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Dramagraphies
Michel Lagarde & Patrick Mecucci
Ankama Éditions, Hors Collection

Mégalomane et farfelu à souhait, Emir Kuklic, cinéaste fictif, n’a laissé qu’une trace trop discrète de son passage dans l’Histoire du grand écran. Haï par certains, admiré par d’autres, son œuvre marque par sa profusion et son originalité.

Cet ouvrage permet de découvrir cet artiste aussi méconnu que fantasmé en retraçant sa filmographie complète, richement illustré...



Emir Kuklic... Ce nom ne vous dit rien ? Strictement rien ? C’est normal.
Emir Kuklic ne prend vie que dès l’instant où vous tenez « Dramagraphies » entre les mains. Alors vous découvrez non seulement la filmographie impressionnante de cet homme, mais aussi son caractère.

Les deux auteurs ont fourni un travail extraordinaire pour créer ce personnage à la fois prolifique et narcissique. Il semble évident que la base de cet ouvrage réside dans les images composées par Michel Lagarde, la filmographie fantasmée d’Emir n’étant qu’un fil conducteur, un prétexte narratif visant à assurer encore davantage de cohésion à l’ensemble.

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En effet, les images se suffiraient presque à elles-mêmes. L’artiste le dit : « mes photographiques sont très narratives, et j’y fais très attention : il faut qu’elles racontent quelque chose. » Et elles le font. Mettant en scène un personnage (nul autre que leur créateur lui-même) sur des décors variés, elles sont à elles seules une histoire. Le texte ne fait que l’appuyer, insistant sur le caractère des protagonistes, humour potache à l’appuie.

De fait, ce grand livre prête plus à être feuilleté que lu assidument : les récits - sortes de fiches de film, secrets de tournage inclus – font sourire, mais sont un peu difficiles à aligner. On les lit pour l’anecdote, leur scénario n’ayant rien à envier à des chefs-d’œuvre de séries B tels que « The Devil Bat » de Jean Yarbrough avec Bela Lugosi, film dans lequel une chauve-souris tueuse identifie ses victimes grâce à leur after-shave. Bref, c’est amusant, mais un peu indigeste au bout de trois d’affilé.

Reste les images, somptueusement réalisées. Michel Lagarde compose des photographies sur-mesure, juxtaposant plusieurs dizaines de clichés pour obtenir le rendu final. En effet, il travaille chaque constituant de manière indépendante, créant décors et maquettes, les photographiant puis les assemblant numériquement. L’intéressante interview qui clôt l’ouvrage permet d’en apprendre davantage sur sa manière de procéder.

Le plus fascinant dans ces images est la maîtrise des multiples disciplines qu’elles impliquent. En effet, de la réalisation des fonds à la photographie en passant par le jeu d’acteur, leur créateur porte de multiples casquettes, et avec succès. Ce jeu de mise en scène n’est pas sans rappeler le travail de plusieurs artistes, dont le vidéaste français Pierrick Sorin. Au lieu de le porter dans des galeries, Michel Lagarde a choisi l’édition, qui se justifie tout autant.

Pour les fans de films et des belles images en tout genre comme pour les amateurs de curiosités, « Dramagraphies » s’inscrit comme un ouvrage atypique qui mérite un détour.


(Dramagraphies, filmographie complète d’Emir Kuklic
- Auteurs : Michel Lagarde et Patrick Mecucci
- Éditeur : Ankama
- Collection : Hors Collection
- Dépôt légal : avril 2011
- Pagination : 160 pages couleurs
- Format : 295 x 372 mm
- ISBN : 978-2-35910-145-4
- Prix public : 34,90 €


© Ankama Éditions


Myriam Bouchet
20 septembre 2011



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