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Fraternity (T1 et 2)
Diaz Canales et Munuera
Dargaud

Emile est ce que l’on appelle un enfant sauvage. Il fut trouvé dans la foret bordant le village de New-Fraternity et receuilli par les habitants. New-Fraternity, cette colonie créée par Robert Mc Corman dans ce milieu du XIXe siècle, en plein coeur des Etats-Unis d’Amérique. Des Etats pas si unis que cela puisque la guerre de Sécession fait s’affronter frère contre frère. Mc Corman est parvenu, jusque là, à protéger sa petite communauté des influences néfastes de l’extérieur, se voulant indépendant des problèmes politiques des états du Nord comme du Sud. Mais il n’a pu retenir tous les jeunes hommes de la colonie et quand une troupe de déserteurs nordistes arrive, les rancunes et les craintes insensées refont surface. Surtout que ces déserteurs sont tous noirs.



Quand tout va mal, rien ne peut plus stopper la folie des hommes. Quand les habitants de New-Fraternity découvrent ce monstre de la foret, ils sont convaincus qu’il s’agit de leur punition pour s’être éloignés de Dieu et d’avoir laissé leur colonie se détourner de la vraie voie. Malheureusement, Mc Corman n’est plus en état de maîtriser la foule des mécontents. Il est bien conscient que le petit garçon, Emile, risque de devenir lui aussi un bouc-émissaire des malheurs de la colonie. Les soldats noirs sont rejetés du village, Josiah, commandant la milice de New-Fraternity, s’apprête à partir avec beaucoup de bruit... Une tempête sans nom va secouer la communauté qui n’est pas prête de s’en relever...

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Le diptyque « Fraternity » avait tout pour être une série d’exception, en associant deux grands noms de la bande dessinée.

Tout d’abord, son scénario est de Juan Diaz Canales, l’auteur de la série déjà culte « Blacksad ». Avec « Fraternity », il quitte le monde des détectives privés pour explorer le passé des Etats-Unis. En fait, il utilise surtout le contexte de la guerre de Sécession pour faire une analyse précise et incisive des peurs humaines et de leurs conséquences. Canales va nous montrer la descente aux enfers d’une petite communauté de colons américains qui va goûter à l’utopie de l’autonomie pour retomber à la première occasion dans la superstition et la violence. La vision qu’il porte sur ces hommes incapables de faire face à leurs peurs ancestrales ou plus irraisonnées est sans pitié et malheureusement extrêmement pertinente. Racisme, peur de tout ce qui est étranger, bigoterie, toute la palette des pires comportements humains est mise en scène avec intelligence par le remarquable, encore une fois, Juan Diaz Canales.

Armé d’un excellent scénario, il fallait que le dessin soit à la hauteur. Il fut confié à Jose Luis Munuera, dessinateur du « Signe de la Lune », aux éditions Dargaud. Ses personnages ont réellement des gueules, taillés à la cerpes ou pourvus de signes bien distinctifs. Il parvient à leur donner une véritable épaisseur, au-delà des indications du scénario. Très vite il nous entraîne dans son Amérique, sombre et glauque, parfaitement mise en valeur par la colorisation de Sedyas, jouant majoritairement sur des teintes monochromatiques, variant selon les scènes et donnant un cachet « old school » ou encore « vieux livre » très intéressant. Le monstre de la foret est aussi une grande réussite, par sa sobriété mais aussi son intégration au récit.

En seulement deux tomes, Canales est parvenu à nous faire aimer ou haïr cette colonie, à nous faire aimer ou craindre le petit Emile et son étrange protecteur et surtout à nous regarder dans un miroir parfaitement dessiné par Munuera. Une série incontournable.


Fraternity (T1 et 2)
- Scénario : Juan Diaz Canales
- Dessin et  : Jose Luis Munuera
- Couleurs : Sedyas
- Éditeur : Dargaud
- Dépôt légal : 20 mai et 21 octobre 2011
- Pagination : 54 (T1) et 56 (T2) pages couleurs
- Numéro ISBN : 9782205067408 ; 9782205067644
- Prix public : 13,95 €


La bande annonce de Fraternity :



© Editions Dargaud - Tous droits réservés



Frédéric Leray
12 novembre 2011




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