La reine, apprenant la mort de son époux, ne baisse pas pour autant les bras, et avant que les envahisseurs ne terminent leur sanglante besogne, elle organise la fuite de ceux s’étant réfugiés dans ses appartements. Mais sur la voie de sortie, Eanna est interceptée par le traître qui a causé la mort du roi et des siens. Battue au combat, elle est livrée à Mesium, le roi serpent, qui après l’avoir torturée, l’abandonne agonisante dans le désert. Seulement Lilith, la première d’entre toutes les femmes, déesse ailée, descend du ciel sur Eanna. Elle ne mourra pas aujourd’hui.
Et voici comment tout commence ! C’est en effet dans ce troisième tome de la série « Succubes », titré « Eanna », que les lecteurs vont apprendre comment est fondé l’ordre de Lilith.
Comme les deux volumes précédents, l’histoire est centrée sur une femme ayant marqué son époque. Nous nous retrouvons donc cette fois en Mésopotamie, trois mille ans avant J.-C. La grande cité d’Ur est tombée aux mains d’un envahisseur aussi vil que rusé, aidé de l’intérieur par un traître à sa nation. L’héroïne, Eanna – dont le volume porte le nom – était la reine de la cité avant sa chute. Comme Roxelane et Camilla dans les tomes 1 et 2, le personnage principal est déterminé et plein de volonté de vivre. C’est aussi une femme sublime : n’oublions pas que la série se nomme « Succubes » !
Qui dit nouveau volume, dit nouveau dessinateur : car si c’est toujours Thomas Mosdi qui s’occupe du scénario, c’est cette fois Gianluca Acciarino qui reprend le flambeau après Adriano De Vincentiis. Et la barre était placée très haut ! C’est d’ailleurs sur ce point que le bât blesse (un peu, n’exagérons rien). Même s’il reste d’un niveau tout à fait honorable, le coup de crayon du jeune italien est un cran en dessous de son prédécesseur qui est, il faut dire, très exercé au dessin du nu féminin. Justement, les femmes de ce troisième volume, certes toutes très belles, sont difficiles à différencier les unes des autres. Les hommes, quant à eux, sont pour la plupart des tas de muscles saillants (en même temps, ce sont des guerriers).
L’histoire en elle-même nous emporte un peu moins que la précédente, utilisant peut-être trop des ficelles du genre. La reine bafouée va survivre à son supplice, sauvée par de bons samaritains, qui vont l’aider à se venger et récupérer la souveraineté de sa cité. Les personnages sont peut-être moins accessibles, car moins connus du fait de l’époque du récit, en opposition à Robespierre ou Roxelane dont on est sûrs de l’existence réelle.
Néanmoins, on prend du plaisir à découvrir l’histoire de cette reine guerrière, appréciant le travail des auteurs, qui ont dû pallier au manque d’information sur cette période tout en collant au style de la série (d’où les tenues très dénudées de la souveraine, pas forcément d’époque). Notons d’ailleurs que le choix d’apparition de Lilith à cette ère – et la fondation du culte des filles de Lilith – n’est pas anodin. En effet, parmi les origines possibles de Lilith se trouveraient des racines sumériennes et akkadiennes : ki-sikil lil-là , littéralement « la jeune femme aérienne » pour Sumer, et lil-itu, « Dame du vent » pour Akkad, les deux cités-états étant très liées.
La série « Succubes » continue son chemin à rebrousse-temps pour nous emporter cinq millénaires en arrière. Cette fois, à travers l’histoire d’Eanna, nous découvrons la genèse de l’ordre des filles de Lilith. Un volume un tout petit cran en dessous du précédant mais qui se laisse lire plus qu’agréablement, et avec le plaisir des yeux !
(T3) Eanna
Série : Succubes
Scénario : Thomas Mosdi
Dessin : Gianluca Acciarino
Couleurs : Marta Martinez
Éditeur : Soleil
Collection : Secrets du Vatican
Dépôt légal : 25 janvier 2012
Format : 323x234 mm
Pagination : 48 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2302019522
Prix public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Succubes (T1) Camilla
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