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Machine à Explorer l’Espace (La)
Christopher Priest
J’ai Lu 688 & Folio SF


Dans la très victorienne et très puritaine Angleterre de la fin du 19ème siècle, un jeune représentant de commerce, Edward, Britannique jusqu’au bout des ongles, se lie d’amitié avec Amélia, la non moins victorienne assistante d’un savant génial, Sir William Reynolds. Ce savant, entre autres merveilles, a inventé une machine à voyager dans le temps et dans l’espace. Par un malheureux incident, cette machine envoie nos deux tourtereaux dans un monde étrange, un monde qui va s’avérer être la planète Mars. Les deux naufragés l’explorent, et découvrent la civilisation martienne, sa technologie, son organisation sociale. En effet, Mars est peuplée de créatures humanoïdes, que dominent des Martiens monstrueux et tentaculeux à souhait, et à côté desquels Jabba The Hutt est un Adonis. Or, ces monstres se préparent à envahir la Terre, à l’aide de machines de guerre tripodes munies de “rayons de chaleur”, et en traversant l’espace à bord de vastes cylindres expulsés par de gigantesques canons.

A ce niveau du récit, on a bien sûr compris que Christopher Priest a situé « La Machine à Explorer l’Espace » dans l’univers de « La Guerre des Mondes ». Ainsi, on retrouve nombre d’éléments du classique de H.G. Wells : la physiologie des Martiens, leurs véhicules interplanétaires, les machines tripodes, les rayons de chaleur, les noms des villes anglaises attaquées, le vicaire fou, etc. Mais là où Wells était resté sur la Terre pour raconter la guerre qui s’y déroule, Priest, lui, nous emmène d’abord sur Mars pour montrer la préparation de l’invasion, et développer des aspects ignorés par Wells : civilisation martienne, pilotage des vaisseaux-cylindres, etc,.

« La Machine à Explorer l’Espace » aurait pu n’être qu’une « prequel » de « La Guerre des Mondes », ce qui déjà n’aurait pas été si mal. Mais ce roman est beaucoup plus fou, car il n’a de cesse de jouer avec l’œuvre de Wells et de multiplier les clins d’œil. Parfois de façon anecdotique, en faisant allusion à « Les Premiers Hommes sur la Lune » (“Quand nous aurons maîtrisé la gravité, nous irons sur la Lune aussi facilement que nous allons aujourd’hui à Birmingham”). Et de façon plus évidente par l’utilisation de la machine à explorer le temps, qui joue un rôle fondamental au début et à la fin du roman. Priest pousse le vice jusqu’à nous apprendre, au détour d’un paragraphe, que Sir William s’est rendu dans un futur très lointain, qu’il a vu “bon nombre de choses fort étranges”, et qu’après être provisoirement revenu dans son époque pour raconter ses aventures, il est reparti définitivement. Ce qui n’est rien d’autre que la trame de « La Machine à Explorer le Temps ».
Non content de jouer avec l’œuvre de Wells, Christopher Priest a aussi imité, dans ce roman judicieusement sous-titré “Roman scientifique”, la SF du début du siècle, avec ses clichés et les erreurs dues aux connaissances de l’époque : les canaux de Mars, le voyage dans « l’éther » de l’espace... Sans oublier le savant génial dans son laboratoire privé, qui chante les louanges de la science triomphante et de l’esprit scientifique. De plus, Priest a écrit « La Machine à Explorer l’Espace » dans le style de Wells, en particulier celui de « La Guerre des mondes », c’est-à-dire une narration à la première personne et dans un style soutenu.
La boucle sera bouclée lorsqu’Edward et Amélia, revenus sur Terre après bien des péripéties, rencontreront un certain Wells, écrivain de son état. Wells, qui a recueilli et va publier l’histoire de Sir Williams, qui va écrire un ouvrage sur cette « guerre des mondes » dont il a été témoin, et qui, à l’instar du narrateur de « La Guerre des mondes », s’inquiète pour sa femme dont l’invasion l’a séparé.

Bref, Christopher Priest s’amuse et nous amuse. C’est son double niveau de lecture qui donne toute sa dimension à ce qui ne serait sans cela qu’un agréable récit au charme un peu suranné.

Philippe Heurtel

EN SAVOIR PLUS SUR LA GUERRE DES MONDES AVEC LA YOZONE

CINÉ
LA GUERRE DES MONDES version Spielberg

Sans oublier la version de :
LA GUERRE DES MONDES de 1953

Et quelques petits dossiers Ciné pour les puristes :

Le grand Oeuvre de Jean-Pierre Fontana, des débuts du cinéma à nos jours !!!!
UNE FILMOGRAPHIE DES FILMS MARTIENS DEPUIS L’ORIGINE DU CINÉMA (et de la TV)

Et si vous n’êtes pas encore persuadé de tout savoir :
RÉTRO SUR LA GUERRE DES MONDES

DVD
LA GUERRE DES MONDES de Byron Haskin, une réédition Paramount avec restauration numérique de qualité.

Mais n’oublions pas que tout vient d’un livre !!!!

LITTÉRATURE
La Littérature de SF s’est intéressée à Mars et aux Martiens depuis très longtemps. Bien débuter sur le sujet grâce à la Yozone
LA GUERRE DES MONDES ET DES LIVRES

Et un petit retour sur un livre hommage à La « Guerre des Mondes » et à « La Machine à Explorer le Temps » de H. G. Wells par un autre grand écrivain anglais : Christopher Priest
LA MACHINE A EXPLORER L’ESPACE

Bonne lecture à tous !


Philippe Heurtel
5 juillet 2005


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Et oui ! Nous avons rencontré Christopher Priest ! Bientôt une interview exclusive sur la Yozone !



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