Car Priti n’a rien d’une courtisane. Elle préfère entrer en communion avec la nature et se vêtir uniquement du ciel et des nuages plutôt que de vivre dans la richesse et la rigueur du harem. Là-bas, le monde des femmes du roi moghol Jahangir possède ses règles propres, ses contraintes nombreuses et des jeux de pouvoir dépassant la jeune femme, bien naïve par rapport à cet univers où devenir la favorite du roi est d’importance. C’est aussi un monde interdit aux hommes, sauf sous réserve d’obligations pouvant coûter très cher à ceux qui les enfreignent. Le fait qu’elle soit une femme lui a ouvert les portes du harem et elle doit maintenant en sortir l’essence même et le poser sur les feuilles du Muraqqa’.

Ce premier tome de « Muraqqa’ » nous invite à un voyage dans le temps, dans l’Inde du début du XVIIe siècle, plus précisément dans l’empire moghol. Jahangir devient le quatrième roi moghol d’Inde en 1605 et mènera une guerre incessante pour l’expansion de son empire. Mais ce guerrier était aussi un féru d’art et c’est cet aspect du personnage qui sert de base au récit d’Emilio Ruiz.

Auteur d’« A la recherche de la licorne », il abandonne l’histoire de l’Espagne, son pays natal, et l’Afrique pour s’attaquer aux mystères de l’Inde et de ce lieu fascinant à bien des égards que s’est le harem. Il va nous permettre de pénétrer dans ce saint des saints par l’intermédiaire de la jeune Priti, une femme ivre de liberté qui se retrouve enfermée entre les murs d’une citadelle. Ce sera une épreuve pour cette jeune femme de vingt ans, de se faire admettre parmi ses femmes du roi, afin de comprendre leur façon de vivre et la transposer sur ces tissus qui formeront le Muraqqa’. C’est une histoire où l’art a une place majeure, et Emilio Ruiz nous décrit ce monde avec beaucoup de finesse, mais mettant en avant aussi toute sa rudesse. Il nous présente, enfin, le contexte politique de cette Inde s’ouvrant au occidentaux et en particulier aux Anglais.

Et qui mieux qu’Ana Miralles pouvait mettre en images l’univers du harem ?Au-delà d’être la compagne d’Emilio Ruiz, c’est surtout la talentueuse dessinatrice de la série « Djinn », qui émerveille à chaque nouveau tome notre ami Dominique, dithyrambique dans ses chroniques. Et Ana Miralles nous émerveille une nouvelle fois avec ce premier tome de « Muraqqa’ ». La couverture de cet album est symbolique de la finesse et du niveau de détail de ses planches. Certes, ce premier volume ne lui donne pas l’occasion de s’illustrer avec ces paysages qui ont fait la richesse de la série scénarisée par Jean Dufaux. Mais on ne peut qu’être admiratif devant le travail réalisé sur les décors, sur les tenues des personnages femmes comme hommes et surtout le choix toujours judicieux des couleurs. A noter la fidélité des dessins de Priti avec les dessins historiques de Jahandir.

Ce premier tome de « Muraqqa’ » possède la même magie que l’on a pu rencontrer avec la série « Djinn », une nouvelle plongée dans cette Inde de l’age d’or, source inépuisable de rêves et d’aventures.

(T1) Vêtue par le ciel
 Série : Muraqqa’
 Scénario : Emilio Ruiz
 Dessin et couleur : Ana Miralles
 Traduction : Stéphanie Meslin
 Editeur : 12Bis
 Dépôt légal : 24 novembre 2011
 Format : 24x32 cm
 Pagination : 48 pages couleur
 ISBN : 2-35648-316-4
 Prix public : 13,50 €

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