUISHI / Shogakukan Inc.
© Edition Kaze Manga - Tous droits réservés



Frédéric Leray
9 avril 2012




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