C’est ainsi que Darius partit en Inde pour sauver une jeune fille et lui donner une vraie chance dans la vie. Cette mission était vraiment de tout repos à côté de celui qu’il doit dorénavant protéger : Bram. Ce petit con a tout du gamin gâté incapable de faire quoi que ce soit de sa vie, passant son temps à se droguer et se foutre dans les pires emmerdes. Mais Darius doit le protéger et aussi Heather, la jeune femme partageant la vie de ce petit crétin. Darius est tiraillé entre sa mission et cette envie de foutre bonne branlée à ce gamin qui confond sa petite amie avec un punchingball. Darius est à deux doigts de démissionner quand Suzanne décide de tout lui raconter sur les « alter ego ».
« Darius » est donc une des six possibilités de découvrir cette série atypique qu’est « Alter Ego ». Je ne reviendrai pas sur le principe de la série, largement décrypté dans la chronique du tome dédié à Camille. Ce tome d’ailleurs nous avait déjà permis de découvrir le personnage de Darius, allant même un peu plus loin que le tome qui lui est dédié. Pierre-Paul Renders et Denis Lapière vont longuement nous expliquer ce que cache réellement la notion d’Alter Ego, bien plus que dans « Camille ». L’astuce scénaristique est d’autant plus facile que c’est Suzanne, la défunte mère de Camille, qui, elle-même, se lancera dans l’explication de cette notion qui ne sera qu’abordée dans l’autre volume.
L’intérêt de cet album est aussi le cas de conscience que Bram pose à Darius. Comment protéger une personne qui vous dégoute au pointe de vouloir le laisser croupir en tôle pour lui donner une leçon ? Malheureusement, le gamin est totalement obtus et n’obéit qu’à lui-même. Au-delà du fil rouge des « alter ego », « Darius » nous interroge réellement sur ce problème qui se retrouve chez les avocats. Et sa réponse sera en demi-teinte, car au final, il se trouvera une autre raison de garder le jeune homme en vie.
Au dessin, nous retrouvons Efa et Luca Erbetta. Après le style « old school » franco-belge de Mathieu Reynès, Efa passe à un style plus cartoon, plus influencé par le comic book. Cela atténue malheureusement la force du discours des deux scénaristes car donnant un ton plus « jeunes ados », certes pas totalement désagréable, mais moins porteur d’une ambiance tout en finesse comme chez Reynès. Les personnages tranchent parfois avec les décors, plus réalistes, de Luca Erbetta. La colorisation d’Albertine Ralenti change aussi du tout au tout, modernisant son choix de couleurs, entre les teintes orangées des scènes nocturnes et le sépia/ocre des scènes du passé. Des couleurs un peu trop flashy à mon gout.
Ce deuxième tome 0 d’« Alter Ego » confirme la force et l’intérêt de ce scénario atypique, tout en faisant un choix graphique plus discutable.
(T0) Darius
Série : Alter Ego
Concept : Pierre-Paul Renders
Scénario : Pierre-Paul Renders et Denis Lapière
Direction artistique des personnages et storyboard : Mathieu Reynès
Dessin des personnages : Efa
Dessin des décors : Luca Erbetta
Couleurs : Albertine Ralenti
Couverture : Mathieu Reynès
Éditeur : Dupuis
Dépôt légal : 3 juin 2011
Pagination : 62 pages couleurs
ISBN : 9782800148816
Prix public : 11,95 €
A lire sur la Yozone :
Alter Ego (T0) Camille
Illustrations © Mathieu Reynès, Benjamin Benéteau et Dupuis (2011)