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Lanfeust Odyssey (T3) Le Banni d’Eckmül
C. Arleston & D. Tarquin
Soleil Productions

Même si le deuxième opus avait un peu relevé le niveau du diptyque « L’Enigme Or-Azur », le début de la série « Lanfeust Odyssey » n’avait pas connu le succès escompté. Du coup, le projet ambitieux d’écrire des histoires courtes, en deux volumes maximum, a été abandonné.
Nous nous retrouvons alors avec un tome 3 façon « tome 1 bis », en charge d’initié une nouvelle série, un véritable cycle.
Cet exercice ne risque-t-il pas de s’essouffler et d’abandonner les lecteurs en chemin ?



Au temps pour moi.
Au vu des deux premiers volumes de ce troisième cycle, il semblait que les auteurs souhaitaient se tourner vers des histoires plus courtes, en un ou deux tomes. Je crois même avoir lu quelque part que c’était également le souhait de leur éditeur. Et bien non ! Ce troisième opus lance une aventure longue, sur plusieurs tomes. Comme “Lanfeust de Troy” (né en octobre 1994) et “Lanfeust des Etoiles” (édité en 2001), le cycle “Lanfeust Odyssey” sera publié en huit volumes. Les auteurs ont visiblement besoin de plus d’espace pour exprimer au mieux les subtilités de leur histoire.

Finalement, “L’Enigme Or-Azur”, première et seconde partie, n’aura constitué qu’une épisodique introduction à un cycle plus important. Un peu comme si l’éditeur avait voulu tester son lectorat avant de proposer une série complète. J’ai cru comprendre également que Tarquin avait été frustré par les deux premiers épisodes. Peut-être souhaitait-il se racheter ?
Certains pourraient regretter ce retournement de situation. J’avoue que l’idée d’avoir des histoires courtes, à la manière de “Troll de Troy”, mettant en scène les personnages connus du monde de Troy, me plaisait assez… et avait l’avantage de satisfaire mon porte-monnaie. Par ailleurs, cette élongation du récit entraîne l’amincissement des albums. Si les deux premiers faisaient généreusement soixante sept pages, ce dernier volume n’est constitué que de quarante sept planches.

Dans ce nouveau cycle, le rouquin à la mèche noire est de retour sur Troy après avoir ramené la paix dans les étoiles et supprimé des registres galactiques toutes les données concernant la planète. Si moins de deux ans se sont écoulés pour lui et Hébus, c’est presque vingt ans qui ont passés sur Troy. Devenu une légende, son retour à la vie civile ne se fait pas sans difficulté.

Pour renouveler la saga, les auteurs ont eu l’idée de bousculer leur héros. Lanfeust, dans ce troisième numéro, est devenu l’ennemi public n°1 de Troy, en cavale après l’assassinat de Nicolède. Nul doute que ce nouveau statut de fugitif, voire de paria, permettra quelques rebondissements dans l’aventure et fera évoluer la psychologie du personnage principal devenu adulte. L’autre personnage dont l’importance devrait croître dans la série est le Magohamoth. Encore peu présent dans cet épisode, son influence devrait augmenter avec l’avancer de l’intrigue. En effet, la puissance de la terrible menace que devra affronter Lanfeust est telle qu’elle pourrait remettre en question la magie du monde de Troy.
Bon OK, le scénario dans lequel le héros, pourchassé par ses pairs, cherche à prouver son innocence n’est pas d’une grande originalité. L’idée du méchant ultime, capable de rompre l’univers de la BD non plus. Et encore moins celle qui consiste à rendre plus sombre l’environnement d’une série sur le déclin. A l’origine, Arleston n’était pas motivé pour écrire un troisième cycle de la saga. Il s’est laissé convaincre par Tarquin. Le talent de ces hommes est indéniable et permettra, je l’espère, de renouveler un peu le genre, de surprendre les lecteurs, et d’enrichir le récit des cinq prochains épisodes.
_ D’une manière générale, ce nouveau cycle tend à se rapprocher au maximum de l’ambiance des premiers “Lanfeust de Troy”. Un exemple ? Il suffit à Hébus de boire une potion troll pour redevenir (un peu) sauvage, et jouer ainsi avec les nerfs de son compagnon de toujours. Le raccourci est facile, mais il a le mérite de plaire aux fans de la « Troll Attitude ».

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C’est étonnant d’avoir un troisième tome qui introduit une série, comme si les précédents volets n’avaient jamais existé. Les futurs épisodes arriveront peut-être à faire le lien avec les lieux et les personnages des tomes 1 et 2. Quoi qu’il en soit, cette BD permet de faire connaissance avec le vénérable Qynostre et une étrange porte des étoiles, les nouveaux dangers d’Eckmül.
On retrouve certains éléments qui avaient fait le succès des premiers Lanfeust, comme le jeu de Tarquin dissimulé dans une case et écrit à l’envers : « Où sont les super héros ? »…
L’humour est omniprésent, le scénario intégrant des parodies de chansons et des références, entre autres, au rubik’s cube, Heckel et Jeckel, “Green Lantern”, et au restaurant KFC. Cependant, l’ensemble est volontairement plus sombre que d’habitude. Christophe Arleston a voulu renouveler sa série culte en écorchant l’image de son héros fétiche.

De près, lors des gros plans, les graphismes de Didier Tarquin sont fins et les personnages expressifs. De bien meilleure qualité que les deux précédents opus ! Il est intéressant de constater l’évolution des traits de personnages comme Cixi, qui se démarque de plus en plus de sa tante, et Lanfeust qui, la barbe poussant, prend de faux airs de Wolverine ou du Lieutenant Blueberry. Le cadrage est toujours aussi réussi, rendant la lecture particulièrement dynamique.
De plus loin en revanche, lorsque l’action se passe au second plan, la finesse du dessinateur disparait pour laisser place à un trait grossier, souvent caricatural. Lanfeust prend alors l’aspect d’une chevelure rousse montée sur une tête sans visage, Hébus devient une masse brune sans expression. Ces détails, bien que secondaires, auraient mérité un peu plus d’attention.
Les décors restent souvent détaillés, même si on pourrait regretter la présence de nombreuses cases sans arrière plan. Les amateurs regretteront l’absence de vie dans les paysages, le bestiaire était pourtant l’un des points forts de la série.
Les couleurs de Lyse Tarquin, qui signe de son prénom, servent parfaitement l’ambiance générale du récit. La noirceur de l’intrigue se retrouve notamment dans certaines planches telles que celles de Lanfeust en prison.

Changement de stratégie chez Soleil Productions qui s’oriente, comme à son habitude, vers une série longue en huit tomes. Il est difficile de juger ce troisième épisode qui, curieusement, est l’album d’introduction de ce nouveau cycle de Troy. Espérons que les futurs volumes confirmeront la bonne impression laissée par cette BD.
Le prochain épisode s’intitulera “La grande Traque”. Il n’y a pas de date de sortie prévue pour le moment.


(T3) Le Banni d’Eckmül
- Série : Lanfeust Odyssey
- Scénario : Christophe Arleston
- Dessin : Didier Tarquin
- Couleurs : Lyse
- Editeur : Soleil Productions
- Dépôt légal : 7 décembre 2011
- Format : 234 x 323 mm
- Pagination : 46 pages couleur
- ISBN : 978-2-30201-855-6
- Prix public : 13,50 €


A lire sur la Yozone :
Lanfeust Odyssey (T1) L’Enigme Or-Azur - première partie
Lanfeust Odyssey (T2) L’Enigme Or-Azur - seconde partie


Illustrations © Didier Tarquin et Soleil Productions (2011)



Allison & Julien
4 janvier 2012




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