Le principe de cette série est assez simple : présenter la genèse du monde de Troy et, en quelque sorte, faire le lien entre les différents univers de ce monde fantastique (“Les Guerrières de Troy”, “Lanfeust des Étoiles”, “Tykko des Sables”…).
A l’origine, Troy n’était peuplé que de trolls, de quelques autres espèces primitives et d’un étrange spécimen capable de diffuser la magie : le Magohamoth. Environ 4000 ans avant les aventures de Lanfeust, la planète Troy appartenait au Consortium interstellaire des Fleurs. Ses dirigeants firent enlever les porteurs de talents parapsychologiques sur tous les mondes connus et les exilèrent sur Troy pour coloniser la planète. Page est l’une de ces exilées. Accompagnée par son jeune frère, elle cherche ses parents, prisonniers sur Troy également. Très vite, elle se retrouve au cœur d’une révolte qui va façonner le Monde de Troy.
Le premier volume, “Exil à Port-Fleuri”, était publié en mars 2005. Sans être révolutionnaire, il avait le mérite de poser les bases de la série et d’offrir un bestiaire assez impressionnant. Le second épisode, “Eckmül le Bûcheron”, édité en octobre 2008, proposait quelques nouveautés intéressantes et donnait de nombreuses explications sur l’univers complexe du monde de Troy, comme la présence du Magohamoth.
Néanmoins, ces deux volumes ne satisfaisaient pas complètement les fans de l’univers créé par Arleston. Les auteurs ont alors pris leur temps (plus de trois ans exactement) pour construire ce troisième épisode. Et ils ont eu raison. Il faut bien admettre que la qualité des albums monte crescendo, augmentant ainsi l’intérêt pour la série.
Pas facile d’écrire la genèse d’une saga devenue culte. Même si on est soi-même l’auteur de cette fameuse saga. Allez dire à Georges Lucas de ce que vous avez pensé de l’épisode 1, “La Menace Fantôme”…
Et pourtant. Christophe Arleston s’en sort plutôt bien à cet exercice périlleux. Il ne se contente pas de faire un lien grossier avec ses précédentes séries à succès, il créé une véritable histoire originale. Il nous fait (re)découvrir un univers familier fondé sur une surprenante technologie végétale.
Dans ce troisième épisode, la résistance s’organise au sein de Port-Fleuri. Les derniers gardes de la cité sont neutralisés ou emprisonnés dans leur propre caserne. Les rebelles ne tardent pas à être rejoints par Page et sa bande, qui viennent de décimer l’armée de Van Laack dans les marais du Delta Bilieux. Le seigneur Van Laack, rongé par la haine et la vengeance, et ce qui reste de ses troupes se dirigent maintenant vers Port-Fleuri. L’affrontement est inévitable. L’avenir de la cité dépendra du résultat de ce conflit. Les différentes histoires décrites dans les précédents tomes se recoupent dans ce volume, enrichissant ainsi considérablement le récit. C’est indéniable, la série monte en puissance. Sans être omniprésent, l’humour participe à l’intrigue. On retrouve notamment les jeux de mots qu’affectionnent tant Arleston, comme le nom de l’officier assassiné en début d’album : « Capitaine Pÿcebs ».
Cette aventure présente l’origine de la future capitale de Troy, la constitution du conseil des sages d’Eckmül (le bucheron !), de la nouvelle garde de la citée, la création du conservatoire… Ces éléments augmentent l’intérêt pour la série. Il n’est bien évidemment pas nécessaire de connaitre les autres albums du monde de Troy (“Troll de Troy”, “Cixi de Troy”, “Lanfeust Odyssey”…) pour apprécier cette saga, mais cela augmente indéniablement le plaisir de lecture.
Les dessins de Ciro Tota, qui a également participé aux derniers albums d’“Aquablue”, sont assez fins. Les décors médiévaux et les technologies végétales sont particulièrement réussis. Les textures de certains environnements, notamment les bâtiments massifs, auraient peut-être mérité un peu plus d’attention. On observe parfois de gigantesques murs lisses ou sommairement dessinés. Par ailleurs, dans les scènes de gros plan, les fonds sont souvent monochromes. Dommage, mais ça reste un point de détail.
Les personnages sont crédibles et attachants. L’héroïne déjà, Page Blanche, avec sa mâchoire carrée, n’a pas les mensurations d’une icône de mode. Ça change ! Les looks, les visages et les expressions des personnages sont très variés. Le bestiaire est vaste également. Il y a de la vie dans ces planches !
Le cadrage est particulièrement dynamique, et sert une mise en scène très réussie. On retrouve parfois quelques références à des œuvres célèbres, comme “La Cène” de Léonard de Vinci.
Dans ces planches, le lecteur se rendra compte de l’étendue de la palette de couleurs de Sébastien Lamirand, très en vogue en ce moment.
Le prochain épisode s’intitulera “Le Mont Rapace”. Aucune date de sortie n’est prévue pour le moment. Espérons seulement qu’il sera disponible avant 2015, et brisera la longue attente que nous avons eu l’habitude de connaitre entre chaque tome.
(T3) La Bataille de Port-Fleurie
Série : Les Conquérants de Troy
Scénario : Christophe Arleston
Dessin : Ciro Tota
Couleurs : Sébastien Lamirand
Editeur : Soleil
Dépôt légal : 14 décembre 2011
Format : 234 x 323 mm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-3020-1589-0
Prix Public TTC France : 13,50 €
A lire sur la Yozone :
Exil à Port-Fleuri (T1)
Eckmül le Bûcheron (T2)
Illustrations © Ciro Tota et Soleil Productions (2011)
