L’humanité est-elle condamnée ?
Entre les pro-natures et les pro-sciences, le débat fait rage. Les premiers prônent l’abandon de tout espoir et refusent même de se reproduire, allant jusqu’à plastiquer les laboratoires où les pro-sciences s’acharnent à chercher un antidote. Un antidote contre un poison que les humains, eux-mêmes, ont injecté dans leur génome.
Pour offrir à leurs enfants une vie dénuée de la menace du cancer et des différentes maladies infectieuses émergentes, les chercheurs manipulent l’ADN humain.
Les enfants génétiquement modifiés qui naissent ainsi montrent rapidement une santé supérieure à tous les espoirs fondés sur eux et, très vite, plus aucun enfant « naturel » ne vient au monde.
Malheureusement, environ 50 ans après la mise en place de ce traitement, un effet secondaire est découvert : les enfants conçus par les individus dits de premier génération ont une espérance de vie plus que limitée ; suite à une anomalie liée à la manipulation, un virus tue les jeunes filles à 20 ans, les garçons à 25.
Cette mortalité avancée a profondément bouleversé la société : presque tous les enfants sont orphelins très jeunes, les institutions tombent en poussières et, livrés à eux-mêmes, beaucoup vivent dans la rue sans éducation.
Dans le cadre d’une reproduction forcenée, des jeunes filles sont enlevées, très jeunes, dès 13 ans, afin de servir d’épouses dans des mariages polygames forcés avec des hommes riches et influents. C’est pour cela que Rhine, 16 ans, a été arraché à son frère jumeau.
Avec Jenna, une brune volcanique de 18 ans et Cécily, une très jeune fille, elle se retrouve mariée de force à Linden, un jeune homme de 21 ans.
Pleine de rancœur et avide de liberté, Rhine ne pense qu’à une seule chose : s’enfuir. Pour cela, il lui faut gagner l’amour de Linden et la confiance de ses deux sœurs-épouses. Durant le temps nécessaire à son plan, la jeune fille va devenir femme, découvrir certaines horreurs commises par le père de Linden, un vieil homme de la première génération, sous couvert de rechercher un antidote au virus.
Malgré le fait que Linden soit étranger (et toujours ignorant) au kidnapping (entre autre) des jeunes filles, Rhine ne parvient pas à s’attacher à lui, lui préférant un jeune domestique, et surtout la liberté.
« Éphémère » est un roman de la jeune Lauren DeStephano, premier tome d’une trilogie à venir. Partant d’une idée originale et intéressante, ce roman souffre des défauts inhérents à la jeunesse de son auteur. Si le postulat de départ est scientifique, il est rapidement clair que l’auteure ne maîtrise pas ce domaine, il lui faut donc rester extrêmement évasif sur ces aspects. Et pour commencer, comment un génome sensé résister à toutes les maladies (bactériennes, virales et cellulaires) peut s’avérer sensible à un virus a priori auto-programmé puisqu’il tue à « heure » fixe, quelle anomalie (et par quel moyen !) peut s’introduire lors de la combinaison de deux génomes parfaits ? Moi, pas comprendre…Et c’est dérangeant…Enfin bon.
L’auteure postule également une rapide évolution des mœurs en terme de travail et de fêtes (Noël remplacé par une fête de solstice), une perte de l’éducation, une modification du langage, mais qui ne se combine pas à l’évolution des mœurs sexuelles / maritales. Cela non plus n’est pas commenté.
Lauren DeStephano pose également une troisième guerre mondiale qui aurait ravagé la planète et entraîné la destruction du vieux continent et du Moyen-Orient, réduisant tout ce qui n’est pas l’Amérique à une multitude d’îlots, là encore le sujet est survolé, les tenants et les aboutissants mal définis.
Et puis, l’histoire d’amour entre Rhine et Gabriel reste très superficielle comparée à la relation entre Rhine et Linden…Une relation difficile à définir d’ailleurs.
Il y a beaucoup de paradoxe dans ce roman, certes les êtres humains sont complexes, mais à ce point là ??
Cécily change de comportement trois à quatre fois au cours du récit : d’abord enfantine et naïve, elle devient vite capricieuse, puis peste finie, pour se révéler, toujours dans le but de garder Linden pour elle toute seule, d’une grande aide à l’héroïne.
La fin du récit, très rapide, presque bâclée puisque tout se termine grâce à un petit miracle auquel il est difficile de croire, pourrait faire penser à un livre d’un seul tenant. Il s’agit pourtant bien d’une trilogie, puisque le tome 2, pour l’instant intitulé « Fever », doit sortir en France le 21 Février 2012.
Vous aurez compris, « Éphémère » est un livre à ne pas trop creuser, et je me demande bien ce que Lauren DeStephano nous réserve pour la suite.
Un dernier point de détail : la couverture. Là, j’avoue avoir un problème : certes la jeune fille en tenue vaporeuse est probablement Rhine, et le parallèle avec l’oiseau en cage est évident. Mais c’est tellement fleur bleue et jolie robe, que cela ne correspond vraiment pas à l’ambiance du livre. Dommage.
Titre : Éphémère
Série : Le Dernier Jardin, tome 1
Auteur : Lauren DeStefano
Traduction l’anglais (États-Unis) : Tristan Lathière
Couverture : Ali Smith, Lizzy Bromley / Simon & Schuster
Éditeur : Castelmore
Site Internet : Éphémère
Pages : 345
Format (en cm) : 14,1 x 21,2 x 2,7
Dépôt légal : avril 2011
ISBN : 9782362310256
Prix : 12,90 €
