Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




La Guerre des Mondes et des Livres !
Panorama non exhaustif pour bien débuter !
Cent ans de littérature martienne... et des poussières !

Mars et les écrivains de SF, une longue histoire !
Invasions de la Terre par des Martiens, découvertes de formes de vie extra-terrestres, histoires de colonisations ou de terraformations, épopées guerrières en terre étrangère, contes philosophiques ou paraboles religieuses, récits poétiques ou humoristiques.



Terre-Mars : l’impossible cohabitation

C’est sous les lumières britanniques d’un 19ème siècle finissant que H. G. Wells lança brillamment la machine martienne en écrivant « La Guerre des Mondes ». Néanmoins, Wells, qui regretta toute sa vie le succès de ses romans d’anticipation (« Jules Verne anglais, tel est mon titre de gloire » disait-il amèrement) en prophétisant l’anéantissement de l’envahisseur martien par des microbes terrestres, démontrait des qualités de créateur que bien des écrivains de SF contemporains doivent toujours lui envier.

Cette idée d’invasion martienne, popularisée aux USA par l’adaptation radiophonique d’Orson Welles en 1938, fut d’ailleurs directement reprise par les frères russes Arcady et Boris Strougatsky dans « La seconde invasion des Martiens » ainsi que par un fils d’Albion, Christopher Priest dans « La Machine à Explorer l’Espace ». Un exercice de style et un récit des plus agréables à lire, où l’auteur s’approprie en permettant leur fusion, les thèmes de deux grands classiques de Wells : « La Guerre des Mondes » et « La Machine à Explorer le Temps ».

Cette exploration guerrière de la thématique martienne connut son apogée grâce aux talents de conteurs de deux autres romanciers dont la lecture marqua des générations d’adolescents : le Français Gustave Le Rouge avec « Le Prisonnier (ou le naufragé) de la planète Mars » et « La Guerre des Vampires » livrait deux romans majeurs dès 1908 et E. R. Burroughs avec les dix volumes de son « Cycle de Mars -ou de Barsoom », œuvre baroque débutée en 1917, allait durablement frapper les imaginations. On peut également citer ici d’autres œuvres, plus mineures cependant, comme « Les aventures merveilleuses de Serge Myrandhal » de H. Gayar (Paris, 1908) qui proposent simultanément -et bizarrement- à la même époque une vision très proche de celle de G. Le Rouge (le talent littéraire en moins d’après tous les érudits), et des romans plus intéressants de R. M. Nizerolles « Les aventuriers du ciel » (paru en 108 fascicules de 1935 à 1937) ou « L’épopée martienne » de Théo Varlet & Octave Jonquel.
Il est à noter qu’au rayon des invasions et guerres réciproques entre la Terre et Mars, si les armes parlèrent beaucoup dans des récits le plus souvent de seconde zone (cf. certains romans de Jimmy Guieu, Vargo Statten, Philippe Randa ou les « Les conquérants de l’Univers » de F. Richard-Bessières qui marque le début de la collection Anticipation du Fleuve Noir), d’autres moyens étaient saisis par quelques grands auteurs.

Frederick Brown avec son « Martiens, Go Home ! » imaginait un milliard de petits bonhommes verts -et il fut le premier à oser aller jusque là dans son traitement humoristique de l’absurde !- venant sur Terre fourrer leur nez dans tous les recoins les plus obscurs de l’humanité. Ce qui incluait aussi bien le bureau ovale de la Maison Blanche que la chambre à coucher du premier humain venu... Et en plus, ils disaient tout ! On lira aussi avec grand plaisir la nouvelle de Frederik Pohl, « Le lendemain du jour où les Martiens sont arrivés », publiée dans l’anthologie réalisée par Harlan Ellison « Dangereuses visions, T1 » et qui place la vision des martiens sous un jour inédit et bien humain. Quant à Robert Heinlein qui écrivit aussi l’intrigant « Podkayne, fille de Mars », une classique aventure de retour sur Terre avant que l’histoire ne s’emballe, il livra une des Bibles du mouvement hippie avec « En Terre Etrangère », où Valentin Michael Smith, jeune terrien abandonné sur Mars et élevé par les autochtones, revient sur Terre avec la candeur, la sagesse et les pouvoirs du Messie pour botter philosophiquement les fesses à la société de consommation américaine. Un récit jubilatoire et révolutionnaire qui modifia durablement la vision originelle d’un auteur considéré comme réactionnaire. Même Philip José Farmer avec « Un martien nommé Jésus », un roman par ailleurs mineur, s’essaya au genre. Et oui, Jésus est martien et quand il revient sur Terre, il ne comprend plus rien au Christianisme, au Judaïsme et à cette nouvelle secte qui se nomme l’Islam. Il est temps de remettre de l’ordre dans la maison !

Mais au diable les idées envahissantes, il se peut aussi que des virus venus de la planète rouge sèment le trouble sur Terre. Ainsi Ian Watson avec « L’Inca de Mars » permet aux Indiens des Andes, contaminés par des sables martiens, de recréer une civilisation disparue. Juste retour de service dans les pieds terriens après l’ouvrage initiateur du genre de H. G. Wells !

Récits du Nouveau Monde

Vaste programme !
Du premier volume consacré à Mars dans « Le silence de la Terre » de la très belle trilogie de C. S. Lewis, un pasteur et écrivain anglais tout entier préoccupé par une vision religieuse et mystique de ses anticipations, aux quatre chefs-d’œuvre épiques et poétiques du « Livre de Mars » de Leight Brackett, (future scénariste de « L’Empire Contre Attaque »), à l’emblématique nouvelle de Stanley Weinbaum, qui crée le Martien le plus surréaliste de toute l’histoire de la SF, en passant par le souffle poétique, novateur et presque anti-scientifique de Ray Bradbury dans ses « Chroniques martiennes » pour finir avec les visions hallucinées de Ian McDonald et de son « Desolation Road », les écrivains de SF se sont décidés à saisir à bras le corps la thématique martienne.

P. K. Dick avec « Glissement de temps sur Mars » (adapté au cinéma sous le titre de « Total Recall ») écrira, à la même époque que « Le Maître du Haut-Château », ce roman malheureusement édité plusieurs années après et assez mal reçu par la critique. Il est vrai que plus d’une dizaine de narrateurs différents interviennent dès les premiers chapitres et que la structure narrative de Dick et ses thèmes récurrents y sont omniprésents. Il s’agit pourtant d’un des meilleurs romans de cet écrivain atypique dont les références littéraires avouées se situent plus du coté de Flaubert et Stendhal que de la SF classique. Découverte d’une ancienne civilisation martienne, antagonisme entre le réel et le rêve, actions complexes et description d’un futur tout entier réservé au néolibéralisme économique exacerbé, sont les pièces maîtresses d’une vaste aventure de SF.

Il y eut également la nouvelle d’Isaac Asimov, « La voie martienne », où « le Pape de la SF » prévoyait déjà les implications politiques, économiques et les enjeux conflictuels qui naîtraient entre la planète d’origine des colons et leur nouvelle patrie (plus une de ses très nombreuses série pour adolescents dont nous ne parlerons pas ici). Connaissance scientifique du dossier ou anticipation et prévision politique de grande classe, nul ne le sait, mais Asimov pressentait déjà qu’il faudrait peut-être détourner quelques comètes de leur orbite pour les emmener vers Mars afin d’acquérir une certaine indépendance. Sur une thématique similaire, Greg Bear dans « L’envol de Mars », nous raconte la prise d’indépendance d’une Mars qui souhaite s’émanciper du fardeau politique terrestre et qui pour cela ira très loin dans tous les sens du terme.

Un cadre socio-économique également abordé par Ben Bova dans son « Retour sur Mars » paru en octobre 2003 et qui fait suite à « Mars » (1992) : une fresque exploratoire de la planète Mars qui nous amène très loin dans le rêve en étudiant les applications scientifiques, économiques et politiques d’une telle mission. Un style épique et ordonné au service d’une histoire remarquablement construite.

La science au service de la SF et inversement !

Les récentes expéditions martiennes de la Nasa et de l’Esa l’ont maintes fois prouvé, il n’y a sans doute rien à espérer de Mars en terme de découvertes de vie ou d’anciennes civilisations extra-terrestres (sorry les gars !). Même si une mission sur deux a étrangement raté sa cible (le plus fort taux d’échec du système solaire), il faudra peut-être se résoudre à transformer la planète pour l’habiter.

Une nouvelle tendance, explorée dès 1951 par A. C. Clarke à travers un de ses premiers romans « Les Sables de Mars », difficilement lisible aujourd’hui, néanmoins. Tout entière dédiée à la transformation de Mars en planète habitable par l’homme, la « terraformation » est au goût du jour. Kim Stanley Robinson en est incontestablement le maître avec sa suite martienne (« Mars la Rouge », « Mars la Bleue », « Mars la Verte » et « Les Martiens » - dernier roman écrit et premier élément du cycle) qui raconte par le détail et sur la durée, toutes les étapes d’une terraformation complète de cette planète. Ses visions ont l’ampleur d’un projet planétaire et de nombreux personnages, aux destinées attachantes, parsèment d’un indispensable élément humain, ces chroniques martiennes modernes, basées sur une approche qui doit beaucoup à la « Hard-Science ». Tout au plus, regrettera-t-on certaines longueurs inhérentes au propos des explications techniques pas toujours utiles (mais c’est aussi un des charmes du récit donc...).

Si K. S. Robinson est reconnu aujourd’hui, ce processus de terraformation de la planète Mars fut cependant explorée dès les années soixante par un auteur francophone d’origine luxembourgeoise : Gérard Klein. Sa trilogie (« Le Rêve des Forêts » -sous le titre de « Chirurgien d’une Planète » au Fleuve Noir, 1960 - « Les Voiliers du Soleil », 1961 -« Le Long Voyage », 1964) publié originellement sous le nom de Gilles d’Argyre par le Fleuve Noir et réédité en version revue et augmentée par l’auteur chez J’ai Lu, mérite pourtant plus que le détour. Les deux premiers romans sont d’abord quasi exclusivement consacrés au projet de transformation de Mars. Ensuite, la vision développée par l’écrivain, adossée à une narration parfaitement maîtrisée, prend une saveur toute particulière qui place cette œuvre, comme tous les romans signés originellement Gilles d’Argyre, bien au-dessus du niveau dans lequel ils furent classés à l’origine. Cette trilogie vaut quantité d’œuvres anglo-saxonnes plus cotées et mérite d’être découverte.

En guise de conclusion provisoire !

On le constate donc, là où les connaissances technologiques faisaient défaut, les écrivains de SF ont rêvé et créé des possibles bien plus envoûtants que d’envahissantes et lourdes justifications scientifiquement seulement probables.
Mars reste heureusement un territoire de l’imaginaire ouvert à toutes les explorations. Une frontière du rêve que la réalité rejoindra un jour ? Qui sait ?

En attendant, rêvons aussi grâce au cinéma qui s’est approprié le mythe martien avec un certain talent (quantitatif surtout, il faut bien le reconnaître). Les scénaristes hollywoodiens s’en sont donné les moyens, les aventures sur Mars ont eu leur heure de gloire (Total Recall, Mars Attacks, La Mutante 2, Ghost of Mars, Red Planet, Mission to Mars, etc,.) et maintenant la tendance est à l’adaptation revisitée du classique de H. G. Wells. Malédiction ou pas, malgré les grands réalisateurs impliqués (Carpenter, Burton, De Palma, etc,.) et si on met à part le célèbre hollandais filmant (Verhoeven avec son « Total Recall »), pas de réels objets de vénération dans cette liste...

Comme d’hab’, il faudra attendre que le couple Spielberg-Cruise fonctionne à plein régime, même s’il surprend par la noirceur de son propos, pour boucler la boucle -temporairement, n’en doutons pas- avec la sortie estivale de « La Guerre des Mondes ».

Stéphane Pons

Cet article a fait l’objet d’une première parution dans un numéro consacré à Mars du mensuel Science-Fiction Magazine. La version présentée aujourd’hui est revue, corrigée et légèrement modifiée par l’auteur (NDLR).

EN SAVOIR PLUS SUR LA GUERRE DES MONDES AVEC LA YOZONE

CINÉ

LA GUERRE DES MONDES version Spielberg
OBJECTIF MARS le documentaire à ne pas rater !
et bien d’autres films en “Archives” cinéma.
Sans oublier la première version de :
LA GUERRE DES MONDES de 1953

Et quelques petits dossiers Ciné pour les puristes :

Le grand Oeuvre de Jean-Pierre Fontana, des débuts du cinéma à nos jours !!!!
UNE FILMOGRAPHIE DES FILMS MARTIENS DEPUIS L’ORIGINE DU CINÉMA (et de la TV)

Et si vous n’êtes pas encore persuadé de tout savoir :
RÉTRO SUR LA GUERRE DES MONDES

DVD
LA GUERRE DES MONDES de Byron Haskin, une réédition Paramount avec restauration numérique de qualité.

Mais n’oublions pas que tout vient d’un livre !!!!

LITTÉRATURE
La Littérature de SF s’est intéressée à Mars et aux Martiens depuis très longtemps. Bien débuter sur le sujet grâce à la Yozone
LA GUERRE DES MONDES ET DES LIVRES
ON A MARCHÉ SUR MARS
RETOUR SUR MARS
LA TRILOGIE MARTIENNE
Et un petit retour sur un livre hommage à La « Guerre des Mondes » et à « La Machine à Explorer le Temps » de H. G. Wells par un autre grand écrivain anglais : Christopher Priest
LA MACHINE A EXPLORER L’ESPACE

Bonne lecture à tous !


Stéphane Pons
5 juillet 2005


JPEG - 15.4 ko



JPEG - 9.6 ko
Orson Welles, acteur principal du renouveau martien !



JPEG - 14.6 ko



JPEG - 16.2 ko



JPEG - 20.7 ko



JPEG - 25.5 ko



JPEG - 18.4 ko



JPEG - 23.1 ko



JPEG - 24.7 ko



JPEG - 15.4 ko



JPEG - 18.4 ko



JPEG - 22.4 ko



JPEG - 34.2 ko



JPEG - 59.4 ko



Chargement...
WebAnalytics