Décembre 2029, le sous-marin américain USS Nebraska effectue des exercices dans l’Atlantique Nord. A son commandement, le commandant Hamish doit faire face à une situation de crise, entre un message inquiétant reçu de l’état major, à une attaque de mystérieuses torpilles sortant de nullepart. Un vent de panique semble souffler sur la passerelle mais il va pourtant éviter la catastrophe. Toutefois, ce jeu organisé par sa hiérachie annonce trop de surprises pour un dernier voyage aux commandes du Nebraska. Un voyage avec un équipage des plus hétéroclites, entre la star de la chanson, le fils de sénateur et surtout deux femmes. Décidément, cette mission en Méditerrannée risque d’être des plus mouvementés.
« Sanctuaire, redux » est un reboot de la série culte qui associa Christophe Bec au dessin à Xavier Dorison. D’ailleurs ce « redux » est un reboot d’une version qualifiée de manga, publiée chez Shogun, qui associait déjà Betbeder et Crosa : « Sanctuaire, reminded ». Alors pourquoi revisiter encore une fois le monde de « Sanctuaire » ? Il faut dire que le triptyque original était d’une force incomparable, sordide, apocalytique avec une fin qui ne laissait aucune possibilité de suite. Alors pourquoi reprendre l’histoire ?
Tout d’abord, Xavier Dorison avait focalisé son récit sur l’ambiance et le huis clos claustrophobique sous-marin, ne renseignant qu’avec des bribes d’information sur le passé des personnages. Cette fois, Stéphane Betbeder va s’intéresser aux personnages, prenant le temps de développer leurs personnalités et leur donner un vrai background. Le format des volumes est aussi plus adapté avec 120 pages au lieu des classiques 48, de quoi pouvoir s’épancher sur tous les protagonistes.
Mais le ton va aussi fortement changer car Betbeder va introduire d’abord des personnages qui seront propices à plus d’humour ou de situations décalées : une star de la chanson et un fils de sénateur ne vont pas partie d’un équipage classique. Mais il va surtout rajouter une touche féminine totalement absente de l’oeuvre de Dorison, et on sait tous ce que peut engendrer le sexe dit faible dans un sous-marin à l’équipage fortement masculin. Quelle sera l’influence de cette touche dans la suite de l’histoire, nous le découvrirons ensemble.
Côté dessin, notre ami Michael Espinosa avait été élogieux pour le travail de Riccardo Crosa sur le manga. Je suis plus réservé sur le reboot BD. Car cette fois, la comparaison avec Christophe Bec est inévitable. Mais comment vraiment pouvoir comparer un style hyperréaliste à la Bec, avec des ambiances rendues avec brio, avec le style cartoon de Crosa ? Son dessin est à la fois influencé par le comics et le manga, sans jamais trouver sa véritable voie, et la colorisation de Digikore Studios n’aide pas vraiment, les planches devenant inégale. Toutefois, il est un peu tôt pour juger de l’efficacité de cette oeuvre pour créer une atmosphère angoissante.
J’en viens presque à recommander à ceux qui ne connaîtrait pas l’originale de ne surtout pas la lire en premier et plutôt d’entrer dans « Sanctuaire » par sa version « redux » afin de profiter du dessin de Crosa sans lui porter un jugement comparatif. En tout cas, les modifications du scénario original par Betbeder poussent à aller plus loin dans cette aventure et dieu sait que j’ai apprécié le travail de ce scénariste sur la série « Bunker ».
(T1) L’Appel des Abysses
Série : Sanctuaire redux
Scénario : Stéphane Betbeder
D’après l’oeuvre originale de : Xavier Dorison et Christophe Bec
Dessin : Riccardo Crosa
Couleurs : Digikore Studios
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Dépôt légal : novembre 2009
Format : 21x29,7 cm
Pagination : 128 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782731622300
Prix public : 14,90 €
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