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Bifrost n°64
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°64, SF, nouvelles - étude – critiques, octobre 2011, 184 pages, 11€

Ce numéro de « Bifrost » est centré autour de Jérôme Noirez et nous offre une nouvelle, un entretien, une bibliographie et un guide de lecture noirezien, afin de mieux connaître l’auteur.
Choix pas si anodin, car le Bélial’ rééditera début 2012 l’intégrale en deux tomes de « Féérie pour les Ténèbres » (la trilogie et les cinq nouvelles appartenant au cycle, dont deux inédites), révisée pour l’occasion.
Ce dossier constitue donc une mise sous le feu des projecteurs de Jérôme Noirez et de la future sortie de ce qui est présentée comme son grand-œuvre.



Faiseur de monstres : un entretien avec Jérôme Noirez” s’étend sur trente pages. En effet, Richard Comballot questionne l’auteur en long, en large et en travers. C’est intéressant, cela permet de mieux cerner le personnage, mais c’est trop long. Par moments, on a l’impression de tourner en rond, que le propos n’avance pas avec des questions inutiles ou avec un air de déjà-vu. À la fin, le sentiment est mitigé, l’intervieweur a tellement insisté sur certains points, agaçant visiblement l’auteur, que l’on se demande finalement quoi penser de lui.
À mon sens, un des moins bons entretiens réalisés par Richard Comballot, ne sachant pas se limiter dans le choix des questions.

La bibliographie réalisée par le maître en la matière, Alain Sprauel, est des plus complètes, avant le guide de lecture noirezien, mêlant ouvrages pour la jeunesse (« Le Chemin des Ombres », « Fleurs de Dragon », « Le Shôgun de l’Ombre », « L’Empire Invisible » et « La Dernière Flèche ») et pour un public adulte (« Le Diapason des Mots et des Misères » et « Leçons du Monde Fluctuant »). Voilà qui nous réconcilie avec l’auteur, avant la nouvelle “Faire des algues”, excellente révélatrice de son talent.

Jérôme Noirez s’est impliqué dans ce texte, se mettant en scène avec sa filleule, l’horripifille comme il se plait à la nommer. Il décrit leur voyage en train vers la Lisière, un espace hors de notre réalité que l’on ne peut atteindre qu’en passant par le Pertuis, le point tangentiel reliant les deux mondes. Invité à un salon du livre mêlant auteurs des deux bords, c’est l’occasion pour Jérôme Noirez de nous présenter d’autres formes de littérature avec des extraits représentatifs.
Sans grande débauche de moyens, il réussit à ouvrir une lorgnette sur une réalité légèrement décalée. Le fait d’y figurer ancre cette histoire encore plus dans notre quotidien, donnant ainsi une note étrange à l’ensemble.
Un bel exemple d’un texte maîtrisé qui intrigue le lecteur.
Après lecture de ce dossier, il est clair que Jérôme Noirez figure au rang des auteurs à découvrir et suivre.

« Bifrost 64 » ne se limite de loin pas à cette seule facette. En effet, deux nouvelles de qualité ouvrent ce numéro.

Avec “Le Malak”, Peter Watts (« Vision Aveugle », « Starfish ») nous montre une guerre du point de vue d’un drone. Pour lui, la guerre se résume avant tout à des prévisions. Pour telle action, quel bénéfice ? Dans le cas où les pertes sont majoritaires, il abandonne. Mais lorsque la base commence à outrepasser ses routines, il s’interroge sur le bien-fondé de son rôle et dépasse son rôle de simple machine exécutante.
Peter Watts mène avec maestria sa nouvelle, adaptant son écriture à la façon impersonnelle de penser du drone. Ange ou démon ? La barrière est mince, juste une question d’interprétation et de virus tentant de détourner ces combattants modernes.

Xavier Mauméjean (« Lilliputia ») nous présente une planète couverte d’eau. “Un port de pêche” illustre parfaitement l’influence des actionnaires sur une activité qui peut être rentable, mais insuffisamment génératrice de bénéfices. Le facteur humain passe après l’argent, le nerf de la société moderne. Alors que son rôle consistait uniquement à être l’oiseau de mauvais augure, l’envoyé du Cartel dépasse son conditionnement et apporte une solution discutable pour conserver la plateforme.
Du moment que ça rapporte aux actionnaires…
Agréable, dépaysant, un bon moment de lecture.

La rubrique “Ballades sur l’Arc”, c’est presque 50 pages de chroniques de romans, de recueils et de revues.
Quant au professeur Lehoucq, il s’intéresse au rayon de la mort à travers différents romans. Comme d’habitude, il rend la science sympathique à tout un chacun.

Un très bon « Bifrost », avec juste un entretien qui aurait mérité d’être écourté et le regret que « Féérie pour les Ténèbres » ne soit même pas présenté dans le guide de lecture.


Titre : Bifrost
Numéro : 64
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Aurélien Police
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretien, etc.
Sites Internet : le numéro 64, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : octobre 2011
ISBN : 978-2-913039-61-2
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 184
Prix : 11 €



François Schnebelen
22 novembre 2011


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