Il y a cette vidéo où un homme déclare avoir tué toute sa famille et promet beaucoup d’argent pour ceux qui auront le courage de les découvrir et prévenir la police. Un défi qui va finir par titiller les camarades de Punpun et les voila partis pour une usine désinfectée à la recherche du trésor. Mais ce sera une énorme frayeur qui les y attend ! Punpun aimerait pouvoir faire appel à dieu pour l’aider, celui que son oncle lui a appris à prier, mais à cause de la mère de Aiko, il sait maintenant que ce n’était qu’un autre mensonge d’adulte, comme celui de son père qui a quitté la maison et ne semble plus vouloir revenir. En fait, rien ne se passe comme prévu. Il n’y a pas de trésor dans l’usine, et son père ne reviendra pas...

Asano Inio est un mangaka précoce, ayant présenté son premier récit à l’age de 17 ans et il reçoit en 2001 le premier prix des jeunes auteurs. Très vite, Inio se spécialise dans la critique sociale et dans l’étude des perversités de la société nippone contemporaine.
Avec « Bonne nuit Punpun », il nous raconte la vie d’un jeune garçon, Punpun, dont la vie va subir plusieurs traumatismes, du premier amour au divorce de ses parents. Inio avoue qu’il a mis beaucoup de lui et de ses problèmes dans le personnage de Punpun. C’est pour cela qu’il va le représenter sous une forme hyper simplifiée. Et si je vous parle du graphisme maintenant, c’est que ce choix va avoir de grandes conséquences sur la lecture de ce manga. Donc Punpun et toute sa famille sont illustrés sous forme d’oiseaux très simplistes alors que le reste est bien au contraire hyper réaliste. Personnage, décors, tout est fait pour accroître la crédibilité du discours mais malheureusement, cela ne prend pas du tout.
Revenons sur le scénario pour plus d’explication. Punpun est un enfant très réservé et l’auteur le représente donc par un oiseau en 2D qui ne prononce quasiment pas un mot, en tout cas jamais directement dans les cases, contrairement aux autres personnages, même ses parents en 2D. Le jeune homme va donc au même moment tomber amoureux et subir la dernière querelle parentale qui provoquera le divorce de ses parents. Un sujet très sérieux qui devient un rien ridicule soumis au choix graphique du managaka. Car le dessin de la mère de Punpun battue n’est pas sérieuse et rend d’ailleurs incompréhensible la scène, et le côté parodique de la famille du héros pose un sérieux problème de compréhension et surtout ne permet pas au message de passer comme il le faudrait.
Ce sera malheureusement le cas de nombreux thèmes abordés et qui méritaient un autre traitement. Asano Inio nous noie d’informations et rend la lecture de son manga laborieuse, pour ne pas dire énervante. Pourtant, l’amourette avec Aiko pouvait s’avérer sympathique mais le mangaka va d’abord se noyer dans des considérations métaphysiques sans intérêt, puis s’attaquer au problème des sectes. Là aussi, le côté pseudo humoristique et le second degré de la conversation avec l’oncle de Punpun nous fait perdre le fil du problème et les cases avec les contusions de Aiko ne sont pas du tout exploitées.
C’est vraiment le gros reproche que l’on peut faire à la série : trop brouillonne, Asano Inio jette sur le papier toutes ses craintes d’enfant, ses critiques de ses contemporains. Des adultes qui sont souvent représentés complètement fous ou sous LSD. Cela n’aide décidément pas vraiment à entrer dans ce manga qui ne parvient pas à trouver un rythme et surtout à captiver l’intérêt du lecteur. Dommage.
Bonne nuit, Punpun (T1 et 2)
Auteur : Asano Inio
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kana
Collection : Big Kana
Format : 127 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Nombre de pages : 224(T1) et 208(T2)pages
Date de parution : 3 février 2012
ISBN : 9782505014133 ; 9782505014140
Prix : 7,45€
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