Ce livre épais, un cyber-opéra en trois actes et deux intermèdes, nous présente un avenir crédible. La crise de la dette a ruiné les nations et les grandes multinationales se sont battues pour contrôler le monde. À ce jeu, le congrégat Thor Corp a supplanté les autres. Certains concurrents comme Synbad ou EdiSun essaient bien de lui contester cette suprématie, mais le seul danger pour Simon Odako réside dans son propre camp. Et il n’est pas surnommé le Dieu Lion pour rien, son esprit retors imagine un plan machiavélique, mais il arrive que la créature dépasse son concepteur…
Alain Bergeron a écrit un cyber-opéra d’un souffle peu commun. Inscrit dans la mouvance cyberpunk, « Phaos » n’est jamais rébarbatif ; ce roman se lit très bien, il décrit une société plausible pour la fin du XXIe siècle, sans jamais nous perdre en route. L’écrivain imagine un futur où l’homme dépasse même sa propre condition.
Il extrapole sur notre quotidien avec Internet, le stockage des données. La lumière et ses corpuscules, les photons, changent la donne et permettent de dépasser les contraintes actuelles. Les ordinateurs ne sont plus que des reliques, remplacés par les logops (processeurs logiques), la nasse englobe la planète dans un gigantesque espace d’échanges d’informations.
Alain Bergeron met en scène quelques personnages clés, acteurs dans le drame se jouant autour de Phaos, le déclencheur d’un changement en profondeur du nouvel ordre mondial. Alors que l’on pense que certains n’étaient là que pour un tour, il se plaît à les remettre en selle, nous surprenant à l’occasion ou éclairant certains passages précédents. Il mène vraiment bien son récit qui ne s’épuise jamais tout au long de ses 560 pages.
En lisant « Phaos », on ne peut se départir de l’idée de tenir entre les mains une grande œuvre, une de celles que l’on n’oublie pas.
C’est de la SF intelligente multi-primée outre-Atlantique : meilleur roman SF 2004, Grand Prix de la Science-Fiction et du Fantastique Québecois, Prix Boréal, Prix Aurora, ce qui n’est que justice au vu des qualités mentionnées.
Alors pourquoi aucun éditeur français ne s’y est-il intéressé ? Ne lui a-t-on pas offert une chance de s’imposer dans l’Hexagone ? Dans l’entretien accordé à Présences d’Esprits dans le numéro 68 du fanzine, Jean-Louis Trudel donne une explication qui se vérifie dans ce cas.
Heureusement que les livres des éditions québecoises Alire se trouvent facilement par chez nous. Encore faut-il les connaître et être curieux…
Titre : Phaos
Auteur : Alain Bergeron
Couverture : Laurine Spehner
Éditeur : Alire
Collection : Romans
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 561
Format (en cm) : 17,8 x 10,5
Dépôt légal : 3e trimestre 2003
Prix : 10,90 €