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Lonely Betty
Joseph Incardona
Finitude, roman (France), novella fantastico-policière, 110 pages, février 2010, 13€

La veille de son centenaire, dans l’hospice d’une petite ville américaine noyée sous la neige du 24 décembre, une ancienne institutrice déclare vouloir parler à la police, après 50 ans de mutisme absolu. Des aveux tardifs sur les évènements survenus un demi-siècle plus tôt, et la disparition de 3 enfants de sa classe ?



L’affaire empeste le mystère, d’autant que la vieille Betty Holmes réclame à son chevet l’inspecteur qui enquêta jadis. Bien qu’à la retraite, le vieux renard John Markham n’hésite pas à braver la tempête pour espérer clore la seule affaire irrésolue de sa carrière...

Mais l’histoire que lui narre l’ancienne maîtresse d’école est si fantastique qu’il n’ose y croire. D’autant que celui qu’elle désigne comme coupable (ou très fortement suspect), est aujourd’hui un peu plus qu’une célébrité locale...

Mais tous les deux iront au bout de leurs convictions, même si cela doit leur coûter...

Difficile de vous en dire plus : « Lonely Betty » ne fait que 110 pages, et vous révéler la fin gâcherait le plaisir. Déjà que ce petit bouquin se dévore...
On commence sur une dédicace à Richard Bachman, ce qui ne manquera pas de mettre la puce à l’oreille des connaisseurs. Et tandis que défile une bonne première moitié du livre, la peinture des petits secrets des habitants de ce village coincé dans la neige ne peut pas ne pas rappeler les excellentes mises en situation dont le résident de Bangor (Maine) nous délecte à chacun de ses nouveaux best-sellers. Citons par exemple « La Tempête du siècle », écrit sous forme de scénario, ou encore la nouvelle “Brume”.

Mais contrairement au grand maître du fantastique américain, Joseph Incardona ne cherche pas à faire dans l’effrayant et le glauque, et son texte est saupoudré d’humour, certes souvent noir, appuyant là où cela fait mal dans les travers des Américains moyens. Ses personnages n’ont rien à envier à ceux de son modèle, du couple lesbien (adjointe au maire & gardienne de prison), au vieux flic affligé d’une fille qui couche avec ceux qu’il arrête et d’un petit fils qui le sidère et le navre en même temps, le bon croyant intégriste divorcé qui se regarde un film porno quand d’autres vont à la messe de minuit...
L’auteur s’amuse d’effets de style, allant même jusqu’à faire commenter son découpage par les personnages eux-mêmes (final de la 2e partie, page 64).

Le suspense monte, monte tandis qu’on tourne les pages, pressé d’en savoir plus sur ce malheur qui a rendue miss Betty muette. Et lorsqu’au détour d’une page apparaît, dans sa classe, un petit Stephen, la lumière se fait, tandis que du roman noir nous basculons dans le fantastique que nous avons désormais décidé d’y voir.

Au final, « Lonely Betty » s’avère un très bel hommage, qui nous aura tenu en haleine et fait frissonner, la preuve que le talent n’est pas affaire de pages. Le jury du festival international du film policier de Beaune (successeur de Cognac) ne s’y est pas trompé, en lui attribuant en 2010 le grand prix du roman noir.

On pourra tiquer sur le prix un peu élevé, malgré un beau papier et des cahiers cousus, et la légèreté de la relecture qui laisse passer quelques belles coquilles. Mais la qualité de la plume est là, aussi on ne pourra qu’encourager l’auteur et l’éditeur en faisant circuler ce petit ouvrage.


Titre : Lonely Betty
Auteur : Joseph Incardona
Couverture : (non renseigné)
Éditeur : Finitude
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 110
Format (en cm) :
Dépôt légal : février 2010
ISBN : 9782912667748
Prix : 13 €



Nicolas Soffray
23 janvier 2012


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